Économies d’eau : comment l’Etat et les maires s’engagent dans les Pyrénées-Orientales

Face à la situation de sécheresse prononcée dans le département, l’association des maires des Pyrénées-Orientales et l’État lancent une charte d’engagement volontaire pour faire réaliser des économies d’eau aux communes. Et accentuer l’acceptabilité des mesures de restriction.
Edmond Jorda, président de l'association des maires des Pyrénées-Orientales.
Edmond Jorda, président de l'association des maires des Pyrénées-Orientales. (Crédits : Yann Kerveno)

La sécheresse qui frappe les Pyrénées-Orientales pousse le territoire dans ses retranchements. L'association des maires du département et l'État s'allient pour inciter aux économies en proposant une charte d'engagement volontaire. Le pari et l'initiative sont originaux : parvenir à une acceptation plus grande des efforts à produire pour limiter la casse.

« Nous faisons le pari qu'il est plus efficace, en termes d'acceptation par la population, de faire porter ces engagements au niveau local, celui des communes, que par une simple cascade de décisions et d'arrêtés descendante, résume Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales. Nous faisons confiance aux maires, qui sont les représentants de la République pour construire des solutions de terrain avec les populations. »

Une posture qu'Edmond Jorda, président de l'association des maires des Pyrénées-Orientales, valide : « Les élus et les communes ont un rôle important à jouer dans cette crise, un rôle de communication, d'exemplarité et d'efficacité ».

Arroser les jardins vivriers

La charte comprend ainsi neuf articles qui vont du signalement de toute tension sur l'approvisionnement en eau potable au déploiement d'un plan d'économie d'eau pour les installations municipales, en passant par le lancement d'une "concertation territoriale" avec la population et les acteurs économiques, ou encore l'aide à l'installation de récupérateurs d'eau de pluie et de « tout système individuel d'économie d'eau potable ».

Edmond Jorda précise qu'un vade-mecum sera adressé avec la charte pour proposer des actions simples, pouvant aller « de la récupération des eaux de débordement de piscine à l'installation de blocs dans les chasses d'eau pour diminuer le volume, et à la récupération des eaux grise ».

La charte est aussi une réponse en creux aux récriminations souvent émises à propos des mesures de restriction en place depuis l'été dernier qui interdisent l'arrosage de jardins particuliers.

« L'adoption de la charte et le respect d'un certain nombre d'engagements ouvriront la voie aux communes à l'obtention d'une dérogation locale pour l'arrosage des jardins vivriers, uniquement des potagers donc », précise Rodrigue Furcy.

« C'est important alors qu'en ces temps d'inflation, le potager apparaît pour nombre de foyers comme une ressource indispensable », ajoute le président de l'association des maires.

Solution provisoire

Du côté de l'eau potable, la situation est surveillée de près dans une petite vingtaine de communes. Pour les quatre communes régulièrement concernées par des ruptures d'approvisionnements depuis deux ans - Bouleternère, Saint-Michel de LLotes, Corbères et Corbères-les-Cabanes -, une solution provisoire a cependant été trouvée alors qu'il ne reste plus que quelques jours de réserves dans la nappe phréatique et que la recharge habituelle, par les canaux, ne peut plus s'effectuer à cause des restrictions. Durant tout l'hiver, ce sont deux millions de mètres cubes d'eau qui ont été déviés des canaux pour cette recharge.

Le 28 mars dernier, une convention a été signée entre le syndicat intercommunal d'eau potable et l'association syndicale autorisée (ASA) de Saint-Anne qui permet d'irriguer une quarantaine d'hectares à Bouleternère, pour partager l'eau jusqu'ici dévolue à l'agriculture avec le réseau d'eau potable, et ainsi compenser les faiblesses du forage dédié à l'eau potable le temps de trouver une solution pérenne.

Dépôts des plans avant le 25 avril

Quant aux substitutions d'usage, elles sont à l'étude : « Nous étudions une dizaine de situations pour la mise en place assez rapide d'une réutilisation des eaux de station d'épuration, mais il y a encore des questions administratives qui doivent être résolues », préconise Rodrigue Furcy.

Il y a quelques semaines, la commune d'Argelès-sur-Mer avait annoncé vouloir réorienter un million de mètres cubes de sa station d'épuration vers les usages agricoles...

Le calendrier est serré. D'ici au 25 avril, les différents secteurs ainsi que les mairies auront déposé en préfecture leurs plans d'actions pour réaliser des économies. Plans dont la pertinence et l'effet seront analysés avant le prochain comité sécheresse prévu le 27 avril pour décider, ou non, de restrictions supplémentaires.

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