L’Occitanie est-elle sur la carte de France de François Fillon ?

Par Marie Corbel  |   |  797  mots
Le candidat des Républicains à l’élection présidentielle souhaite revoir la délimitation des régions appliquée depuis le 1er janvier 2016 dans le cadre de la réforme territoriale. Parmi les cibles de cette révision figure l’Occitanie. Yves d’Amécourt, porte-parole national de François Fillon, précise le projet du candidat.

« Parmi les nouvelles régions, certaines sont équilibrées, nous les conserverons, certaines sont notoirement trop vastes. Il faudra les réduire. » Tel est l'un des points du programme de François Fillon. Et parmi lesdites régions « trop vastes » figurent l'Occitanie.

« Il faudra revoir le redécoupage des plus grandes régions et cela concerne notamment la Nouvelle-Aquitaine, l'Auvergne-Rhône-Alpes et l'Occitanie », confirme Yves d'Amécourt, porte-parole national de François Fillon délégué aux territoires, contacté par Objectif Languedoc-Roussillon le 12 décembre.

Cette révision vise à « revoir le découpage à la marge, en bordure des régions », c'est-à-dire les territoires qui se trouvent en position excentrée par rapport aux nouveaux centres de décision.

A priori, rien de nouveau

Dans le cas de l'Occitanie, Yves d'Amécourt cite le cas du Gard où « les gens se sentent divisés entre l'Occitanie et Paca ». Mais l'élu girondin évoque également les Pyrénées-Orientales « où les gens se posent des questions » et le Gers.

Sous cet angle, la proposition de François Fillon ne bouleverse pas la réforme territoriale engagée en janvier 2014 par François Hollande : la loi procédant au redécoupage des régions prévoit une disposition qui permet à un département de quitter une région pour une autre dans certaines conditions.

« Un département et deux régions contiguës peuvent demander, par délibérations concordantes de leurs assemblées délibérantes, adoptées à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés, une modification des limites régionales visant à inclure le département dans le territoire d'une région qui lui est limitrophe », indique le texte de la loi n°2015-29 du 16 janvier 2015 (article 3-I-2°).

Les départements consultés

Néanmoins, sous l'impulsion d'une volonté politique en faveur d'un nouveau redécoupage des régions, ces modifications « à la marge » pourraient prendre une toute autre dimension. Davantage proactif que le texte législatif, François Fillon envisage d'organiser des consultations sur le territoire.

« Nous prendrons le contre-pied de la démarche de François Hollande en consultant les élus du territoire et notamment ceux des départements », précise Yves d'Amécourt. Le calendrier sur ce sujet n'est pas encore défini mais l'objectif sera de mettre en évidence le sentiment des départements vis-à-vis de leur appartenance aux différentes régions.  »

Ce débat pourrait faire émerger des velléités d'indépendance dans des départements  qui ne sont pas limitrophes d'une autre région. En d'autres termes et dans le cas de l'Occitanie, ce n'est pas seulement le Gard qui pourrait soulever la question d'un départ d'Occitanie mais aussi certains élus héraultais désireux de retrouver leur place centrale dans l'ancienne région Languedoc-Roussillon. D'ailleurs, Philippe Saurel, le maire et président de la Métropole de Montpellier s'est récemment exprimé dans ce sens dans la presse régionale.

Retour vers le Languedoc-Roussillon ?

Sous cet angle, le projet de François Fillon ne serait pas qu'une évolution « à la marge » qui maintiendrait constant le nombre de région car il occasionnerait la renaissance d'ancienne région.

Interrogé sur cette perspective, Yves d'Amécourt botte en touche mais laisse entrevoir la possibilité qu'une région Languedoc-Roussillon renaisse de ses cendres.

« Je ne suis pas sur place, indique-t-il. Tout dépendra de la volonté des territoires de revenir au Languedoc-Roussillon ou pas. Il faut s'affranchir des raisonnements purement politiques. La question à se poser est "Où sont les métropoles ?" car une région s'organise à partir d'elles. Une région où coexistent deux métropoles crée de la concurrence. Ce n'est ni bénéfique pour le territoire, ni cohérent. Il faut construire des régions autour d'une ville à vocation métropolitaine. »

Une fusion départements/région ?

Une troisième voie est également proposée par l'équipe de campagne de François Fillon aux départements ambivalents sur leur appartenance régionale.

« Il est possible de transformer les Départements en établissements publics sous responsabilité de la Région afin de conserver de la proximité, indique Yves d'Amécourt. Il y a des nombreuses organisations possibles. »

Quoiqu'il en soit, ce projet est porté par une autre ambition, celle de fusionner les départements et les régions afin de réduire le nombre d'échelons administratif. Le candidat à la présidentielle souhaite la création d'un statut de conseiller territorial unique (déjà créé en 2010 puis abrogé par François Hollande).

« Les économies permises par une telle fusion  ne sont pas encore chiffrées, commente le porte-parole. Cela permettrait tout de même de passer de 6 000 à 3 000 élus. François Fillon met en place actuellement les groupes de travail destinés à préciser son projet. »