Déserts médicaux : certains maires veulent contraindre l’installation des médecins

Par Thomas Tedesco  |   |  538  mots
Les débats du 20 septembre, lors des Assises des petites villes de France se sont tenus notamment en présence de Gérard Larcher, président du Sénat. (Crédits : Thomas Tedesco)
Lors des Assises annuelles des petites villes de France se tenant au Pont-du-Gard, la question de la désertification médicale a été discutée comme un enjeu prioritaire de développement. Diverses solutions sont envisagées, parmi lesquelles un système qui contraindrait les médecins libéraux à s’installer dans des territoires peu pourvus.

Elles perdent leur Trésor public, leur bureau de Poste et leur médecin... Les petites villes n'ont pourtant pas l'intention de se laisser faire. Aussi, lors de leurs XXIIe Assises, organisées les 19 et 20 septembre au Pont-du-Gard, la question de la désertification médicale a été abondamment commentée par les maires de ces communes abritant entre 3 500 et 25 000 habitants.

Radical, Martin Malvy, ancien ministre (PS) et président de la Région Midi-Pyrénées de 1998 à 2015, a prôné, lors d'une table ronde, une contrainte à l'installation des jeunes praticiens.

"Tant qu'il n'y aura pas d'obligations d'installation, on ne règlera pas le problème de la désertification médicale", a-t-il lancé à l'assistance.

Largement applaudie par le public de maires présents, l'intervention n'a pu être contredite par les médecins libéraux attachés à leur liberté d'installation... Ils n'étaient pas conviés.

L'alternative des Maisons de la santé ?

Dans le seul département du Gard, de nombreux territoires, et pas seulement en terrain rural, manquent de médecins. C'est notamment le cas le long de la vallée du Rhône, à Vallabrègues, et à Mons, près d'Alès, où le médecin est parti voilà quelques mois sans prévenir sa patientèle, sans doute par peur de la vindicte populaire.

Dans son allocution introductive, le Premier ministre Édouard Philippe, qui n'est pas favorable à un système totalement contraignant pour les libéraux, a notamment expliqué que "les maisons de santé, dont le nombre a cru de 37 %, sont parfois une solution".

Le modèle n'est cependant pas la panacée. Nombre d'entre elles sont aujourd'hui vides parce que le problème a été pris à l'envers par les collectivités locales. Elles ont pourtant parfois coûté plusieurs centaines de milliers d'euros aux collectivités.

"Ne pas tomber dans une soviétisation"

Au milieu du gué, Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes de France (APVF) et député de Seine-Maritime, a estimé pour sa part qu'"il faut une régulation sans pour autant tomber dans une soviétisation".

Parmi les initiatives mises en exergue lors de ces Assises, André Accary, président du Conseil départemental de Saône-et-Loire, a présenté un dispositif innovant dans l'Hexagone, ayant permis jusqu'à présent l'embauche salariée de 50 médecins généralistes par le Département.

"Il s'agissait de pouvoir proposer sur chaque secteur un accès à un médecin. Ces installations sont faites en complément de la médecine libérale existante. Nous avons retissé un maillage sans contraindre personne mais en proposant un exercice de la médecine qui convient à de nouvelles façons d'exercer", a-t-il vanté.

Invité à participer à une autre table-ronde sur le thème de la mobilité, Vincent Chauvet, maire d'Autun (13 600 habitants en Saône-et-Loire), a présenté la démarche nouvelle de la faculté de médecine de Dijon : elle permettra, dès septembre 2020, de suivre la première année d'accès aux études de santé (PACES) à Nevers, dans la Nièvre, un département qui manque cruellement de praticiens.

"Cette initiative peut, peut-être, donner envie aux futurs médecins de s'installer en milieu rural", juge-t-il.

Une idée pour la Lozère ?