Election présidentielle : la Fédération régionale des travaux publics questionne les candidats

Entre posture et principe de réalité, les représentants locaux des cinq principaux candidats à l'élection présidentielle ont répondu aux problématiques sectorielles et concrètes de la Fédération régionale des travaux publics du Languedoc-Roussillon, à Montpellier, le 20 avril.
De g. à d.: Olivier Giorgiucci, France Jamet, Michaël Delafosse, Coralie Dubost, Joseph Francis et Muriel Ressiguier.

François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon: les cinq têtes d'affiche de l'élection présidentielle à venir ont dépêché leurs représentants locaux à l'invitation de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) du Languedoc-Roussillon, le 20 avril, à Montpellier.

"Descendre dans le concret", tel était l'objectif de ce débat participatif organisé par la fédération en collaboration avec la Lettre M. Par le biais de quatre série de questions thématiques et des références aux projets locaux, les responsables politiques ont détaillé les positions et engagements des prétendants à la fonction présidentielle.

Sans surprise, tous conviennent de la nécessité d'un plan d'investissement sur les réseaux et les infrastructures pour gagner en compétitivité lorsque Olivier Giorgiucci, le président de la FRTP LR, leur indique qu'en matière de qualité des infrastructures, la France est passée du 4ème au 10ème rang mondial en l'espace de sept ans.

Mais le sujet permet à chacun d'exprimer sa marque de fabrique. "C'est le dumping social qui est la cause de la baisse de  compétitivité de la France" pour Muriel Ressiguier, la représentante de Jean-Luc Mélenchon et conseillère régionale en Occitanie. "En matière d'emploi, ce sont les travailleurs détachés qui sont un vrai risque", pour France Jamet, représentante de Marine Le Pen  et conseillère régionale.

Investissement public ou privé

"Oui" à l'investissement et son niveau sera "haut" pour Benoît Hamon selon son représentant, Michaël Delafosse, conseiller municipal à la Ville de Montpellier. Il sera "public" et "massif" avec 5 Mds € dédiés aux réseaux et infrastructures  dans le cas d'Emmanuel Macron, indique Coralie Dubost, référente  En Marche! pour l'Hérault. Et il ne sera pas que "public" dans le cas de François Fillon qui veut "ouvrir le financement des infrastructures aux capitaux privés", selon Joseph Francis, conseiller régional UDI.

"Les priorités de François Fillon sont de remettre de l'ordre dans les finances publiques et de donner des libertés aux entreprises, déclare Joseph Francis. Aujourd'hui les autoroutes sont privatisées et en bon état, à la différence des réseaux publics de routes nationales, départementales et communales. Il y a une dégradation de tout ce qui est entre les mains des collectivités territoriales".

Face à un secteur d'activité dépendant à 70 % de la commande publique, le projet LR pourrait susciter quelques angoisses si "la réduction de la dépense publique amène à réduire les investissements plutôt que le fonctionnement", précise la FRTP.

Loi NOTRe

Mais ce n'est pas seulement le montant des investissements qui importe au secteur des Travaux publics: une vision à long terme de la commande publique est également réclamée. Et sur ce point, certains engagements inquiètent.

"La candidate du Front National a prévu de supprimer les régions, lance Olivier Giorgiucci. Vous allez entraîner deux ans d'arrêt de la commande publique en faisant cela. Nous avons déjà été confrontés à ce problème lors de la création de la Métropole de Montpellier avec un arrêt de la commande publique pendant un an et demi."

Pour France Jamet, le scénario sera différent car la réforme sera "préparée, à la différence des précédentes réformes" et surtout "les économies réalisées seront réinvesties".

Du côté de François Fillon, la promesse d'une révision des frontières régionales semblent oubliée puisque "nous ne toucherons pas à la loi NOTRe", indique Joseph Francis. Même point de vue du côté de Benoît Hamon qui "ne veut pas continuer à modifier l'architecture territorial", explique Michaël Delafosse.

Ce n'est pas l'avis de Jean-Luc Mélenchon:

 "Nous sommes opposés à la loi NOTRe qui, ici, a créé une région gigantesque de treize départements, indique Muriel Ressiguier, la représentante de Jean-Luc Mélenchon et conseillère régionale en Occitanie. C'est contraire à l'idée de renforcer la proximité des élus avec les citoyens. Il faut revenir sur cette loi."

Train ou route

Certains engagements partisans s'aplanissent  toutefois au contact du terrain: "vous n'étiez pas favorables aux projets de LGV ou des gares de la Mogère et de Manduel", note Hubert Vialatte, rédacteur en chef de la Lettre M.

"Nous sommes pour la LGV Perpignan-Montpellier mais en mixant fret et voyageurs et une logique de grande vitesse plutôt que très grande vitesse car pour douze minutes supplémentaires de voyages, ce sont des milliards d'économies qui sont réalisées, précise Muriel Ressiguier. Concernant la Mogère, nous sommes opposés à la gare mais pas à la ligne qui peut favoriser le fret."

Du "pro-rail" de Benoît Hamon ou "pro-route" de François Fillon, les problématiques locales ont permis aux candidats d'affirmer des positions plus ou moins fermes. La palme de la souplesse revenant à Emmanuel Macron qui "ne s'est pas positionné spécifiquement sur les projets régionaux", indique  Coralie Dubost.

Mi-figue, mi-raisin

C'est aussi l'une des spécificité du candidat d'En Marche! qui revendique d'abord une démarche de consultation et de consensus au risque d'être parfois "à la limite du compréhensible", note Hubert Vialatte.

"Concernant la loi NOTRe, nous ne voulons ni la supprimer, ni la maintenir en l'état, explique Coralie Dubost. Nous travaillons avec les élus sur ce sujet et des ajustements seront à faire sur les dispositions qui ne sont pas efficaces."

Néanmoins, les débats ont permis au projet d'Emmanuel Macron de marquer sa différence sur un sujet précis, celui de la taxe d'habitation qu'il souhaite supprimer à la différence des quatre autres projets présentés.

"L'objectif n'est pas de porter atteinte au budget des collectivités mais de supprimer un impôt source d'inégalité territoriale qui sera compensé à 100 % par l'Etat", précise Coralie Dubost.

Sur le sujet sensible du compte de pénibilité, les représentants de la FRTP-LR indiquaient qu' "aux dernières nouvelles E. Macron serait prêt à supprimer le dispositif dans sa forme actuelle". Au 20 avril, "je ne pense clairement pas que nous l'abandonnerons", indique Coralie Dubost.

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Commentaire 1
à écrit le 23/04/2017 à 13:40
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De l’œuf ou de la poule ? Avant de parler d'infrastructures, il faudrait déjà parler économie et entreprenariat. Les infrastructures ne créant pas obligatoirement du développement économique. On ne peut pas non plus dire que la région soit mal doté...

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