Grands chantiers 2023 de Montpellier : Michaël Delafosse promet « du rythme »

Sans surprise vent debout contre les réformes des retraites ou de l’assurance-chômage, l’élu socialiste montpelliérain Michaël Delafosse défend une politique en faveur de ses administrés, et notamment des plus précaires. Le 11 janvier, en guise de rentrée, il a présenté les enjeux et échéances de l’année 2023 : mobilités, urbanisme, développement économique. L’élu, concentré sur son engagement montpelliérain, ne rechigne pour autant pas à se positionner dans le débat à gauche.
Cécile Chaigneau
Michaël Delafosse, le maire (PS) de Montpellier et président de la métropole, promet du rythme en 2023.
Michaël Delafosse, le maire (PS) de Montpellier et président de la métropole, promet "du rythme" en 2023. (Crédits : DR)

« En 2023, il va y avoir du rythme ! », promet Michaël Delafosse, le maire (PS) de Montpellier et président de la métropole.

Alors qu'il était attendu ce mercredi soir 11 janvier pour une cérémonie de vœux institutionnels, l'édile avait invité la presse à un long échange sur les enjeux 2023 des deux collectivités.

  • Mobilités : tram, bustram et gratuité

Ça va bouger logiquement sur les mobilités. Enjeu majeur du mandat de Michaël Delafosse, le sujet se décline sur plusieurs chantiers et l'élu annonce quelques échéances pour 2023.

« Le 20 janvier, j'accueillerai la ministre de la Culture pour dévoiler le design de la future ligne 5 du tramway, qui est le chantier le plus important du territoire, et le plus important financièrement, rappelle-t-il. Et en juin, enfin, les premiers rails seront posés au nord de la ville, du côté de Saint-Eloi. »

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Interrogé sur l'impact de l'augmentation du coût des matières premières et de l'énergie sur ce colossal chantier, l'élu assure que la collectivité est « dans l'emprise des enveloppes » : « Pour le tramway, nous réalisons une économie de près de 40 millions d'euros sur l'acquisition des rames auprès de CAF (l'appel d'offres pour l'acquisition de 77 nouvelles rames de tramway a été attribué au constructeur ferroviaire espagnol CAF Urbos, NDLR). Je rappelle que la principale dérive, dans ce type de projet, ça a plutôt été l'inaction, l'errance sur le temps ! La ligne 5 aurait dû être livrée en 2017 et on aurait été autour de 350 ou 360 millions d'euros. Aujourd'hui, on est à 450 millions d'euros ! ».

C'est en 2023 que sera également lancé l'appel à projet pour le design des futurs bustram, dont les travaux devraient être présentés en juillet pour un démarrage en fin d'année.

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Enfin, le grand engagement politique de Michaël Delafosse, c'est la gratuité des transports en commun sur le territoire métropolitain. Après la gratuité pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans déjà à l'œuvre, c'est l'ensemble des habitants de la Métropole qui en bénéficieront fin 2023.

« Fin 2023, la métropole de Montpellier aura le plus grand réseau de transport d'Europe à appliquer la gratuité, il y a là un petit esprit de surdouée qui souffle », se réjouit l'élu, faisant là référence à « Montpellier la surdouée », nom qu'avait attribué Georges Frêche à la capitale languedocienne.

Et il tacle au passage la présidente de Région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR) : « Mme Pécresse augmente le prix du Pass Navigo, et nous, nous faisons la gratuité des transports... ».

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  • RER métropolitain

Comme il s'en était déjà expliqué quand le président Emmanuel Macron avant lancé le projet des RER métropolitains, en novembre dernier, Michaël Delafosse rappelle que Montpellier a « la plus forte croissance démographique ces 50 dernières années » mais déplore l'absence de rocade ou d'étoile ferroviaire, et donc d'investissements par le passé. Et il confirme sa position.

« J'ai rendez-vous à l'Elysée la semaine prochaine et je vous confirme que nous sommes bien dans la liste des 13 territoires engagés sur le RER métropolitain. Mais pas à l'image des RER parisiens. On peut accélérer le chantier LGV pour mieux cadencer le TER, pour nous accompagner pour faire des bus à haut niveau de service vers le nord de la métropole, pour mettre fin à des ruptures de charges... Parfois il faut du rail, parfois des lignes de tramway. »

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  • Agence de développement économique : on y est presque

L'élu est très attendu sur la création d'une agence de développement économique, dont il parle depuis son élection en 2020 et qui se fait attendre. Il plaide le temps nécessaire à rassembler les territoires voisins avec lesquels il souhaite établir des coopérations économiques.

« Les intercommunalités seront au conseil d'administration, ce qui explique ce temps long car elles doivent délibérer sur cette question (pour l'heure les Communautés de communes de la Vallée de l'Hérault, du Lodévois l'ont voté, NDLR), explique Michaël Delafosse. L'agence devrait pouvoir être créée en mars prochain... Avec quatre grandes missions : coopération, transition, accélération et internationalisation. Il faut notamment aider les entreprises à grandir et à passer le cap des 10, 20, 50 salariés. L'agence fournira de l'ingénierie... Par ailleurs, l'agence de développement économique, ce n'est pas que l'attractivité. La transition écologique, c'est l'affaire de tous, pas uniquement celle des collectivités, donc l'agence prendra une responsabilité sur ce sujet et accompagnera les entreprises pour mener leur transition et décarboner le territoire. »

L'élu précise que l'agence ne portera pas de véhicules financiers, compétence plutôt dévolue à la Région, mais développera de l'ingénierie. Et il rassure le Medef, dont le président déclarait la veille vouloir être partie prenante de l'agence : « Oui, ce sera le cas et nous allons travailler maintenant davantage sur la gouvernance ».

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  • Urbanisme : le PLUI (très) attendu

Si 2022 aura été l'année du choc de l'offre avec 8.000 logements annoncés pour les deux années à venir, 2023 est attendue comme celle du PLUI-Climat qui ordonnancera et calibrera les futures opérations d'urbanisme. Selon Michaël Delafosse, il pourrait être adopté fin 2023, mais l'élu prépare déjà les esprits à un éventuel retard, pour un atterrissage début 2024.

« Nous prévoyons la réduction de 25% de l'artificialisation des sols par rapport à ce qui était prévu, ce qui est un choix très volontariste, annonce-t-il. Il sera très ambitieux. Et il y aura beaucoup de réinvestissement urbain. »

C'est aussi en 2023 que seront présentés les premiers lauréats des Folies architecturales, lors du MIPIM du 14 au 17 mars prochains à Cannes : « Je veux que notre ville soit hospitalière à la créativité. Aujourd'hui, d'autres maires ont envie de se lancer dans cette aventure ! ».

Quant à l'agence de l'urbanisme, elle aussi attendue et qui aura vocation à décliner une stratégie à l'échelle de l'aire urbaine de Montpellier, il faudra encore patienter, au moins jusqu'en 2024, voire en 2025. « Priorité au PLUI et après, on verra ! », lance l'élu.

  • MIN, ZFE

L'édile a apporté quelques éléments d'information sur quelques dossiers en cours. Ainsi, une étude sur l'extension du MIN vient-elle d'être rendue : « Nous présenterons un schéma de modernisation du MIN. Ce que nous aimerions, c'est pouvoir rouvrir la voie de chemin de fer, qui se connecte à l'actuelle voie ferrée, pour travailler la logistique ».

Une feuille de route pourrait être acté d'ici l'été prochain, « avec un plan d'investissement « assez lourd pour les 15 ou 20 ans à venir », précise le directeur général des services Olivier Nys.

Concernant la ZFE qui commence à se déployer, Michaël Delafosse indique ne pas avoir les moyens de contrôle pour le moment : « Quand on les aura, en 2024 si on en croit ce que nous dit l'Etat, nous mettrons des radars de contrôle là où la qualité de l'air est la plus dégradée ».

  • Quelques rendez-vous clés sur l'agenda 2023

Sur l'agenda de l'année 2023 figurent quelques rendez-vous clés et échéances attendues.

Ainsi, les auditions des prétendants au label Capitale européenne de la culture 2028, dont celle de Montpellier-Sète, démarreront en février, pour une annonce du lauréat fin décembre.

Et Michaël Delafosse promet une présentation « dans les deux mois » du très attendu dossier du stade Louis Nicollin, dont le permis de construire pourrait être délivré fin 2023.

  • Politique : Macron-compatibilité, PS, ...

Sur la dimension politique de son engagement, l'élu montpelliérain est intarissable. Interrogé sur sa « Macron-compatibilité » alors qu'une grand part des électeurs montpelliérains ont voté NUPES aux législatives par exemple, Michaël Delafosse se défend : « Je suis très fier d'avoir reçu le chef de l'Etat à deux reprises. Ça a permis d'obtenir une grosse rallonge ANRU pour la rénovation de quartiers où vivent des gens dans la précarité, ou encore d'organiser le Sommet Afrique-France... Sommes-nous dans une situation de délaissement des plus modestes ? La Métropole est l'un des territoire qui engagent le niveau le plus important de redistribution : gratuité des transports, investissements pour l'école publique avec notamment 800.000 euros pour le plan de soutien scolaire, dotations pédagogiques pour les professeurs qui ont été augmentées de 25% par la municipalité, 64% des gens qui bénéficient d'une réduction des tarifs de cantine, résorption des bidonvilles, tarif d'éco-responsabilité de l'eau avec les 15 premiers m3 gratuits, encadrement des loyers, permis de louer, lutte contre les logements insalubres, stabilité du taux d'imposition depuis 2020 sur la taxe foncière, etc. ».

Alors que son parti s'est réduit comme peau de chagrin et a perdu de sa superbe, l'élu socialiste se veut un contributeur engagé du débat à gauche tout en restant concentré sur son engagement montpelliérain uniquement. Celui qui annonce soutenir la candidature du maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, aux élections du futur premier secrétaire du parti le 12 janvier prochain, enfonce le clou de la fidélité, quelle que soit l'issue du scrutin.

« Je suis au PS depuis 1993, je suis le dernier dinosaure ! C'est mon histoire, ce serait dur pour moi de partir. Je n'appartiens pas à un appareil, je relève d'un grand courant d'idées. Il y a beaucoup de travail à venir pour la gauche en Europe. Ce n'est pas trop notre temps en ce moment, mais il faut bien qu'il y en ait qui gardent la lumière allumée ! Nous n'empêcherons la victoire de Marine Le Pen que si on est clair ! Si la gauche flirte avec le populisme, c'est l'autre populisme qui gagne... »

L'élu reste très ferme sur ses engagements en faveur de la laïcité. Invité dimanche 15 janvier à une visite mémorielle d'Auschwitz par le Mémorial de la Shoah, celui qui est co-référent laïcité à l'Association des maires de France, annonce vouloir œuvrer pour que tous les élus de la République puissent aller à Auschwitz afin de mieux en parler. Il fera une proposition en ce sens lors du prochain congrès des maires.

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