LA TRIBUNE - Vous ne croyez pas à l'efficacité du reconfinement ?
LOUIS ALLIOT, maire de Perpignan - D'un côté, on agglutine des gens dans des endroits où le virus va circuler, comme les grandes surfaces, et de l'autre, on ferme les commerces dans les centres villes, où les protocoles sanitaires sont très bien respectés. C'est une totale incohérence. Il est anormal qu'on puisse acheter des vêtements en grandes surfaces et pas dans les commerces du centre-ville. On n'a jamais vu de cluster chez les coiffeurs !... Je dénonce l'impréparation du gouvernement à la 2nde vague. Ce confinement ne permettra pas de lutter contre la pandémie et risque de condamner des professionnels sérieux. C'est un nouveau coup dur pour les commerçants qui pourrait s'avérer fatal pour nombre d'entre eux.
Vous avez signé, le 30 octobre, un arrêté d'ouverture des commerces non alimentaires du centre-ville à compter de mardi matin 3 novembre et ce, dites-vous, « jusqu'à ce que le gouvernement revienne de façon juste et sérieuse sur l'inégalité de traitement qu'il a créée entre les petits commerces et les plateformes de type Amazon ou les grandes surfaces ». Cela signifie que vous attendez du gouvernement qu'il rectifie le tir d'ici mardi matin ?
L. A. - Oui. D'ici là, il appartient au Premier ministre Jean Castex de trouver une solution. Je n'ose croire que l'ancien maire de Prades, issu des territoires, veuille faire mourir les commerçants de Perpignan et d'ailleurs. Je ne suis pas le seul maire à prendre cette initiative, les maires de Montauban, Reims ou Chalon-sur-Saône l'ont fait aussi. Ils font face à des commerçants qui ouvrent malgré l'interdiction, ça pourrait mal finir... Et je viens de voir que l'AMF demande au gouvernement de préciser ce qu'est un commerce de première nécessité (le 30 octobre, l'Association des Maires de France a officiellement demandé au gouvernement de revoir rapidement la définition de commerce de première nécessité et de l'élargir, NDLR).
Qu'attendez-vous précisément ?
L. A. - Soit on peut ouvrir les commerces non-alimentaires, les vendeurs de chemises, de chaussures, peut-être en rigidifiant encore un peu plus le protocole, par exemple avec un ou deux clients par boutique. Ou alors, il faut demander aux grandes surfaces de fermer leurs rayons non alimentaires, sous peine de créer une distorsion de concurrence... Si les choses sont vraiment graves, ce que je crois, alors on prend des mesures plus draconiennes !
Si le gouvernement ne bouge pas, maintiendrez-vous l'arrêté ?
L. A. - Oui je le maintiendrai, car je veux voir si la justice donnera raison au gouvernement.
- MAJ du 2 novembre 2020 -
En plus de Perpignan, deux autres communes Pia (9 000 hab.) et Claira (4 200 hab.) ont pris des arrêtés municipaux pour autoriser l'ouverture des commerces non-essentiels. Trois référés ont été déposés contre ces trois arrêtés municipaux par la préfecture des Pyrénées-Orientales dès samedi 31 octobre. « On s'attend à d'autres arrêtés », déclare-t-on à la préfecture ce lundi matin 2 novembre.
Pour les mêmes raisons que Louis Aliot, Robert Ménard, le maire de Béziers, a également signé, vendredi soir 30 octobre, un arrêté municipal autorisant l'ouverture des commerces non-alimentaires du centre-ville à compter du lendemain. L'édile, qui dit ne pas contester le confinement, entend aller jusqu'en justice pour contester l'inégalité de traitement entre petits commerces et grandes surfaces durant ce deuxième confinement. Dès vendredi soir, le préfet de l'Hérault a en effet déposé un référé contre l'arrêté du maire de Béziers. Le sous-préfet de Béziers, Christian Pouget, a prévenu les commerçants que ceux qui choisiraient d'ouvrir s'exposeraient à être verbalisés, des contrôles étant annoncés dès le samedi matin. Ce à quoi Robert Ménard répondait que concernant ces éventuels procès-verbaux, « la ville les paiera ».
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