Coralie Dubost : "Je suis fière d'Emmanuel Macron, qui était calme, structuré, distancié"

Coralie Dubost, référente du mouvement En Marche ! pour l’Hérault, s’apprête à boucler la campagne électorale de ce qui fut son 1er engagement politique. Objectif revient avec elle sur quelques points-clefs du programme du candidat Emmanuel Macron, avant de faire de même avec France Jamet, référente FN.
Cécile Chaigneau

Qu'avez-vous pensé du débat de l'entre-deux tours, diffusé le 3 mai ?

C'est assez désolant de constater l'impossibilité dans laquelle nous sommes de débattre sur le fond avec le Front National. C'est d'ailleurs ce que je vis également en local. Le FN est toujours dans l'invective de surface, le prêt-à-penser. Marine Le Pen ne relance pas sur l'idée, ne débat pas sur le projet, ne dit rien sur son programme. Sur la forme, elle est très agressive, à la limite de la grossièreté... En revanche, je suis très fière d'Emmanuel Macron, qui était calme, structuré, distancié face aux attaques. Il maîtrisait ses dossiers. En coupant la présentation de nos mesures, je pense que Marine Le Pen tentait d'empêcher l'adhésion au projet d'Emmanuel Macron.

Justement, Emmanuel Macron refuse de faire un geste, vers les électeurs de Jean-Luc Mélenchon par exemple, et de revoir son programme. Pourquoi cette absence d'ouverture et compte-t-il uniquement sur le cordon républicain pour faire le plein de voix  ?

Non, pas du tout. Il y a une responsabilité, c'est vrai, et nous voulons être respectueux des sensibilités de ceux dont le candidat a été éliminé au 1e tour. Nous avons la volonté d'écouter toutes les sensibilités. Nous avons toujours eu dans notre programme la protection sociale, des valeurs d'égalité, de protection des droits. La modification de la loi El Khomri, c'est ce que demande Jean-Luc Mélenchon mais ce n'est pas le vœu des électeurs qui ont voté pour Emmanuel Macron. Le projet initial de la loi El Khomri était plus structuré et abouti. Mais la simplification et le passage en force par le 49.3 de Manuel Valls ont évacué beaucoup de dispositifs techniques. Il faut reprendre cette loi, la consolider pour qu'elle soit pertinente.

Emmanuel Macron veut supprimer ¼ des départements à horizon 2022, par un rapprochement avec les métropoles... L'Hérault et la Haute-Garonne, qui comptent chacun une métropole, sont-ils concernés à ce titre ?

Cette question n'a pas encore été discutée. Les départements qui resteront auront vocation à s'occuper des territoires ruraux. Et en effet, nous en mutualiserons certains avec les métropoles, l'objectif étant bien de supprimer ce mille-feuilles administratif. Mais nous n'avons pas nommé les départements qui seront concernés.

Emmanuel Macron prétend réaliser 60 Mds € d'économies dans les dépenses publiques, notamment en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires (75 000 venant des collectivités et 50 000 de l'Etat). Quels seront les postes de fonctionnaires affectés et dans quelle mesure l'Occitanie sera-t-elle touchée ?

Si vous considérez les 75 000 postes sur les 30 000 collectivités territoriales à l'échelle de la France, en réalité, ça fait peu sur cinq ans. Cela correspondrait à des non-renouvellements et des départs à la retraite. Ce sera peu visible. Pour ce qui est de l'Etat, la priorité est de rationnaliser l'action publique, à commencer par supprimer les doublons générés par la décentralisation avec la Région. Nous travaillerons également à la modernisation et la numérisation de l'administration. Par exemple, celle de l'action de la justice : nous ferons du tribunal d'instance un guichet unique pour orienter vers les juridictions appropriées, et nous raccourcirons les délais de jugement pour les litiges inférieurs à 40 000 €, avec une procédure dématérialisée, ce qui libérera des magistrats.

Alors qu'il était ministre de l'Économie, Emmanuel Macron avait déclaré que "le made in France complet n'est pas toujours la bonne option". Quelle est son ambition pour favoriser la production française ?

Plutôt que de se dire « on fait tout en France, et on n'a pas besoin du reste du monde », ce qui est utopique, on se dit qu'il existe des secteurs d'excellence en France, qu'il vaut mieux mettre l'accent sur ces niches et pourquoi pas instaurer un label « made in France » là-dessus. Et pour le reste, on s'entend avec l'Europe.

Emmanuel Macron ambitionne de faire baisser le chômage à 7 % le temps de son mandat. Quelles seront les mesures phares en faveur de l'emploi, notamment pour une région comme l'Occitanie où les entreprises sont essentiellement des TPE-PME ?

Tout d'abord, il faut rappeler que nous mettons 15 Mds € sur la table dans la formation et les compétences. Il faut revoir le système de formation initiale et professionnelle. Nous voulons mettre l'accent sur l'apprentissage, les nouveaux métiers, les secteurs d'excellence. Nous ferons de l'incitation à l'emploi : augmentation de la prime d'activité des salariés les moins bien payés, allègement des cotisations pour les entreprises, ce qui les aidera à embaucher, et pour les salariés. Avec la réforme du droit du travail, nous fluidifions les rapports salariés-entreprise. Nous changeons la fiscalité : au lieu de taxer le revenu du travail, nous taxons plus les revenus du capital, à l'exception des petites retraites. Nous taxons également plus la fiscalité écologique. Et nous allégeons la fiscalité des entreprise en passant l'impôt sur les sociétés de 33 à 25 %.

Concernant l'attribution des marchés publics, Emmanuel Macron veut favoriser les entreprises européennes. Définirez-vous des mesures spécifiques aux petites entreprises pour leur favoriser l'accès à ces marchés ?

On va beaucoup travailler sur la réforme du code des marchés publics, afin de permettre aux petites entreprises d'accéder à certains lots. Nous souhaitons mettre l'accent sur des clauses sociales et environnementales. Par exemple, nous voulons que d'ici 2022, 50 % des produits servis dans les cantines scolaires soient biologiques ou issus de circuits courts.

Le dispositif de l'encadrement de loyer n'est appliqué qu'à Paris. Le sera-t-il dans d'autres métropoles comme Montpellier et Toulouse ?

On a pu observer des effet pervers, c'est à dire des propriétaires qui ne louent plus. Il faut donc faire attention aux modalités dans lesquels on met en œuvre ce dispositif d'encadrement. Cela s'inscrit dans une politique globale du logement... Par exemple, nous aurons une politique de rénovation de l'habitat, avec des incitations pour les propriétaires et les investisseurs, ce qui aura un impact sur le coût de l'habitat.

Le mouvement a reçu près de 15 000 candidatures spontanées à la députation. La moitié des investitures En Marche ! sera fléchée « société civile ». Où en êtes-vous de ces investitures et serez-vous candidate ?

Les investitures seront données très rapidement après le 2nd tour. Il n'y aura pas d'accord d'appareils, aucun ! Si des personnes issues d'autres formations politiques nous rejoignent, c'est qu'elles auront quitté ces formations pour s'inscrire sous la bannière majorité présidentielle. Tout est encore en discussion... Et oui, je serai candidate, là où le mouvement estimera que je serai le plus utile.

La campagne des présidentielles n'est pas tout à fait finie, mais qu'en retiendrez-vous ?

C'est mon 1er engagement politique, c'est une découverte. Participer au lancement d'un mouvement neuf est absolument passionnant, tant avec les équipes nationales que localement. J'aime la méthode d'En Marche ! : c'est la même aventure que monter une entreprise, une start-up... Dans les relations extérieures avec les autres acteurs politiques, c'était parfois violent, parfois encore sexiste. Le plus compliqué a été avec la presse locale, où il était difficile de parler du projet de fond sans qu'on ramène les choses à la politique locale. Avec les « marcheurs », il y a une ambivalence : une grande satisfaction à voir le dynamisme dans le département de l'Hérault et des rencontres intéressantes, mais aussi une difficulté à satisfaire tout le monde, à expliquer les enjeux d'un mouvement.

NB : Pour mémoire, en Occitanie, Emmanuel Macron a réalisé un score de 22,3 % au premier tour des présidentielles. Marine Le Pen l'a devancé de peu, à 22,9 %. A Montpellier (24,6 %), il était nettement devancé par Jan-Luc Mélenchon (31,4 %), mais battait clairement Marine Le Pen (13,3 %). À Toulouse, Jean-Luc Mélenchon également en tête (29,1 %).

Cécile Chaigneau

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