Régionales en Occitanie : ce qu'il faut retenir du débat de La Tribune

Le 1er juin, à trois semaines à peine du premier tour des élections régionales, La Tribune organisait un débat avec les six principaux candidats en Occitanie, autour de sujets économiques. Concilier développement économique et transition écologique, conditionnalité des aides, interconnexion et attractivité du territoire… Ce qu’il faut retenir des principales postures et propositions des candidats.
Cécile Chaigneau
Les six principaux candidats aux élections régionales en Occitanie étaient invités à débattre par La Tribune le 1e  juin 2021.
Les six principaux candidats aux élections régionales en Occitanie étaient invités à débattre par La Tribune le 1e juin 2021. (Crédits : Rémi Benoit)

Alors que les deux tours des prochaines élections régionales se dérouleront les 20 et 27 juin, La Tribune a décidé de réunir les six principaux candidats le 1e juin, pour un débat dédié à l'économie et aux thématiques associées.

Avaient pris place autour de la table des débats la présidente sortante Carole Delga (PS-PRG-PC / Occitanie en Commun), Jean-Paul Garraud (RN / Rassembler l'Occitanie), Myriam Martin (LFI / Occitanie Populaire), Antoine Maurice (EELV / L'Occitanie Naturellement), Aurélien Pradié (LR-UDI / Du Courage pour l'Occitanie) et Vincent Terrail-Novès (LREM-AGIR / Nouvel Elan Occitan).

DEBAT Régionales Occitanie  le 1e juin 2021

Antoine Maurice, Jean-Paul Garraud et Vincent Terrail-Noves (© Rémi Benoit).

Concilier développement économique et transition écologique

Antoine Maurice : « L'écologie est le moteur de l'économie aujourd'hui et dès 2022, nous proposons 94.000 emplois non délocalisables et durables. Par exemple, nous voulons faire à Port-la-Nouvelle le port du XXIe siècle autour d'un centre de recherche et de développement sur les bateaux du futur, le démantèlement et le recyclage des bateaux, ou la recherche sur les matériaux composites. Nous proposons un tourisme des quatre saisons, local et tourné vers la nature comme le tourisme à vélo, qui pourrait créer 1.2000 emplois dès 2022. Dans l'énergie, ce sont 25.000 emplois qui peuvent être créés autour de la sobriété énergétique, de l'isolation thermique, etc. »

Jean-Paul Garraud : « Il faut une analyse du contexte économique de la région, des différences entre le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Mettre en opposition l'agriculture et l'écologie n'a pas lieu d'être ! Pour aider les TPE-PME, il faut que la commande publique de la Région soit plus centrée sur elles... Pour concilier écologie et développement économique, il y a tout le secteur du localisme, comme les circuits courts... Sur les éoliennes (terrestres, NDLR) vous faites fausse route ! Je suis pour une énergie décarbonnée, celle du nucléaire. »

Vincent Terrail-Novès : « Il faut concilier l'écologie et le développement économique sans opposer les deux. Par exemple en encourageant les entreprises à changer leur flotte de véhicules pour des véhicules propres, les accompagner pour favoriser le développement du covoiturage,... Nous voulons créer, avec la Banque des Territoires, une banque régionale pour la transition écologique pour soutenir toutes les entreprises qui veulent investir dans le sens de la transition écologique. »

Aurélien Pradié : « Nous voulons faire de l'écologie du quotidien et pas de l'écologie punitive et politicienne. Trois propositions : mettre une clause carbone dans tous les marchés publics de la Région pour favoriser la ressource de proximité, lancer un plan Routes de 200 millions d'euros axé sur des routes innovantes, et sur l'eau, faire en sorte, avec l'innovation, que les agriculteurs aient un meilleur accès. »

Carole Delga : « La région accueille 40.000 habitants chaque année, et dans notre Pacte vert, nous voulons stopper l'hyper-métropolisation et développer les petites villes. Nous voulons être la 1e région pour la construction durable. Sur les mobilités du futur, c'est ici que se font l'avion électrique et les trains à hydrogène. Dans l'agroalimentaire, nous avons mis en œuvre des contrats agriculture durable. »

Myriam Martin : « Nous voulons soutenir un plan de décarbonation de l'aviation et travailler la reconversion des activités répondant aux enjeux écologiques. Et pas seulement sur Toulouse et Montpellier mais rééquilibrer sur des villes plus petites. Il faut soutenir des filières innovantes comme dans le textile ou voir ce qu'on peut produire à partir de coquille d'huîtres sur le littoral. »

DEBAT Régionales Occitanie  le 1e juin 2021

Aurélien Pradié et Carole Delga (© Rémi Benoit).

Faut-il instaurer une conditionnalité des aides économiques ?

Antoine Maurice : « L'argent public doit aider les entreprises à la transition écologique donc pas un euro n'ira aux projets qui ne sont pas neutres pour le climat, la biodiversité et l'emploi. »

Myriam Martin : « Les aides sont de l'argent public, elles doivent permettre de maintenir l'emploi. Nous voulons les conditionner à trois facteurs : maintenir l'emploi, respecter le droit social et ne pas soutenir des projets destructeurs de l'environnement. »

Carole Delga : « C'est déjà le cas. Nous exigeons le maintien ou la création d'emplois et le respect du droit social. Avec la sortie de crise, les entreprises vont devoir rembourser des prêts : nous voulons un plan anti-faillite pour étaler les prêts et éventuellement que la Région devienne actionnaire si l'entreprise ne peut pas rembourser. »

Jean-Paul Garraud : « Je suis favorable à la conditionnalité des aides mais attention, les aides de l'État vont s'arrêter et il y aura des répercussions sur le tissu économique. Donc il ne faudrait pas mettre tout de suite des obligations qui vont brider nos entrepreneurs ! »

Aurélien Pradié : « La Région redistribue de l'argent public.  Je crois au fait que la force publique donne une orientation à l'économie mais aujourd'hui, nous n'avons pas les outils stratégiques pour le faire. Il faudra relever le défi du mur de la dette : je propose un fonds stratégique souverain pour monter au capital des entreprises si nécessaire, quitte à se retirer ensuite. »

Vincent Terrail-Novès : « Il faut une conditionnalité des aides sur la création d'emplois, sur l'utilisation qui est faite de l'argent public, et sur l'origine des produits achetés grâce à ces aides. Je suggère que le monde économique soit aussi partie prenante de la gouvernance des structures d'accompagnement (l'agence Ad'Occ ou l'Agence régionale des investissements stratégiques par exemple, NDLR). Et nous mettrons en place une task-force post-Covid avec un fonds de résistance et d'intervention de 50 millions d'euros. »

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DEBAT Régionales Occitanie  le 1e juin 2021

Jean-Paul Garraud et Carole Delga (© Rémi Benoit).

Conserver et développer les compétences dans une Occitanie post-Covid

Antoine Maurice : « Nous refusons la fuite en avant dans l'aéronautique ! Il faut développer la R&D, notamment sur les carburants, que les constructeurs s'engagent dans le recyclage des avions, et voir comment leurs compétences pourraient servir d'autres filières comme le vélo, le ferroviaire, la santé. Il faut permettre à la jeunesse d'accéder à des formations qui les intéressent, et beaucoup veulent travailler dans l'ESS et dans l'agriculture. »

Carole Delga : « Nous voulons pousser les feux sur la formation, comme nous le faisons par exemple sur des formations flash pour le secteur de la restauration avec Pôle Emploi. Pour l'accès à la formation, en plus de l'aide existante au transport, nous allons ajouter une aide à la garde d'enfant. Nous créerons un revenu écologique jeunes de 500 euros en fonction de formations pour les métiers verts, et nous aurons un dispositif permettant de donner le coup de main financier pour l'accès à l'entrepreneuriat. »

Aurélien Pradié : « Il faut redonner confiance à la jeunesse : pour les 18-30 ans, nous proposerons un prêt à taux zéro jusqu'à 50.000 euros pour financer un projet en contrepartie de deux mois consacrés à l'intérêt général. »

Myriam Martin : « La relocalisation ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut former. Or il y a des failles énormes en formation initiale et autour de l'énergie, de l'agro-agriculture, de l'eau qui sont des métiers porteurs. Il faut former davantage de soignants et d'aides à domicile. Je veux créer un service public de formation pour des emplois de proximité non délocalisables et pérennes. »

Jean-Paul Garraud : Dans cette région, 25% des moins de 25 ans n'ont pas d'emploi ! Il faut naturellement mettre le paquet sur la formation et la reconversion, et mettre en place des dispositifs impliquant les entreprises et les organisations patronales dans la promotion des métiers porteurs. »

Vincent Terrail-Novès : « La question des compétences et des emplois de demain commence par l'orientation que je veux confier à des professionnels et pas uniquement à des enseignants. Pour aider des petites entreprises régionales, nous voulons mobiliser l'épargne des habitants de l'Occitanie via une bourse numérique régionale. »

DEBAT Régionales Occitanie  le 1e juin 2021

Vincent Terrail-Novès (© Rémi Benoit).

Faire de l'Occitanie un territoire interconnecté et attractif

Aurélien Pradié : « Nous avons des forces d'attractivité importantes comme la ruralité, qui, après la crise sanitaire, devient une chance. Sur la LGV, il reste 10 milliards d'euros à trouver dont 4,1 par la Région. La lettre du Premier ministre sur l'engagement de l'État, c'est de la monnaie de singe ! Il faut une société de financement et une ratification par la loi. La mobilité, c'est aussi les trains du quotidien et, pour 90%, la route, d'où le fonds d'investissement de 200 millions d'euros. En santé, Toulouse et Montpellier doivent redevenir les deux grandes capitales de la médecine. »

Antoine Maurice : « Nous voulons sortir de la logique de compétition pour aller vers la logique de coopération et ça passe par les mobilités. L'enjeu est de connecter les territoires de la région. Nous n'avons pas l'ambition de devenir une banlieue parisienne mais il faut relier Montpellier à une heure de Toulouse, réaliser la LGV Montpellier-Perpignan pour voyageurs et fret, mais aussi connecter le ferroviaire à des bus, au covoiturage, au vélo. »

Carole Delga : « Concernant les LGV, la part de la Région, 1,3 milliard d'euros, est inscrite sur la trajectoire budgétaire du prochain mandat, et sur les trois années suivantes. Pour le financer, nous faisons trois propositions : une taxe sur les poids lourds en transit, la ré-affection de la taxe sur le carburant et une taxe sur le foncier nécessaire à la LGV... Mais l'attractivité, c'est d'abord notre capacité de recherche et d'innovation et aujourd'hui nous sommes la seule région dans le Top 20 de l'Europe. »

Vincent Terrail-Novès : « Pour être attractifs, nous soutenons l'autoroute Toulouse-castres ou la liaison Nîmes-Alès, mais également les sujets de désenclavement. Sur le financement de la LGV, je suis favorable à un partenariat public-privé et à la création d'un consortium pour confier la LGV aux entreprises privées. Et il est temps d'essayer d'optimiser l'utilisation de l'argent public en ouvrant à la concurrence de la SNCF sur le réseau TER. »

Myriam Martin : « Sur les déserts médicaux, il faut arrêter de casser l'hôpital public et il faut des médecins... Quant à l'attractivité, c'est le train du quotidien. Il faut un maillage et donc rouvrir des lignes ! Il faut aussi maintenir les services publics de proximité... Le tourisme est important dans la région mais on préfère un tourisme participatif que de consommation. »

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Les priorités de leurs 100 premiers jours

Myriam Martin : « Répondre à l'urgence sanitaire et sociale. Protéger avec des mesures de justice sociale comme des espaces de gratuité à la cantine pour les jeunes dont les familles perçoivent les allocations familiales, et dans les transports pour les 16-25 ans, les plus précaires et les demandeurs d'emploi. Instaurer la conditionnalité des aides. Prévoir des centres de santé. Et répondre à l'urgence culture par un budget d'urgence de 15 millions d'euros. »

Carole Delga : « Mettre en place la gratuité du transport scolaire sur les 13 départements et sur le train pour les moins de 26 ans. Recruter 200 médecins pour les territoires avec des déserts médicaux. Pour la sécurité, aider les communes qui veulent rénover un commissariat ou mieux former. Mettre en place un revenu écologique jeune. »

Aurélien Pradié : « Protéger chaque lycée par une bulle de sûreté pour lutter contre le trafic de drogue. Créer un fonds souverain de 250 millions d'euros pour l'économie. Sur la santé, s'assurer qu'aucun habitant ne sera à plus de 30 minutes d'une urgence cardiaque et de maternité. Le monopole socialiste, c'est long, il faut faire respirer la région. Nous voulons lui donner une nouvelle génération. »

Vincent Terrail-Novès : « Créer une task-force post-Covid de 50 millions d'euros pour sauver l'emploi et consolider les entreprises. Lancer un Plan tourisme. Identifier les manques en professionnels de santé sur les territoires et les compenser pour que chaque habitant soit à moins de 30 minutes d'un centre de soin. Et sur la sécurité, créer un fonds pour financer la vidéo-protection dans les collectivités locales. »

Jean-Paul Garraud : « Le courage se mesure aux actes, qui sont cruels pour l'union de la droite et du centre (il vise Vincent Terrail-Noves et Aurélien Pradié, NDLR) qui ont voté 94% des délibérations proposés par Mme Delga ! Je m'investirai sur la sécurité, la santé, les PME-TPE, l'aéronautique. »

Antoine Maurice : « Décréter le climat grande priorité régionale. Débloquer un plan d'urgence pour la culture, avec 10 millions d'euros dès le début du mandat pour réparer le secteur. Convoquer des Assises de l'aéronautique et de l'industrie car face à la nécessaire mutation industrielle, nous devons préserver les compétences d'aujourd'hui pour sauver les emplois de demain. »

Retrouvez l'intégralité du débat en replay ici.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 03/06/2021 à 8:59
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Les souris votent pour les chatons.

à écrit le 03/06/2021 à 7:09
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On aime parler dans le sud ouest. Les actes eux sont plus rares. Adesias comme on aime dire....

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