Municipales à Montpellier : les candidats s’expriment sur l’urbanisme

Le 5 mars, le club de l’Académie du Bâtiment et de la Cité de Demain (ACDC) avait invité plusieurs candidats aux élections municipales à débattre. Six d’entre eux (Michaël Delafosse, Coralie Mantion, Alex Larue, Patrick Vignal, Jean-Louis Roumegas et le représentant de Mohed Altrad) ont ainsi livré leur vision de l’urbanisme dans la métropole languedocienne.
L'académie du bâtiment et de la Cité de Demain (ACDC) a invité les candidats aux municipales de Montpellier.
L'académie du bâtiment et de la Cité de Demain (ACDC) a invité les candidats aux municipales de Montpellier. (Crédits : DR)

L'invitation à débattre le 5 mars avait été lancée par le club de l'Académie du Bâtiment et de la Cité de Demain (ACDC), qui réunit en local la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), la Fédération française du bâtiment (FFB), l'Union nationale des aménageurs (UNAM), la CCI 34 et la FNAIM.

Des professionnels en attente de "visibilité" sur les programmes des différents candidats à la mairie de Montpellier, notamment sur l'urbanisme, alors que la construction représente 30 000 emplois sur le secteur.

Répondre à la demande croissante de logements

Appeler à s'exprimer sur la croissance démographique importante de la métropole et de la ville de Montpellier, les candidats ont livré leurs solutions pour répondre à la forte demande de logements, mais aussi à la hausse des prix à laquelle sont confrontés les acheteurs potentiels.

Pour Coralie Mantion (EELV), il faut désormais miser sur la densification de certains quartiers et travailler avec les maires de la métropole et des communes plus éloignées : "Montpellier a 75 % de logements collectifs, dans les autres villes, c'est le contraire. Il faut inverser cette tendance et travailler avec la Région et le Département sur des solutions de mobilité".

Sur la question des prix, elle regrette l'opacité de la Serm (bras armé de la Métropole sur les questions d'urbanisme) et veut mettre en place une conférence annuelle du logement pour définir les règles avec les promoteurs.

Stopper l'étalement urbain

Répartir le poids démographique entre les villes de la métropole est une idée partagée par Michaël Delafosse (La gauche qui nous rassemble), qui propose également la création d'une agence de l'urbanisme, chargée de travailler en concertation.

"Entre 2014 et 2020, les prix ont augmenté de 12 % sur Montpellier, regrette-t-il. On fait fuir les classes moyennes. L'urbanisme et les prix, ça se régule !".

Pour Serge Martin, représentant de Mohed Altrad (Le cœur et l'action) dans ce débat, il s'agit de stopper l'étalement urbain et de travailler sur le bâti existant : "Nous sommes favorables à la création d'un office foncier, qui travaillerait en concertation pour établir un plan métropolitain de l'habitat. Il faut aussi renforcer la mixité sociale dans les différents quartiers".

"Sur le logement social, nous proposons de mettre en place un turn-over quand les familles évoluent, renchérit Sébastien Avallone, de l'équipe d'Alex Larue (LR-UDI). Il faut également inciter les opérateurs à vendre les appartements."

Pour l'accueil des nouveaux arrivants, le candidat propose de favoriser l'urbanisation sur l'ouest de la métropole, avec des zones d'activité pour éviter les mouvements pendulaires. Un établissement foncier à l'échelle de la métropole serait également créé.

"Muscler le service d'urbanisme"

Patrick Vignal (LREM) propose de revoir les missions de la Serm et d'engager un débat avec les aménageurs et les bâtisseurs.

"J'imagine également un circuit court du bâtiment avec des architectes locaux, ajoute-t-il. Il faut muscler le service d'urbanisme de la ville, je veux des maires de quartiers qui soient impliqués dans le remodèlement du territoire."

Jean-Louis Roumégas, quant à lui, plaide pour "une métropole multipolaire", avec plusieurs lieux de vie mixtes (commerces, logements, services) pour éviter les déplacements.

"On doit co-construire la politique urbaine avec les professionnels, plaide-t-il. On peut par exemple négocier des services supplémentaires pour jouer sur le prix du foncier. Sur la solvabilité des ménages fragiles, la municipalité pourrait apporter des garanties là où les banques sont frileuses."

Revitalisation du centre-ville : quelles priorités ?

Pour Patrick Vignal, Michaël Delafosse et Coralie Mantion, il convient désormais de réguler les appartements mis en location en centre-ville via la plate-forme Airbnb. Au-delà de cette considération, les candidats s'entendent sur la nécessité de rénover le centre ancien.

Un plan de rénovation des façades et d'isolation est une priorité pour l'équipe d'Alex Larue, "il faudra alors faciliter l'accès au centre pour les artisans qui travaillent". Sur sa vision globale de la ville, le candidat évoque également des états généraux de l'urbanisme, en concertation avec des professionnels, pour livrer une "nouvelle ligne de conduite".

"En six ans, une seule rue a été rénovée en centre-ville, c'est dramatique !", abonde Serge Martin, qui annonce pour sa part un plan de reconquête du centre-ville sur un an, avec une priorité absolue sur la sécurité et la propreté.

Pour Jean-Louis Roumégas, la reconquête du centre-ville peut se faire sur modèle de la rue du Faubourg du Courreau : "Ce patrimoine est un bijou et nous devons investir et adresser les besoins en matière de sécurité et de mobilité".

"10 000 logements sont à rénover en centre-ville, poursuit Patrick Vignal. Mais il faut aussi régler le problème des 40 % de locaux vacants. Le commerce de proximité, c'est de l'emploi et du dynamisme."

Le candidat LREM évoque aussi la nécessité de "donner vie" à la ZAC Pagezy. Un constat que partage Michaël Delafosse : "Cette ZAC, ainsi que l'ancien Hôtel de ville, sont des opportunités de faire venir les entreprises en centre-ville".

"Pour dynamiser le centre, il faut arrêter la construction de commerces en périphérie, conclut enfin Coralie Mantion. Nous voulons stopper le projet Cambacérès et mettre 130 M€ sur six ans sur le centre-ville."

Le nouveau stade Louis Nicollin en question

"Si la famille Nicollin le finance, nous devrons réfléchir avec les maires de la métropole pour son installation", déclare Patrick Vignal au sujet du futur stade, demandant également une concertation sur le devenir du stade actuel à la Mosson.

Même son de cloche chez Serge Martin, qui plaide pour une politique urbaine décidée par les politiques, mais mise en œuvre par les professionnels.

"Je suis pour le stade car les principaux intéressés estiment que c'est nécessaire, poursuit Alex Larue. Nous pouvons les aider mais attention à ne pas refaire les erreurs de Philippe Saurel et de proposer des emplacements sur des communes qui ne sont pas de notre ressort."

Pour Michaël Delafosse, l'emplacement idéal serait à la place du projet Ode à la mer, où les "infrastructures de tramway sont déjà présentes". Sur la Mosson, le stade pourrait être transformé en un lieu dédié aux nouvelles pratiques sportives.

Enfin, Jean-Louis Roumégas et Coralie Mantion font part de leur opposition à ce nouveau projet de stade.

"Accumuler toutes les infrastructures sur le sud de Montpellier, ce n'est pas notre vision, affirme Jean-Louis Roumégas. On pourrait imaginer compléter la Mosson avec une Cité dédiée aux sports pour développer le quartier."

"Ce projet pourrait tuer le quartier de la Mosson et la reconversion du stade serait encore à la charge de la collectivité, conclut Coralie Mantion. De plus, le projet de la famille Nicollin contient aussi la construction de commerces avec le nouveau stade, ce qui pourrait dévitaliser encore plus le centre-ville."

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Commentaire 1
à écrit le 09/03/2020 à 9:44
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La Serm aurait grand intérêt à s'intérresser aux pratiques qui étaient celles du Cociler dans les années 70 à Montpellier. Le Cociler était chargé de l'aménagement et de la commercialisation des stations (terrains) du littoral héraultais, notamment d...

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