"Réagir est vital. Nous avons deux ans pour réaliser ce redressement. En l'état, nous ne sommes pas en mesure de voter le budget 2021 au mois de décembre. Il faudra sans doute attendre un mois ou deux de plus."
Nouvellement élu à la présidence de Nîmes Métropole, Franck Proust (LR) ne mâche pas ses mots à l'égard de la situation financière de sa collectivité. Après audit, celle-ci se trouve, selon lui, "au bord de la tutelle" en raison de la gestion de son prédécesseur, et adversaire politique de longue date, Yvan Lachaud (Nouveau Centre).
"Ce n'est pas moi qui l'affirme mais le préfet du Gard lui-même, poursuit l'ancien député européen. Il m'a dit que Nîmes Métropole était dans le rouge. Et même le rouge vif ! Si on ne redresse pas la situation, nous serons placés sous tutelle dans deux ans."
Des données alarmistes et alarmantes
Une analyse à contre-courant de celle réalisée par la Chambre régionale des comptes qui, comme principal grief, a adressé à la collectivité la non-mutualisation de certains services supports (comptabilité, RH...) avec la Ville de Nîmes, mais aucun dérapage financier significatif.
D'après les chiffres présentés aux élus de Nîmes Métropole lors du conseil communautaire du lundi 21 septembre, les effectifs et dépenses ont considérablement cru quelques mois après la fin des investigations de Chambre régionale de comptes entre 2018 et 2019... Raison pour laquelle le rapport ne fait pas mention des données alarmistes et alarmantes pointées par le nouvel exécutif.
Ainsi, le taux d'endettement de la collectivité en 2020 serait de 213 % selon le ratio capital restant dû/recettes réelles de fonctionnement, contre 135 % en 2018, la moyenne nationale constatée étant, elle, de 122 %.
"Les investissements engagés ont entraîné un accroissement important de l'endettement alors que l'épargne brute n'a pas suivi le même rythme d'augmentation", détaille Frédéric Beaume, vice-président en charge des finances de l'agglomération.
Réduire la masse salariale de 10 %
Pour "redresser la barre", Franck Proust compte notamment faire des économies de fonctionnement, notamment sur la masse salariale, "de l'ordre de 10 %", la collectivité employant directement et indirectement au travers de différentes associations 550 salariés environ.
En outre, l'intention de créer une taxe Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) est entériné. Reste à en fixer le taux... qui dépendra des marges de manœuvre que l'exécutif trouvera.
D'ores et déjà, il semble acquis que la taxe d'enlèvement des ordures ménagères augmentera alors qu'elle avait fortement baissé (de 50 € par habitation environ) il y a deux ans.
« J'ai une situation d'urgence à gérer »
En outre, certains investissements, tels que la construction d'un nouveau bâtiment dédié à l'enseignement supérieur sur le site de l'EERIE, ont été stoppés.
"J'ai une situation d'urgence à gérer. Nous nous recentrons sur nos compétences et construire des bâtiments n'en fait pas partie. Nous avançons pas à pas. En l'état actuel, il n'est pas exclu que je ne puisse commencer ce que j'avais imaginé qu'à partir de 2023", a poursuivi Franck Proust.
Contacté au sujet de cette situation économique préoccupante dans laquelle dit se trouver Nîmes Métropole, le préfet du Gard Didier Lauga, qui se trouve en période de réserve en raison des élections sénatoriales, n'a pas donné suite aux sollicitations de La Tribune.
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