Les ambitions manquées du RN (hors Perpignan) sur l’ex-Languedoc-Roussillon

Dans le sud de la France, les territoires de l’ex-Languedoc-Roussillon comptaient des bastions à confirmer mais aussi à prendre pour le parti du Rassemblement National. Après Béziers, conservé par Robert Ménard au 1e tour, c’est Perpignan, seule ville de plus de 100 000 habitants, qui est tombée dans l’escarcelle du parti de Marine Le Pen. Ailleurs, la flamme du RN n’aura pas brillé lors de ce second tour.
Le 2nd tour des municipales ne confirme pas les ambitions du RN sur l'ex-Languedoc-Roussillon.
Le 2nd tour des municipales ne confirme pas les ambitions du RN sur l'ex-Languedoc-Roussillon. (Crédits : DR)

Si le Rassemblement National (RN) n'avait pas donné d'objectifs chiffrés pour ces municipales 2020 en Occitanie, la présidente de la Région, Carole Delga, craignait un "fort vote d'extrême droite" sur le territoire "vu le niveau d'inquiétude et les fractures", déclarait-elle en janvier dernier dans le journal Le Parisien.

Selon elle, une trentaine de villes pouvaient basculer dans la région, qui détenait déjà deux villes, Beaucaire (Gard) avec Julien Sanchez, et Béziers (Hérault) où Robert Ménard était soutenu par le RN. Ces maires sortants ont été reconduits dans leur fonction dès le premier tour, et le Rassemblement National accroche à son palmarès 2020 la ville de Perpignan, remportée par Louis Aliot avec 53,09 % des suffrages.

Mais alors que les territoires de l'ex-Languedoc-Roussillon comptaient des bastions à prendre pour le parti de Marine Le Pen, les résultats du second tour montrent une vague RN plutôt faible sur la région.

"Cette campagne municipale devait être celle de la normalisation du RN et de la conquête, comme l'avait souhaité Marine Le Pen, analyse le politologue Emmanuel Négrier. Finalement, les victoires restent exceptionnelles et liées aux personnalités et aux configurations locales, comme à Perpignan."

"Notre souhait reste de nous implanter durablement en Occitanie", lui répond Julien Sanchez, maire RN de Beaucaire, réélu dès le premier tour, qui a pointé du doigt l'abstention pour expliquer des résultats mitigés.

La stratégie de la synthèse des droites

Dans une tribune pour le site The Conversation publiée le 22 juin dernier, Emmanuel Négrier évoquait « l'échec du lepénisme municipal » à l'issue du premier tour des municipales 2020, rappelant la triple stratégie déployée par le parti : « enracinement local, débordement et enrôlement de la droite, euphémisation du discours » : « Cette stratégie s'est particulièrement illustrée à Perpignan, où Louis Aliot avait renforcé une implantation déjà conséquente en conquérant le siège de député de la 2e circonscription des Pyrénées-Orientales en 2017, soulignait le politologue. Surtout, le ton de sa campagne laissait apparaître un leader débonnaire, dont la modération du discours tranchait presque avec les accents radicalement droitiers du maire sortant LR ».

C'est sous l'impulsion de Robert Ménard à Béziers, chantre de la « synthèse des droites », que cette tactique du débordement électoral s'était déployée, notamment à Sète et à Frontignan, où l'ancien journaliste est allé soutenir Sébastien Pacull, ancien secrétaire départemental Les Républicains adoubé par le RN, et Gérard Prato, candidat frontiste. De son côté, Thierry Mariani, ancien ministre de François Fillon et désormais député européen sur la liste du RN, avait apporté son soutien à Julia Plane, candidate RN à Lunel, en appelant lui aussi à l'union des droites.

Pas de déferlante dans l'Hérault...

Alors que le RN visait en effet quelques fauteuils de maire dans l'Hérault, il n'en décroche finalement aucun. Ainsi à Lunel, Pierre Soujol (DV) rassemble 46,15 % des voix et bat le maire sortant Claude Arnaud (DVD - 36,62 %). Julia Plane, espoir du RN, finit troisième loin derrière, avec 17,21 % des suffrages.

Le Républicain Gilles d'Ettore l'emporte à nouveau à Agde (55,08 %), face à Thierry Nadal (35,10 %), le RN Jean-Louis Cousin plafonnant à 9,80 %.

Même configuration pour le maire sortant de Sète, François Commeinhes (DVD, 47,09 %) qui reste à la tête de la ville, l'emportant face à l'Union de la gauche de Véronique Calueba (41,10 %). Quant à Sébastien Pacull, il fait un score plus bas qu'au premier tour, 11,80 % (contre 14,38 % le 15 mars dernier).

Enfin, à Frontignan, Michel Arrouy (DVG) succède à Pierre Bouldoire avec 58,01 % des voix, battant son unique adversaire du 2nd tour Gérard Prato, qui menait une liste d'union des droites soutenue par le RN.

A Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, la candidate RN Corine Martin gagne sa place de premier opposant à la majorité en place, avec un score de 37,33 % face au maire sortant réélu, Jean-Yves Chapelet (LDVC, 47,37 %), et à l'alliance citoyenne de Thierry Vincent (15,28 %). A Vauvert, le maire sortant Jean Denat (DVG) est réélu après un duel très serré avec le candidat RN Jean-Louis Meizonnet : 51,57 % contre 48,42 %. Au premier tour, l'élu de gauche n'avait devancé l'extrême-droite que de 85 voix, mais le maire sortant creuse cette fois-ci l'écart avec une victoire de 153 voix sur son adversaire.

... ni dans l'Aude

Dans l'Aude, trois villes comptaient toujours un candidat du RN en lice au 2nd tour. A Narbonne, le maire sortant Didier Mouly (DVD) est réélu avec 43,57 % des voix, pour sa liste Nouveau Narbonne 2020. Cette victoire ouvre un second mandat pour Didier Mouly, qui a profité d'un non-accord entre la liste divers gauche de Nicolas Sainte-Cluque (34,43 %) et de l'EELV Viviane Thivent (13,12 %). Le candidat RN Jean-François Daraud arrive en dernière position avec 8,88 % des voix.

Scénario similaire à Carcassonne avec la réélection de Gérard Larrat (DVD, 47,20 %), face au PS Jean-Claude Perez 37,41 %, et au candidat RN Robert Morio 15,38 %.

Enfin, Pierre Durand, premier adjoint au maire de Limoux et héritier du socialiste Jean-Paul Dupré, est élu avec 57,66 % des voix. Il bat le divers droite Pierre Bac (24,64 %) et le RN Julien Rancoule (17,68 %).

Dans les Pyrénées-Orientales, une autre victoire vient toutefois conforter celle de Louis Aliot dans la capitale catalane : celle de Jérôme Palmade (46,19 %) à Pia, candidat DVD soutenu par le RN.

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