Régionales : l'émergence du FN électrise les élus de la grande région

L’acte II des élections régionales s’est ouvert dès l’annonce des résultats du 1er tour, au soir du 6 décembre 2015. Le score élevé de Louis Aliot sous la bannière du Front National est largement commenté par les grands élus de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

Dès ce matin, les élus du Front national manifestaient leur satisfaction au vu des résultats électoraux du premier tour. À 8 heures, sur les ondes de France Inter, Gilbert Collard, député frontiste du Gard, annonçait que "l'espoir de conquérir quatre régions est réel".

Le maire de Béziers, Robert Ménard, se félicite de la percée régionale du Front National (45,81 % pour Louis Aliot à Béziers) : « La vague patriote est historique ! L'espoir français est de retour ! Dans notre région, Louis Aliot prouve ce soir qu'il est la seule alternative à la gauche migratoire ».

« Je lance donc un appel à tous les électeurs de droite, notamment à ceux qui ont voté pour M. Dominique Reynié au premier tour, écrit-il dans un communiqué. Nous avons une chance historique de battre la gauche, de donner un nouveau cap à cette région. Ne la laissons pas passer. »

Appel à la mobilisation

De son côté, Frédéric Lacas, président (PS) de l'Agglomération de Béziers Méditerranée, appelle à un sursaut citoyen et invite les électeurs à se mobiliser dans les urnes du 2nd tour.

« Lassés par le mépris et la surdité de certains politiques, exaspérés par leurs postures clivantes et stériles, les citoyens n'ont plus confiance, regrette-t-il. Certains fuient les urnes, d'autres se laissent séduire par ceux qui n'ont ni projets pour nos régions ni respects pour les valeurs républicaines. Si la progression de la participation est notable en comparaison à 2010, le monde du silence continue de peser largement dans les résultats électoraux. Nos anciens se sont battus pour que puissent s'exercer partout la démocratie. [...] Dimanche prochain, les électeurs abstentionnistes auront entre leurs mains le destin d'une région, d'une nation. [...] Honorer leur mémoire, c'est créer les conditions d'un sursaut républicain. C'est se mobiliser pour aller et faire aller voter dimanche prochain ».

 Le "sursaut républicain" en pratique

De nombreux appels pour faire barrage au FN se sont succédés toute la journée du lundi.

"Pour battre la droite et écarter le danger du Front national, le PCF est déterminé à œuvrer pour le rassemblement de toute la gauche sur une liste unique, annonce la fédération PCF des Pyrénées-Orientales. [...] La fusion de ces listes est la seule manière d'empêcher la victoire totale de la droite et de l'extrême droite."

Du côté du candidat EELV-Front de Gauche, Gérard Onesta, avait immédiatement donné le ton dès dimanche soir en annonçant que sa liste fusionnerait avec celle de Carole Delga, précisant néanmoins que « faire jonction ne veut pas dire passer outre les désaccords que nous avons eus ». Les discussions entre les deux têtes de liste ont démarré le soir même et abouti lundi matin à un accord électoral, portant sur la composition des listes pour le 2nd tour.

Pas de fusion pour Philippe Saurel

Vraisemblablement, le dialogue n'a pas été ouvert avec le candidat dissident PS Philippe Saurel, qui avait prévenu qu'il se positionnerait au lendemain du 1er tour après concertation avec ses colistiers. Il les a rencontrés le lendemain matin à Toulouse. Après avoir remercié les 102 727 électeurs qui ont donné leur voix aux listes Citoyens du Midi, Philippe Saurel n'annonce aucune fusion et ne donne qu'une seule consigne : s'opposer au Front National.

« Dans leur diversité, les "Citoyens du Midi" restent des hommes et des femmes libres, écrit-il dans un communiqué. Nous ne sommes pas propriétaires de leurs voix mais la progression du Front National nous alarme. Elle confirme notre analyse et conforte notre détermination à s'opposer à lui avec la plus grande fermeté, dimanche prochain ».

Le consensus a visiblement eu du mal à s'établir et finalement, le Montpelliérain et ses colistiers ont choisi... de ne pas choisir, ne permettant pas une estimation de report des voix très cartésienne.

Jean-Pierre Grand, le sénateur-maire (LR) de Castelnau-le-Lez qui avait soutenu Philippe Saurel en s'inscrivant sur sa liste dans l'Hérault, affichait quant à lui clairement sa posture dès dimanche soir, lâchant sur Twitter : « 1er tour, on choisit : j'ai choisi Saurel. 2nd tour, on élimine : je soutiendrai la liste de la droite républicaine et du centre ».

« Le front républicain, une erreur historique »

Arrivé en 3e position, Dominique Reynié maintient finalement sa candidature au 2nd tour, conformément aux consignes nationales données par Nicolas Sarkozy. Interviewé sur Europe 1 au lendemain du 1er tour, le candidat Les Républicains estime que « le front républicain est une erreur historique » et que le PS a tort de se retirer dans les régions PACA et Nord/Pas-de-Calais.

« Si les électeurs veulent que ce parti gouverne dans leur région, que ce parti gouverne dans leur région, argue-t-il. J'aurais très envie de voir Mme Le Pen s'occuper de la fusion de deux régions, négocier avec les syndicats... Je la verrais bien arriver à la présidentielle en loques. Parce qu'à part les grands discours, ces gens-là ne savent pas ce qu'il faut faire une fois qu'ils sont aux responsabilités. »

Le président sortant (PS) de la Région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, s'alarmait dimanche soir, à l'énoncé des résultats : « Imaginez la région de l'aéronautique et de l'agriculture gérée par un parti qui veut sortir de l'Europe et de l'euro ! Au-delà de l'extrémisme, le Front National, c'est la contre-performance ».

Sursaut civique

« Ce parti qui fait de la peur son fond de commerce n'offre cependant aucune solution, son programme est un vide sidéral, déclare, à propos du Front National, François Commeinhes, le sénateur-maire (LR) de Sète (37,93 % pour Louis Aliot), le soir du premier tour. C'est une voie sans issue. Dominique Reynié  incarne le renouvellement. Il est le seul candidat crédible, porteur d'un véritable programme solide et construit, pour mener cette reconquête régionale et faire de notre nouvelle région, une grande région, audacieuse, combative, attractive, prospère et généreuse. Fier de nos valeurs républicaines, j'appelle les trop nombreux abstentionnistes à se mobiliser. Seul un sursaut civique peut éviter ces deux écueils. »

« J'appelle tous ceux qui veulent le vrai changement dans notre région avec des solutions réalistes à soutenir Dominique Reynié au 2nd tour », écrivait sur Twitter dimanche soir Jean-Luc Moudenc, le maire (LR) de Toulouse.

Pour sa part, le maire (LR) de La Grande Motte, Stephan Rossignol, renouvelait son appel au soutien du candidat Reynié : « Les électeurs ne veulent plus de ceux qui ont conduit notre région à la faillite, avec les tristes records de chômage, de pauvreté et de délinquance que nous cumulons. Cette sanction est aussi une sanction du système qui profite au 1er tour au Front National. Dominique Reynié est un homme neuf en politique. C'est lui le candidat anti-système. Il porte le renouveau. [...] Nous ne pouvons pas abandonner notre Région, ceux qui y vivent méritent que nous nous donnons les moyens de changer le système ».

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