Ce que promet le ministre Alain Griset pour rassurer les TPE-PME

En déplacement à Montpellier le 28 août, Alain Griset, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises, a rencontré une quarantaine de chefs d’entreprises régionaux avec lesquels il a échangé sur les dispositifs d’aide actuellement en place pour traverser la crise, mais aussi sur les simplifications souhaitées dans les procédures administratives.
Cécile Chaigneau
Le 28 août 2020, Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, était en déplacement à Montpellier pour rencontrer des chefs d'entreprises et évoquer avec eux la simplification administrative.
Le 28 août 2020, Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, était en déplacement à Montpellier pour rencontrer des chefs d'entreprises et évoquer avec eux la simplification administrative. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Le ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises (ancien président de l'Union des entreprises de proximité, U2P) était en visite le 28 août à Montpellier où il a rencontré une quarantaine de chefs d'entreprises de la région. Objet de ce déplacement, à une semaine de la présentation du plan de relance (le 3 septembre) : entendre les réflexions des acteurs économiques sur la nécessaire (et tellement attendue) simplification des procédures administratives.

« L'Etat a montré sa faculté à faciliter les procédures, déclare Alain Griset. Nous voulons nous appuyer sur cette expérience pour la mettre en œuvre dans le quotidien. Il y a des étapes qu'on pourrait annuler pour gagner du temps. »

Il aura martelé à de nombreuses reprises que dans cette crise sanitaire, « l'Etat fait beaucoup ».

« S'il n'y a pas d'entreprise, il n'y a pas de sécurité sociale, pas de retraite, et au final pas d'autoroutes ou d'écoles, etc., lance le ministre, un brin courtisan, aux dirigeants d'entreprises depuis les salons de la préfecture de l'Hérault. C'est l'entreprise qui crée des richesses et elle doit être considérée comme prioritaire. En conséquence, on fait tout pour la sauver. Il faut toutes les chérir car elles sont indispensables, c'est l'une des leçons à tirer de la crise. »

  • Dispositifs d'aide et code APE

Pourtant, en plein cœur de la crise, certains chefs d'entreprises sont à la peine car pas toujours éligibles à certains dispositifs. Ainsi, dans les secteurs les plus touchés par la crise (culture, sport, tourisme, événementiel), l'Etat prend en charge l'intégralité de l'indemnité versée aux salariés en chômage partiel. Mais Philippe Beille, le dirigeant de l'entreprise Duo (Lansargues - 34), dénonce la difficulté qu'il a à obtenir une réponse claire de l'administration en raison du système d'attribution basé sur le code APE de l'entreprise : « Nous fabriquons des stands pour les entreprises participant à des salons et comme il n'y a plus de salons, notre activité s'est arrêtée. Pour autant, nous ne sommes pas classés dans le secteur événementiel et nous ne sommes pas sûrs de pouvoir bénéficier de certaines aides car nous ne sommes pas dans la bonne case APE ! Cette incertitude administrative fait qu'on est obligés d'aller vers un plan de sauvegarde de l'emploi pour 40 à 50 personnes car nous ne sommes pas sûrs de pouvoir recourir au chômage partiel. Je suis condamné par la non-réponse de l'administration ! ».

Un problème auquel le ministre n'a pas de réponse.

« Quand on parle d'événementiel, on parle de centaines de métiers et il y en aura toujours un qui passera à côté car il n'a pas le bon code APE, déclare Alain Griset. J'ai eu de nombreux courriers sur mon bureau à ce sujet, comme par exemple les traiteurs qui n'ont pas le code APE de traiteur car ils sont aussi bouchers ou charcutiers. Comment faire ? On n'a pas trouvé pour le moment. Après la crise, on tirera conséquence de tout ça pour simplifier et mieux organiser les professions. »

  • PGE : inquiétude sur le taux

Beaucoup de chefs d'entreprises, notamment dans les petites entreprises, s'inquiètent du remboursement du prêt garanti par l'État (PGE) alors qu'ils n'ont pas suffisamment rétabli leur trésorerie. S'il loue la capacité des petites entreprises à se relever de la crise, Christian Poujol, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat de l'Hérault, s'interroge ainsi sur le taux d'emprunt qui sera fixé pour le PGE au-delà de la 1e année (fixé à 0,25 %).

« Le PGE, ce sont 300 Mds € mis par l'État qui sont disponibles, 90 % garantis par l'État, répond le ministre. Aujourd'hui, seuls 120 Mds ont été utilisés, ce qui fait encore 180 Mds € disponibles d'ici le 31 décembre. Si la santé de l'entreprise est tangente, il faut l'utiliser ! Il y a la possibilité d'aller jusqu'à 6 ans pour le rembourser. Je souhaite qu'on donne une certaine tranquillité aux entrepreneurs. Le taux devrait se situer entre 1 et 3 %, on continue à négocier avec les banques pour une fourchette la plus réaliste possible. »

  • Fonds de solidarité : pique et encouragement du ministre

Le dispositif du fonds de solidarité a permis, jusqu'en juin, le versement d'une aide de 1 500 € par mois pour les petites entreprises ayant subi une fermeture administrative ou perdu plus de 50 % de leur chiffre d'affaires. Un sursis a été accordé au titre des pertes en juillet et août pour les entreprises des secteurs les plus touchés comme le tourisme, la restauration, la culture ou l'événementiel.

André Brunel, ancien bâtonnier du barreau de l'Ordre des avocats, explique les difficultés de la profession : « On compte 1 160 avocats exerçant à Montpellier, dont 600 sont en cabinet individuel et ont souffert car le confinement a suivi deux mois de grève très dure. Les audiences n'ont pas repris. Et l'aide de 1 500 € dont ils ont pu bénéficier s'est arrêtée au 30 juin ». A la question de savoir s'il serait possible de la reconduire sur juillet et août, le ministre répond non et lance une pique.

« J'ai bien suivi la position spécifique de l'ordre des avocats sur la caisse de retraite. La caisse de retraite des artisans avait une réserve de 17 Mds € et les administrateurs ont décidé de puiser dedans pour verser une aide aux artisans. Combien la caisse des avocats a-t-elle versé aux avocats ? Pour le moment, ils n'ont encore rien touché... Je souhaite que les avocats soient aussi accompagnés par leurs structures, chacun a son rôle à jouer. Il n'est pas prévu de prolonger le fonds de solidarité. »

Mais le ministre ajoute : « Le Fonds de solidarité de niveau 1, c'est à dire 1 500 € par mois, a été sollicité par 1,5 million d'entreprises mais le niveau 2, qui va jusqu'à 5 000 € par seulement 20 000 entreprises. C'est trop peu, passez le message... Allez au Conseil régional pour déposer un dossier. C'est compatible avec le PGE ».

  • Le besoin en fonds propres

Interpellé par Aline Bsaibes, directrice générale de l'entreprise ITK (agritech), sur le besoin en fonds propres et la lenteur de l'administration pour le versement de certaines subventions, Alain Griset se veut rassurant : « Dans le plan de relance, Bruno Le Maire a déjà dit que sera mis en place un système de prêts participatifs de long terme qui compteront dans les fonds propres des entreprises. L'opérationnalité sera au niveau territorial. L'idée est d'être rapide. Le gouvernement souhaite que les 100 Mds du plan de relance soient dépensés en grande partie en 2021 dans des projets qui commencent de suite ».

  • Alerter avant le tribunal de commerce

« Qu'est-ce qui est prévu pour les TPE endettées et en difficulté ? », interroge Philippe Sauveplanes, vice-président de l'ordre des experts-comptables de Montpellier, témoin de la situation de nombreuses TPE-PME.

« Il faut essayer à tout prix de ne pas aller devant le tribunal de commerce, recommande le ministre. 98 % des entreprises qui ont alerté au début de leurs difficultés ont trouvé des solutions. Et je vois trois endroits en capacité d'alerter sur ces premières difficultés : les services de l'État qui perçoivent la TVA, ceux qui perçoivent les cotisations sociales, et la banque. Je voudrais que ceux qui ont connaissances de ces difficultés se mettent autour de la table, aillent voir l'entreprise pour comprendre ce qui se passe. Il faut traiter la difficulté quand elle apparait. »

  • Industrialisation

« Le plan de relance est essentiellement un plan de réindustrialisation et de relocalisation, assure Alain Griset. On aura donc beaucoup d'argent mais aussi des outils pour permettre aux entreprises de se développer sur le territoire. »

  • GIE, coopérative,... : les statuts juridiques en question

C'est Samuel Hervé, directeur de Akté Services (restauration collective) et président du Medef Hérault Montpellier, qui pointe la question des statuts juridiques : « Pour partager les moyens entre entreprises, on a les GIE mais ils nous rendent aussi solidaires des dettes et génèrent donc de la peur. Ne faudrait-il pas créer une structure juridique ad hoc pour mutualiser les services et que l'État puisse abonder sur des niveaux de garantie en cas de problème ? ».

« La réponse existe depuis longtemps, ça s'appelle une coopérative où chaque actionnaire est à égalité de traitement et où il n'y a pas de risque de mutualisation des difficultés », répond le ministre, se déclarant toutefois « favorable à simplifier le statut juridique de l'entreprise en nom propre ».

  • 70 Mds € d'épargne

« Le plan de relance qui sera présenté jeudi 3 septembre par le Premier ministre devrait permettra de retrouver ce niveau d'activité supérieure qu'on attend. L'État a fait en sorte de maintenir les entreprises, il n'y a pas eu de vague de plans sociaux. Il y a cette résilience du chef d'entreprise, et c'est remarquable. On a réussi ça collectivement pour l'instant. Le pays sera prêt à repartir quand on aura réglé la crise sanitaire... Les Français ont mis de l'argent de côté, près de 70 Mds €, et je ne peux qu'inciter ceux qui le peuvent à consommer pour contribuer à relancer l'économie. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 29/08/2020 à 7:04
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sans compter 6.5 millions de ponctionnaires totalement inutiles que les entreprises permettent d'entretenir

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