En Occitanie, Carole Delga généralise les billets de TER à 1 euro tous les premiers week-ends du mois

Alors que l’État baisse à partir du 16 novembre ses aides sur le prix de l’essence, la présidente de la Région Occitanie Carole Delga (PS) appuie sur la pédale ferroviaire. Après avoir expérimenté durant deux week-ends tous les billets de TER à 1 euro, elle annonce le 15 novembre que cette tarification incitative sera désormais valable tous les premiers week-ends du mois et ponctuellement dans les zones soumises à des pics de pollution. Elle déploie également une aide au covoiturage. L’élue estime ainsi apporter une réponse concrète à la fois à la crise sociale et à la crise climatique.
Cécile Chaigneau
En Occitanie, à compter du week-end des 3 et 4 décembre prochains, les billets de TER seront à 1 euro tous les premiers week-end de chaque mois.
En Occitanie, à compter du week-end des 3 et 4 décembre prochains, les billets de TER seront à 1 euro tous les premiers week-end de chaque mois. (Crédits : Sébastien Pouchard - Région Occitanie)

Ce n'est plus une information : l'axe ferroviaire, c'est l'un des axes prioritaires de la politique de Carole Delga. Depuis six ans, la présidente (PS) de la Région Occitanie multiplie les actions pour encourager les déplacements par le rail, notamment par des tarifications incitatives. C'est sa réponse, estime-t-elle, à la fois à la crise sociale (inflation, contexte énergétique, hausse des prix de l'essence et effondrement du pouvoir d'achat) et à la crise climatique.

En octobre dernier, alors que la pénurie d'essence gagnait le pays comme une tâche d'huile, la collectivité régionale, qui pilote les politiques en matière de transport par trains express régionaux (TER, appelés les trains liO en Occitanie), avait ouvert une opération de billets à 1 euro sur l'ensemble des lignes liO durant deux week-ends (les 15 et 16 octobre et les 22 et 23 octobre). Une mesure qui se voulait exceptionnelle et qui a rencontré un bel engouement chez les usagers, selon la présidente de Région qui en fait le bilan : « Plus de 250.000 voyageurs (dont 182.000 billets à 1 euro, NDLR), soit un trafic cinq fois plus important que d'ordinaire, ce qui signifie 650.000 litres de carburants économisés et 1,5 million de tonnes de CO2 évités ».

Pour faire face à cet afflux exceptionnel d'usagers, 43.000 places supplémentaires ont été ouvertes à la vente par la SNCF.

« Il existe une vraie envie de prendre le train pour des raisons écologiques, et ce qui manquait, c'est l'incitation financière », souligne-t-elle, annonçant, le 15 novembre, qu'elle « transforme l'essai ».

Pas d'augmentation du billet TER en 2023

Alors que l'État baisse à partir du 16 novembre ses aides sur le prix de l'essence, cette tarification incitative sera étendue, à compter du week-end des 3 et 4 décembre prochains, à tous les premiers week-end de chaque mois, « en dehors de juillet et août qui bénéficient déjà d'un millions de billets à 1 euro sur les lignes liO », indique Carole Delga. Plus précisément, la Région Occitanie propose déjà des opérations de billets à 1 euro tout au long de l'année (soit 1,6 millions au total) : suivant le remplissage des trains, durant l'été (du 14 juillet au 15 août) pour les jeunes, pendant les week-ends du mois de juin et septembre pour tous les usagers.

« Nous allons en faire une politique définitive, qui s'inscrit dans un plan d'action comprenant déjà les trajets domicile-travail à moins d'1 euro pour les salariés, la gratuité pour les moins de 26 ans, ou une tarification allant jusqu'à moins 50% pour les plus de 60 ans, rappelle l'élue. En Occitanie, nous avons le train le moins cher de France ! Et j'annonce qu'il n'y aura pas d'augmentation du prix du billet de TER en 2023 en Occitanie en raison des augmentations des coûts de l'énergie. C'est la 5e année que nous n'augmentons pas, privilégiant une tarification incitative. »

Une bonne nouvelle pour les voyageurs des lignes régionales, alors que Clément Beaune, ministre des Transports, a demandé le 7 novembre dernier à la SNCF de « travailler en matière de prix des billets sur un bouclier tarifaire » pour protéger les plus modestes...

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Le dispositif tarifaire à 1 euro sera également déployé lors des pics de pollution à partir de 2023 : « Quand il y a un pic de pollution, c'est souvent sur un ou plusieurs département : tous les trains qui entrent ou sortent de cette zone seront à 1 euro et l'alerte sera déclenchée la veille au plus tard », explique Philippe Bru, directeur régional de SNCF Voyageurs Occitanie.

Donner le goût du train

L'objectif de la Région avec l'extension de ce dispositif est « de générer près d'1 million de billets à 1 euro supplémentaires », contribuant ainsi à l'ambition régionale d'atteindre les 100.000 voyageurs en moyenne par jour sur le réseau de trains régionaux liO (contre 70.000 actuellement).

Pour développer sa nouvelle offre, la collectivité annonce consacrer quelque 2 millions d'euros. Mais elle mise sur les nouvelles habitudes que prendront les usagers, indiquant que la hausse de la fréquentation des lignes liO a permis d'augmenter les recettes de 20% sur le 1er semestre 2022.

« La question du coût du train existe de toute façon, ajoute Carole Delga. Avant, nous faisions circuler des tarins qui n'étaient pas remplis. Nous voulons faire un choc de l'offre pour générer de la demande. Ces week-ends à 1 euro le billet engendrent des pertes mais ils créent une habitude du train et ils amènent des recettes croissantes. Un week-end à 1 euro, c'est un déficit de moins de 200.000 euros et la négociation est sur la répartition avec la SNCF. »

A la SNCF Voyageurs, Philippe Bru renchérit : « Cette opération permet de découvrir le train : 20% des personnes qui ont pris le train ces week-ends-là ne l'avaient jamais pris, et la moitié des gens n'auraient pas bougé ou auraient pris la voiture, ce qui est bon pour le bilan carbone. 40% le font pour le tourisme. Et c'est un gain de pouvoir d'achat... L'Occitanie est la région de France qui a le plus fort taux de croissance de fréquentation : + 27% depuis 2019, contre 2 à 3% de moyenne nationale.  Le train à 1 euro, c'est plus de clients pour plus de recettes - + 9,8% -, et des gens qui ensuite dépensent plus dans l'économie locale, en moyenne 50 à 100 euros ».

La présidente de Région indique qu'elle s'apprête à proposer aux professionnels régionaux du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration de faire, dans trois mois, un bilan de l'évolution de la fréquentation touristique durant les week-ends à 1 euro pour en mesurer l'impact.

Soutenir le covoiturage

La collectivité propose, parallèlement, une autre mesure pour les mobilités du quotidien : une nouvelle aide dédiée au covoiturage, qui s'adresse aussi bien au passager qu'au conducteur, pour les déplacements inférieurs à 30 km. 


Des conventions ont été passées avec plusieurs plateformes de covoiturage (Mobicoop, Karos, Atchoum, Klaxit et BlaBlaCar Daily). Pour des trajets réservés sur ces outils, Jean-Luc-Gibelin, vice-président chargé des mobilités  et des infrastructures de transports à la Région, indique que « pour les passagers, la Région participe à hauteur de 10 cts par km, avec un plafond de 2 euros par trajet, et pour les conducteurs, la Région garantit un minimum de 2 euros par trajet et complète si besoin ».

Selon l'élu, environ 100.000 euros sont injectés par la collectivité.

Pas de pénurie de conducteurs de train en Occitanie

Faire rouler des trains, oui. Mais quid des conducteurs pour les piloter, dont la pénurie se fait durement sentir un peu partout sur le territoire national ? Partout sauf en Occitanie, si l'on en croit les précisions données lors de la conférence de presse du 15 novembre.

Avec sa casquette de présidente des Régions de France, Carole Delga assure qu'il y a « moins de difficultés en Occitanie qu'ailleurs, notamment en Ile-de-France ». Selon elle, le Pacte pour l'embauche (un ensemble de solutions concrètes et un partenariat avec 50 partenaires publics et privés) qu'a déployé la Région et dont est partenaire la SNCF y fait beaucoup : « Nous menons des actions depuis février avec la SNCF, par exemple le dispositif "au pied des immeubles" dans les quartiers défavorisé, et elles ont permis des recrutements et des formations ».

« Nous anticipons et accompagnons cette croissance de trafic, ajoute Philippe Bru. Nous avons 400 recrutements à venir sur 2023 sur tout le territoire d'Occitanie. Nous recruterons notamment 50 conducteurs en 2023, après les 40 en 2022. »

Face à la pénurie nationale de conducteurs SNCF, le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a promis le 7 novembre dernier d' « accélérer les formations et les recrutements ».

Cécile Chaigneau

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