1ères Rencontres de la nouvelle région : le monde économique dans l'expectative

Le monde économique et les chefs d’entreprises en particulier sont aux aguets. Que ressortira-t-il de la fusion des régions ? Quelle sera la valeur ajoutée pour le tissu économique ? Quels relais administratifs pour accompagner les entreprises ? Autant de questions qu’ils sont venus poser lors des 1ères Rencontres de la nouvelle région le 4 mai à Montpellier.
Cécile Chaigneau
La 2e table ronde a donné la parole aux acteurs économiques des deux régions.

Comment transformer l'essai et optimiser les synergies du monde économique dans le cadre de la fusion des régions qui se prépare à l'horizon du 1er janvier 2016 ? Le monde institutionnel et le monde économique se préparent à cette mutation majeure qui va immanquablement entraîner de nombreux bouleversements dans l'organisation des services de l'État, de la Région et des entreprises elles-mêmes. Les questions et  interrogations des chefs d'entreprises sont nombreuses.

Les 1ères Rencontres de la nouvelle région Languedoc-Roussillon /Midi-Pyrénées organisées le 4 mai 2015 à Montpellier par Objectif Languedoc-Roussillon et Objectif News ont convié des chefs d'entreprises des deux régions à témoigner des perspectives pour leur activité mais aussi à interroger sur les potentiels et sur les problématiques que posera cette réforme territoriale d'envergure.

De part et d'autres, les acteurs économiques affichent un discours en adéquation (en tout cas apparente) avec les politiques : pas question de jouer la concurrence mais au contraire, favoriser les complémentarités et les potentialités en s'appuyant sur un territoire plus fort et plus visible à l'international.

C. Carniel et E. Mouton

« Nous attendons de cette fusion plus de potentialités, d'outils, déclare d'emblée Emmanuel Mouton, P-dg de Synox, une entreprise spécialisée dans l'internet des objets, implantée à Toulouse et à Montpellier. La nouvelle Région ne doit pas nous mettre de bâtons dans les roues. Nous avons besoin d'une région forte, d'une image forte pour avoir une légitimité à l'international. »

« L'enjeu, ce n'est pas de faire jouer la concurrence, mais d'avoir deux dynamiques et d'en tirer l'efficience maximum afin d'être visible, renchérit Christophe Carniel, président Transferts LR et P-dg de Vogo. J'attends de cette fusion que les moyens soient efficients : que la région soit attractive, me permette d'avoir encore plus de laboratoires de recherche avec lesquels travailler, des universités pour avoir accès à des gens compétents, que je puisse financer mon entreprise localement. »

Overdose de réglementation

Mais à ce stade de la réforme, des inquiétudes subsistent chez les chefs d'entreprises, dont s'est fait écho Daniel Eclache, P-dg de Phodé Laboratoires à Albi (81) et président du Medef du Tarn.

« Les hommes politiques ne comprennent rien au monde économique ! s'emporte-t-il, regrettant que les élus ne viennent pas assez dans les entreprises. Notre grande région est un atout. Mais en effet, cinq ans pour la mettre en œuvre comme l'annoncent les élus, c'est impossible. Le personnel politique rêve ! Et créer une institution pour les cinquante ans à venir, c'est invraisemblable. Notre pays perd des places et nos hommes politiques sont contents... Une de nos préoccupations majeures, c'est la réglementation de notre pays, devenue aberrante. Et j'ai peur que les grandes régions soient génératrices d'encore plus de réglementations au lieu d'être des facteurs de soutien aux entreprises. »

Patrons toulousains

Autre inquiétude manifestée vivement par Bertrand Girard, président du directoire de Val d'Orbieu (groupe coopératif viticole audois) : « Ce qui m'interroge, c'est la méthode : on ne fait rêver personne, on ne dit pas ce qu'on veut faire de cette future région... Quel est le projet ? Comment va-t-on marketer cette région ? Je n'ai rien entendu... »

Aéronautique : des perspectives pour Montpellier ?

Les chefs d'entreprises posent également la question de la proximité avec les services de l'État et de la Région ou avec les structures de soutien aux entreprises : continueront-ils à trouver des relais sur les territoires ?

« Nous sommes habitués à travailler tous ensemble depuis l'origine des pôles, et la fusion des régions est une vraie opportunité, même s'il y a des craintes, commente ainsi Antoine Jouin, directeur général du Pôle de compétitivité Aérospace Valley. La question, c'est comment garantir cette présence dans les territoires pour aider les PME ? »

Bonne nouvelle pour le Languedoc-Roussillon : Antoine Jouin évoque la nécessité de renforcer la sous-traitance d'Airbus sur le territoire afin de maintenir la compétitivité du géant de l'aéronautique, et donc la possible extension du réseau des sous-traitants à Montpellier et sa région.

La région met d'ailleurs volontiers en avant la dynamique de son écosystème de la recherche et de l'innovation comme atout majeur de son développement économique.

Une synergie à venir qui s'illustre déjà dans les perspectives à venir : « La nouvelle région est une bonne chose car elle offrira des moyens massifiés et plus d'entreprises intéressées par la R&D », affirme Nicolas Cormouls-Houlès, P-dg Menguy's (produits pour l'apéritif) à Toulouse, très attaché à l'innovation.

Fusées du Languedoc-Roussillon

Face à l'aéronautique, poids lourd économique de la région Midi-Pyrénées, la région Languedoc-Roussillon met en avant le secteur du tourisme, « 7 Mds € de recettes, 15 millions de touristes », rappelle Bernard Sauvaire, président du directoire Yelloh Village (groupe gardois de campings franchisés).

B. Sauvaire (Yelloh! Village)

« Nous sommes les fusées du Languedoc-Roussillon, plaisante-t-il. Mais la nouvelle région pour nous est un non événement... Ce qu'il nous faut, ce sont des autorisations pour agrandir nos entreprises. Ce n'est pas dans les prérogatives de la Région mais des communes, sous le contrôle du préfet. Il n'y a plus de sols, ils sont tous figés ! On est un peu gênés aux entournures, alors que notre secteur ne demande qu'à se développer. »

Mais il annonce d'ores et déjà que son secteur n'utilisera pas le nouveau nom de la région comme argument commercial : « Nous, ce qu'on vend, c'est la Méditerranée, les pieds dans l'eau, le soleil, le vin, la Provence, la Camargue... »

Crédits photos : Edouard Hannoteaux

Cécile Chaigneau

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Commentaires 3
à écrit le 05/05/2015 à 10:16
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Avant de mettre un nom sur un produit...il faut créer le produit :-) Je rejoins l'avis de beaucoup de chefs d'entreprise : quelle vision pour notre future région? quelles ambitions? quels moyens?

le 05/05/2015 à 16:15
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On est là dans une réforme typiquement française par son dogmatisme. Le nombre ou la taille des régions n'est pas un objectif en soi. On connaît de minuscules territoires qui sont extrêmement performants sur le plan économique et des très gros dont l...

à écrit le 05/05/2015 à 9:03
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Cette nouvelle grande région s'appelle, OCCITANIE !

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