Municipales à Montpellier : clap de fin dans la guerre des listes EELV ?

Les dés sont jetés. La décision du tribunal de Bobigny dans le contentieux qui oppose deux candidates EELV aux municipales de Montpellier a été suffisamment floue pour être diversement interprétée par les deux camps. L’appel à une fusion des listes, lancé in extremis par Clothilde Ollier, n’a pas trouvé d’écho.
Cécile Chaigneau
Clothilde Ollier et Coralie Mantion, opposées dans un contentieux sur l'investiture EELV pour les municipales à Montpellier.
Clothilde Ollier et Coralie Mantion, opposées dans un contentieux sur l'investiture EELV pour les municipales à Montpellier. (Crédits : DR)

La décision du tribunal judiciaire de Bobigny, tombée le 26 février, devrait être le dernier épisode de l'affaire des listes Europe Écologie les Verts (EELV) pour les municipales à Montpellier.

Le contentieux opposait Clothilde Ollier et Coralie Mantion sur l'investiture EELV. La première avait été investie lors d'une primaire ouverte le 12 octobre 2019 et finalement destituée le 18 janvier 2020 par le bureau national du parti, pour avoir bravé les consignes du parti et avoir invité sur sa liste des membres de la France insoumise, issus du mouvement Confluence. La seconde est la candidate officielle depuis le 4 février 2020.

Dans son délibéré, le tribunal prononce la nullité de la décision rendue le 18 janvier 2020 par le bureau exécutif de EELV.

« La décision prise à l'encontre de Mme Ollier le 18 janvier 2020 est une sanction laquelle relève des compétences du conseil statutaire voire de la commission régionale de prévention et de résolution des conflits, et les compétences du BE ne concernent que les adhérents, qualité que ne présentait pas Mme Ollier le 18 janvier », écrit le magistrat, qui avait noté auparavant que Clothilde Ollier n'avait pas réglé sa cotisation au jour de la saisine du juge.

Mais s'il estime que le parti ne pouvait pas retirer l'investiture à Clothilde Ollier en janvier, il rejette aussi la demande d'annulation de Clothilde Ollier relative à l'assemblée générale du 4 février 2020 qui avait validé l'investiture de Coralie Mantion (liste « Choisir l'Écologie pour Montpellier »).

Un jugement, deux lectures

Dans cet entre-deux, chacun y lit ce qu'il veut...

« Mon éviction était Injustifiée et illégale et c'est confirmé par le tribunal, clame Clothilde Ollier. Cela rend justice aux presque 800 votants de la primaire organisée par EELV le 12 octobre 2019 ! »

« Le jugement est particulièrement limpide et précis, assure de son côté Manu Reynaud, le n° 2 de la liste de Coralie Mantion (et ex-n° 2 de la liste de Clothilde Ollier). Mme Ollier s'est lancée dans une campagne judiciaire à grand renfort d'avocats mais ce sont juste des arguties juridiques ! »

Concernant l'utilisation du logo EELV, qui est contestée à Clothilde Ollier puisqu'elle a perdu l'investiture du parti, le tribunal répond : « Dès lors que Mme Ollier ne bénéficie plus du soutien de EELV, elle ne peut utiliser le logo, la charte graphique et toute référence à ce parti. Il convient dans le droit fil des décisions arrêtées par Europe Écologie les Verts d'interdire à Mme Ollier d'utiliser logo, document, charte graphique comme tout support entraînant une confusion entre la liste qu'elle défendrait et la liste soutenue par Europe Ecologie Les Verts. Il n'est pas justifié de la nécessité de prononcer une astreinte et en conséquence il ne sera pas fait droit à une telle demande ».

Pour Manu Reynaud, il n'y a aucune ambiguïté. Pour Clothilde Ollier, « le juge ne fait que rappeler la demande d'EELV de ne pas utiliser le logo, et refuse d'y répondre, par conséquent, je peux moi aussi utiliser le logo ».

« Fiasco », « gesticulations médiatiques »

Et ensuite ? Ce jeudi matin 27 février, Clothilde Ollier a lancé un appel à la fusion des deux listes écologistes. Mais la date limite de dépôt des listes étant le soir même à 18 heures, la marge de manœuvre était mince...

« J'ai envoyé des mails et j'attends des réponses, déclare nerveusement Clothilde Ollier, jointe par téléphone dans l'après-midi. Si on le veut, c'est possible ! Je propose 50/50 : une fusion des listes avec Coralie Mantion ou moi à la mairie, et l'autre à la métropole. Je lui laisse le choix ! »

Au même moment, Manu Reynaud nous assure que « à six heures du dépôt des listes, c'est matériellement impossible » : « Il faut que la moitié au moins des candidats de chaque liste signent un document et il faut ensuite recomposer la liste ! C'est impossible. Par ailleurs, nous avons fait plusieurs appels du pied depuis un mois et demi, et nous nous sommes vu signifier une fin de non-recevoir ».

Dans un communiqué envoyé un peu avant 18 h, l'équipe de campagne de la liste « Choisir l'Écologie pour Montpellier » évoque ainsi les mains tendues à plusieurs reprises par Coralie Mantion, Christian Dupraz et François Vasquez. Des propositions que Clothilde Ollier nie avoir reçues...

« Pour toutes ces raisons, c'est avec beaucoup de surprise que nous avons appris par voie de presse ce midi, à quelques heures de la clôture du dépôt des listes en préfecture, et alors que son dernier recours en justice se soldait par un nouveau fiasco, la proposition de fusion de Mme Ollier : proposition d'une liste fusionnée dont elle prendrait la tête, comme une ultime tentative de récupération du logo EÉLV, écrit aussi l'équipe de campagne de Coralie Mantion. L'acharnement judiciaire et ces gesticulations médiatiques de dernière minute apparaissent comme un aveu de faiblesse et le signe d'une absence totale de légitimité. La vérité doit être rétablie. La démocratie ne se joue pas dans les tribunaux. Les seuls juges seront les Montpelliérains et les Montpelliéraines le 15 mars. »

José Bové en soutien

Les dés sont donc jetés. Ce sont donc bien trois listes écologistes qui devraient se présenter au premier tour, menées par Coralie Mantion (Choisir l'Écologie pour Montpellier), par Clothilde Ollier (Écologie En Commun) et par Jean-Louis Roumégas (et sa liste dissidente « Ecologie pour tous »).

Dans un communiqué envoyé quelques minutes après celui concernant la décision du tribunal, l'équipe de campagne de Coralie Mantion confirme la venue de José Bové à Montpellier le lendemain vendredi 28 février. Comme pour bien enfoncer le clou sur sa légitimité eu égard à la valeur de ses soutiens...

Mais les luttes internes qui déchirent le parti (EELV) depuis longtemps et qui s'illustrent dans les affrontements à Montpellier, n'ont-elles pas déjà fracassé tout espoir pour la formation politique, pourtant créditée de belles chances il y a quelques mois, de remporter la 7e ville de France ?

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2020 à 22:35
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Si José Bové, l'ami du libéral Cohn-Bendit, vient soutenir Coralie Mantion, ce sera la confirmation qu'on a bien affaire ici à des écolos de droite. Or, l'écologie ne peut être que de gauche.

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