Municipales à Montpellier : pourquoi Mohed Altrad se lance

Mohed Altrad a officialisé sa candidature aux élections municipales de Montpellier, le 16 septembre, et dévoilé les premiers axes de son programme. L'entrepreneur a aussi lancé son comité de soutien, qui devrait ratisser large dans l'échiquier politique.
Mohed Altrad annonce sa candidature, entouré de plusieurs membres de son comité de soutien
Mohed Altrad annonce sa candidature, entouré de plusieurs membres de son comité de soutien (Crédits : Christine Caville)

Mohed Altrad s'est officiellement déclaré candidat aux élections municipales de Montpellier, le 16 septembre, en présence de nombreux médias nationaux et régionaux. Le patron du groupe de services industriel éponyme a lié sa candidature à son destin personnel, en indiquant qu'il veut "rendre à la ville ce qu'elle lui a donné" : "une capacité à s'élever au-dessus de sa condition", cite-t-il notamment.

Tout au long d'un discours lu à la virgule près, Mohed Altrad a beaucoup insisté sur la dimension sociale, qu'il dit placer au centre de sa démarche : "Je sais d'où je viens. Je n'ai pas oublié. Je me battrai pour ceux qui ont des difficultés, les jeunes précaires, les aînés isolés, les mères seules, les travailleurs pauvres : on peut trouver des solutions pour tout le monde".

Des contacts pris avec LREM

Parmi les motifs de sa candidature, Mohed Altrad met notamment en avant la nécessité de rompre avec la gouvernance mise en place par Philippe Saurel, sans le nommer, depuis son élection en 2014 : "La Ville doit travailler de concert avec la Métropole, avec le Département, avec la Région et au-delà. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'aujourd'hui l'harmonie n'existe pas. La gouvernance, c'est aussi l'harmonie du conseil municipal : je ne serai pas l'homme qui dressera les uns contre les autres".

De fait, l'entrepreneur met ce principe en application en indiquant qu'il prendra "le meilleur de la gauche et le meilleur de la droite". Cette disposition d'esprit se retrouve dans son comité de soutien, qui sera présidé par le Pr. Jacques Touchon, ex-adjoint au maire dans l'équipe d'Hélène Mandroux (PS), et qui intègrera des personnalités politiques telles que Jean-Pierre Grand (sénateur Les Républicains de l'Hérault), Flora Labourier (ex-porte-parole du PS héraultais), Virginie Rozière (ex-députée européenne Radical de Gauche), ou encore Coralie Dubost (députée de l'Hérault et vice-présidente du groupe LREM à l'Assemblée Nationale).

Par ailleurs, et contrairement à ce qu'il avait déclaré plusieurs fois par le passé selon nos informations, Mohed Altrad révèle qu'il a sollicité le soutien de LREM en vue d'obtenir le label macroniste au moment du dépôt des listes. "La procédure suppose de remplir un dossier, nous l'avons fait. Nous dialoguons actuellement avec l'Élysée, Matignon et la direction du parti", détaille-t-il.

"C'est une démarche d'élections locales. Ceux qui voudront travailler avec moi travailleront d'abord pour Montpellier. Je suis en contact avec Michaël Delafosse (candidat investi par le PS, ndlr), Patrick Vignal (député LREM candidat à l'investiture, ndlr), et tous ceux qui veulent discuter avec moi, à l'exception des extrêmes - que ce soit l'extrême droite ou l'extrême gauche", résume Mohed Altrad.

Un livre-programme diffusé à 40 000 exemplaires

Par ailleurs, Mohed Altrad explique que son programme est en cours d'écriture, et ne sera pas présenté avant novembre ou décembre prochains. S'il a énuméré quelques priorités, parmi lesquelles l'économie et l'emploi, la question sociale ou encore le bien-vivre durable, l'entrepreneur en dit plus dans son livre-programme de 60 pages intitulé Le coeur et l'action, distribué aux journalistes présents lors de cette déclaration, et consultable sur le site officiel du candidat.

  • L'emploi : "La commande publique, les grands chantiers, les zones d'aménagement concerté, ont été ces dernières décennies le véritable moteur économique de notre territoire, au même titre que les travaux d'infrastructures : lignes de tram, LGV ou projets routiers. Mais l'époque n'est plus à ce modèle (...). Le tourisme sera-­t-­il la réponse ? Les touristes ne sont que de passage chez nous. Nous n'avons pas développé d'industrie touristique. Ce n'est pas le tour de ville des bâtiments signés qui y changera grand­ chose. Il y a pourtant à faire. Le tourisme est une niche inexploitée qui pourrait créer une économie à part entière. Mais pour y parvenir il faut penser à l'échelle de la région, non de la ville ou de la métro­ pole, et créer des synergies (...). Nous avons pour nous d'être un espace d'implantation reconnu de la French Tech, de la recherche et de l'innovation. Mais n'est­ ce pas aussi très exactement le cas de Toulouse ? Et avec un dynamisme autrement plus important ! Dès lors, s'il est bon et fondé, pour Montpellier, de poursuivre, voire même d'accentuer l'effort de développement dans ces directions, la lucidité impose de ne pas s'y confier exclusivement (...). Nous avons en revanche des traditions, uni­versitaire et agronomique, qui permettent à Montpellier d'être dynamique dans les sec­teurs de la santé et de l'agrobiologie, et qui donnent une certaine épaisseur aux pôles Euromédecine et Agropolis de la technopole. Cela devrait nous faire réfléchir à la relation que nous entretenons avec nos traditions, nos activités traditionnelles, et nous conduire à nous interroger sur nos véritables savoir ­faire."
  • Le cadre de vie : "L'environnement donne à la vie quoti­dienne sa couleur et sa saveur. C'est lui qui fait que l'on reste ou veut rester vivre à Mont­pellier. Les fiers bâtiments et la gracieuse nature peuvent bien additionner leurs séductions, les questions de sécurité des biens et des person­nes, les questions de civisme, de propreté et de salubrité, les questions de circulation, de loge­ ment, pour le dire en un souffle, comptent autant sinon plus pour la plupart d'entre nous. On ne peut les ranger sous le tapis, les dissimuler sous des adjectifs splendides (...). Et non seulement notre ville croît, accueille sans cesse toujours plus de monde, mais elle concentre aussi les emplois ; elle détient plus de la moitié des emplois de l'aire urbaine. Cette situation entraîne aussi, quotidienne­ ment, matin et soir, un très important mou­vement de population ; de la périphérie vers le centre et, pour une plus faible part, du centre vers la périphérie. Une intense circulation, une congestion, un désagrément dont nous souffrons tous et qui n'est certes pas la meil­leure manière d'améliorer notre cadre de vie."
  • Le pouvoir d'achat : "Dans une ville et une région pauvres, où le chômage est plus élevé qu'ailleurs, où les dépenses excessives grèvent les services dus aux habitants, où plus de la moitié des foyers n'est pas imposable faute de revenus, où le salaire médian est inférieur à l'indice national, ce reste est réduit à la portion congrue. Alors, la ville n'est peut­-être pas directe­ ment qualifiée pour améliorer ce pouvoir d'achat mais bien des agglomérations nous montrent qu'en matière d'eau, de transports, de services on peut faire mieux et que l'on peut également faire baisser les coûts."
  • L'environnement : "Les idées d'Écocité ou encore de ville intel­ligente sont dans l'air depuis quelque temps déjà. Il faut s'y engager ; c'est une évidence. Il ne s'agit pas toutefois de reprendre l'an­cien projet d'urbanisation en le toilettant à la mode du jour, en injectant un peu de connec­tivité ou de gestion de l'énergie. Il convient de faire de l'environnement un véritable objectif pour la ville (...). Pour ce qui est du défi climatique, il ne suffit pas d'appliquer mécaniquement le Plan Climat Air Énergie que l'État a rendu obli­gatoire. Il faut prendre des initiatives, pré­ venir les conséquences du réchauffement. En matière d'urbanisme, il importe ainsi de favoriser les bâtiments ventilés, les construc­tions climatiques, les systèmes de climatisa­tion décarbonés, il convient de développer la présence végétale et, bien entendu, de faire un effort considérable sur la mobilité."

Le livre-programme de Mohed Altrad a été tiré à 40 000 exemplaires, dont une bonne part sera distribuée gratuitement au public lors d'une opération de communication qui pourrait se dérouler à Odysseum. L'entrepreneur prévoit déjà un deuxième tirage, "moins important pour rester dans les limites du budget de campagne".

Enfin, Mohed Altrad apporte les deux précisions suivantes : au-delà des élections municipales, il briguera bien la présidence de Montpellier Méditerranée Métropole, et en toute hypothèse, il ne fera qu'un seul mandat.

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