Fusion des régions : opportunité ou danger pour les Pyrénées-Orientales ?

Le Club de l’éco, organisé par Objectif Languedoc-Roussillon, a réuni plus de 150 personnes, le 29 octobre à Perpignan, sur la question du devenir des P-O dans la grande région. Les 7 intervenants ont tracé des voies d'avenir pour le territoire dans ce paysage chamboulé.
Ce Club de l'éco a réuni plus de 150 participants.

« La question ne se pose plus ! » Voilà finalement un avis partagé par la plupart des intervenants rassemblés à l'Université de Perpignan Via Domitia, jeudi 29 octobre, pour le nouveau Club de l'éco, organisé par Objectif Languedoc-Roussillon avec la Fondation UPVD.

« Ce n'est plus la peine de s'interroger sur les risques de la fusion puisque c'est voté », résume Jean Roque, le président délégué à l'ingénierie économique des territoires du Conseil départemental des PO. L'important, c'est de regarder ce que nous allons faire de ça ».

Regarder, le mot est bien choisi car précisément, « tout est une question de point de vue », estime Fabrice Lorente, le président de l'UPVD. Le chercheur qu'il est voit dans cette fusion une opportunité : elle va faciliter des échanges déjà existant avec la métropole toulousaine et surtout elle « permettra de bénéficier plus que jamais des fonds européens ».

Frontières dérisoires ?

 «Dans l'univers de la recherche, les limites du Languedoc-Roussillon ne nous parlent pas. Nos activités dépassent ces frontières », lance le président de l'UPVD.

Un constat qui n'est pas propre à ce secteur d'activité.

« Nous produisons des légumes que nous commercialisons dans vingt pays. Dans ce contexte, il est facile d'imaginer que l'évolution des frontières régionales ne nous impactent pas directement », admet Jean Sales, le président de la Maison Sales.

Même écho de la part de Henri Quinta, dirigeant des Toiles du Soleil (Saint-Laurent-de-Cerdans, 66):

« Nous avons quelques points de ventes régionaux mais notre politique de développement est orientée vers l'international ».

Les frontières régionales, un concept superflu ? La mise en perspective historique renforcerait ce point de vue. « Les régions telles que nous les connaissons aujourd'hui ne datent seulement que de 1972 », fait remarquer Fabrice Lorente. Le président de l'UPVD fait référence à la loi du 5 juillet 1972 qui organise les régions avec la création des Établissements publics régionaux.

Échange capital

Le sujet apparaît tout aussi relatif sous l'angle géographique.

« Depuis Perpignan, Montpellier donne l'impression d'être une métropole hégémonique dans la région. Vu de Toulouse, cette vision s'inverse et le Languedoc-Roussillon apparaît comme une région bien plus équilibrée que Midi-Pyrénées avec la présence de villes moyennes en réseau sur tout le territoire », constate Marie-Thérèse Mercier, la présidente du Medef Montpellier-Sète-Centre Hérault.

Question réseau, les Pyrénées-Orientales ont un atout de taille dans la future grande région, note Jean-Marc Pujol, le maire de Perpignan et le président de la Communauté d'agglomération Perpignan Méditerranée.

« Nous sommes un territoire attractif pour les Toulousains qui depuis longtemps viennent séjourner en pays Catalan et au fil du temps des liens culturels forts se sont tissés entre les populations», constate l'élu.

Se distinguer, mais...

Culture et identité eurent évidemment droit de cité lors du débat. « Nous devons travailler sur notre identité afin d'en dégager des pistes de spécialisation territoriale », estime Jean Roque. « Quelles sont les filières intéressantes dans lesquelles nous pourrions être chef de file ? », demande Marie-Thérèse Mercier.

« Attention !, prévient tout de même Laure Ortiz, la présidente de Sciences Politiques Europe et spécialiste des institutions. « Il faut se garder de penser la régionalisation en termes de spécialisation. Il n'y a qu'à regarder Toulouse dont l'obsession aujourd'hui est de développer des pôles alternatifs : sa spécialisation dans le secteur de l'aéronautique est un atout autant qu'une faiblesse car elle créé de trop fortes dépendances. »

Avant de parler spécialisation, la future région doit « se penser en termes de partenariat », estime la professeur de Sciences Politiques Toulouse. Le futur Conseil régional sera-t-il le lieu pour organiser cette coopération ? « Rien n'est moins sûr », selon elle.

Métropole vs zone rurale

 « Pour que la fusion des régions soit une opportunité, il aurait fallu qu'existe un pouvoir régional, analyse-t-elle. Or dans les faits, le rôle de coordination qu'on lui confie est une coquille vide. Les économistes sont loin d'être convaincus sur le fait que les régions deviennent un pôle de développement économique. Ce sont les métropoles qui tiennent de plus en plus ce rôle. »

L'équité territoriale apparait dès lors comme l'un des enjeux forts de la réforme des régions, explique en substance Laure Ortiz. Quid des zones rurales ? Les apparences pourraient être trompeuses car, comme le souligne Jean Sales, « avec 14 milliards d'euros de chiffres d'affaire, l'agro-alimentaire sera le premier pôle économique de la grande région et ce secteur d'activité devrait tout d'un coup revenir sur le devant de la scène ».

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Commentaire 1
à écrit le 02/11/2015 à 21:15
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Cette réforme arrive avec 40 ans de retard. Comme évoqué lors de cette conférence l'échelon qui compte aujourd'hui dans le monde, c'est la métropole... L'échelon régional est has been et va recréer de la concentration autour des capitales régionales....

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