Municipales à Carcassonne : les candidats s'expliquent face aux acteurs économiques

Tous les candidats aux municipales de Carcassonne ont répondu à l'invitation de FCE, du Medef 11 et de La Tribune pour le Grand Oral organisé le 4 mars. Les enjeux de l'attractivité, de la fiscalité et de la gouvernance ont été passés au crible lors d'échanges parfois très contrastés.
Les sept candidats aux municipales de Carcassonne, réunis sur la scène de l'Auditorium pour le Grand Oral du 4 mars
Les sept candidats aux municipales de Carcassonne, réunis sur la scène de l'Auditorium pour le Grand Oral du 4 mars (Crédits : Anthony Rey)

Après Montpellier et Narbonne, une nouvelle édition du Grand Oral des municipales s'est tenue, le 4 mars, à Carcassonne. Le débat, porté conjointement par Femmes Chefs d'Entreprise, le Medef Aude, et La Tribune, a réuni les sept candidats en lice : Xavier Bigot (EELV-PC-LFI), Jean-Noël Crouzet (liste citoyenne Priorité Carcassonne), Gérard Larrat (DVD, maire sortant), Edgar Montagné (RN), Christine Pujol (DVG), Marie-Hélène Régnier (LREM) et Tamara Rivel (PS).

Redynamiser le centre-ville

Premier temps fort du Grand Oral, l'attractivité du territoire a d'abord été abordée sous l'angle du foncier commercial, un sujet hautement inflammable avec les polémiques entourant la zone d'activités Rocadest notamment. Comment les candidats veulent-ils l'optimiser ? "En réutilisant les friches et en stoppant l'artificialisation des terres, de sorte à relocaliser le commerce dans la ville" (Xavier Bigot), "en développant les réserves foncières en accord avec l'Agglo, afin d'accueillir tout de suite les entreprises qui recherchent un terrain, plutôt que les laisser attendre" (Jean-Noël Crouzet), "en s'inspirant des décisions déjà prises par l'Agglo, qui a instauré un gel total des zones commerciales, et créé une bourse à l'immobilier pour la reprise de friches" (Tamara Rivel), "en travaillant mieux sur les nombreuses fiches, pour accueillir les entreprises de l'extérieur qu'il faut aussi démarcher, et pour stopper la périurbanisation qui mord sur les terres agricoles" (Marie-Hélène Régnier), "en ciblant mieux les entreprises exogènes que l'on souhaite accueillir, afin que cette stratégie corresponde à la qualité et au cadre de vie de Carcassonne" (Christine Pujol), "en privilégiant les zones industrielles plutôt que les zones commerciales, car il faut aller démarcher Airbus et ses sous-traitants, qui sont déjà présents à Béziers" (Edgar Montagné), ou bien "en mettant en oeuvre une politique concertée entre la Ville et l'Agglo, ce qui n'a pas été fait jusqu'ici : malgré les 47 ha affectés à l'activité économique dans le PLU, nous n'avons pas été sollicités par cette dernière" (Gérard Larrat).

"Pour redynamiser le commerce de centre-ville, je propose de créer un comité économique, avec l'Agglo, qui comportera deux sections, sur l'industrie et le commerce, auxquelles les organisations patronales et de salariés seront associées. Il faut vendre la ville partout en France. De même, l'opération "Coeur de ville" doit donner l'occasion d'installer des commerces, de rénover des bâtiments et donc de faire travailler les entreprises du BTP", indique Jean-Noël Crouzet.

"La règle première pour favoriser le commerce est de résoudre les questions de la sécurité et de la propreté. Pour aider les commerces de proximité, nous pourrons instaurer la gratuité des parkings certains jours de la semaine. Quant aux rues peu attrayantes pour les commerces, je propose la formation d'un comité d'experts qui incitera les jeunes porteurs de projets à y créer des start-ups", imagine Edgar Montagné.

"On entend souvent dire que la Cité a été favorisée au détriment de la ville. Ce sont de vieilles idées, mais même si des efforts ont été faits pour redynamiser le commerce, il y a toujours un décalage entre les deux. J'observe que depuis 20 ans, rien n'a été fait sur l'axe fort que constitue la liaison entre la Cité et la ville. Il faut travailler dessus, de façon dynamique, avec de l'animation, des transports, etc.", analyse Christine Pujol.

"Il faut végétaliser, piétonniser, favoriser les mobilités douces, mais sans oublier la vie des familles. Beaucoup d'entre elles ont quitté la bastide depuis ces dernières années car il n'est pas simple d'y vivre. On doit donc utiliser l'opération Coeur de ville afin de rénover le patrimoine exceptionnel, certes, mais aussi les bâtiments inhabités afin de les convertir en lieux de vie et de loisirs pour les familles", rajoute Marie-Hélène Régnier.

La pression fiscale en débat

Les impôts sont un autre sujet-clef dans cette campagne, au sein d'une ville où la pression fiscale est condamnée par tous les bords politiques ou presque. Quelles mesures les candidats avancent-ils ? "Plutôt que d'évoquer des baisses d'impôts, il faut d'abord jouer sur les frais d'installation des entreprises qui veulent venir, en ne leur faisant pas payer les terrains trop cher" (Christine Pujol), "la réduction de la taxe foncière s'impose, et s'il faut préserver les recettes de la collectivité, les économies réalisées par la rénovation énergétique et par une autre façon d'aménager grâce aux revêtements plus durables serviront à ça" (Xavier Bigot), "c'est une nécessité de réduire la pression fiscale, en ramenant le taux de la taxe foncière de 41,7 % à 40 % en 2021, puis 37,6 % en 2026, ou en faisant des économies, comme la mutualisation des offices du tourisme" (Tamara Rivel), "pour assurer la réussite d'une politique fiscale, il faut là encore fonctionner en harmonie : je propose un pacte fiscal avec les autres collectivités, car l'Agglo et le Département ont aussi leur part dans la pression fiscale qui s'exerce localement" (Gérard Larrat), "il faut neutraliser les bases d'imposition, car la valeur locative ne cesse de progresser de 1,5 à 2 % tous les ans" (Jean-Noël Crouzet), "on doit aussi évoquer l'utilisation optimale des impôts, et donc la gestion des personnels : il y a trop de questionnements sur la répartition des compétences quand on voit le délai de réaction trop long face aux demandes des porteurs de projets" (Marie-Hélène Régnier), "il faut aussi s'interroger sur les économies à faire, car à la Ville on dénombre 200 effectifs de trop, et ce sont des millions d'euros potentiels qu'on pourrait réinvestir sur des sujets tels que le foncier" (Edgar Montagné).

"En matière de mobilité et de transports, l'analyse du plan de déplacement ne montre pas un manque de places de stationnement, et pourtant c'est un grief qui revient souvent. Je propose de créer des parkings de délestage en entrée de ville, avec un circuit de navettes pour que le centre-ville respire. Cela libèrera de la place pour ceux qui viennent consommer", estime Tamara Rivel.

"Les propositions de nombreux candidats valident nos propres idées, qui portent sur la mise en place de pôles d'intermodalité en entrée de ville, avec une offre de navettes et de vélos électriques. Cela permettra de réduire le flot des voitures, de libérer de la place pour le stationnement, mais aussi de faciliter la vie des habitants et de ceux qui travaillent dans la bastide", observe Xavier Bigot.

"Ce sont des poncifs. Avec 3 000 places, le stationnement ne manque pas à Carcassonne. La ville est sécure, il n'y a pas de criminalité, juste des incivilités. Le seul problème, c'est la bastide. Nous devons prévoir un accompagnement des gens circulant en voiture pour un temps limité en venant consommer. On peut proposer de 30 à 50 minutes de stationnement gratuit dans les zones de chalandise. Et nous allons aussi construire un nouveau parking", tranche Gérard Larrat.

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