Gilets jaunes : quel est le coût économique des blocages ?

Par Anthony Rey  |   |  503  mots
(Crédits : Rémi Benoit)
Après une nouvelle journée de mobilisation des gilets jaunes, le 1er décembre, l'inquiétude grandit au sein des chambres de commerce de l'ex-LR. Les enquêtes de terrain réalisées au cours des derniers jours font état de chiffres d'affaires et de taux de fréquentation en baisse, plus ou moins forte selon les départements.

Alors que les caméras se braquaient à nouveau vers les Champs-Élysées, pour la nouvelle journée d'action des gilets jaunes organisée le 1er décembre, les opérations de blocage se poursuivent aussi en région, se focalisant parfois sur des points névralgiques de l'écosystème local. Après l'usine de Royal Canin, le 22 novembre à Aimargues (30), ce sont notamment deux dépôts de Système U, à Clermont-l'Hérault (34) et à Vendargues (34), qui ont été bloqués le 29 novembre.

Or les CCI de l'ex-LR s'activent pour mesurer l'impact économique de ces actions. Les dernières données disponibles ont été collectées, entre le 17 et le 27 novembre, lors d'"enquêtes flash" réalisées auprès des TPE-PME des territoires concernés.

Tous les secteurs touchés

Dans le Gard, la CCI indique que 58 % des entreprises interrogées affichent une baisse de fréquentation (de l'ordre de 44 %), et 60 % une perte de chiffre d'affaires (de 36 % en moyenne). Parmi ces entreprises, 59 % font part de problèmes de livraison, mais seule une minorité (48 %) enregistre des problèmes d'absentéisme ou de retard du personnel.

"Tous les secteurs d'activité sont touchés par les opérations de blocage des gilets jaunes. Les commerçants semblent être d'avantage touchés. Les difficultés de livraison concernent les industriels, les commerçants et les entreprises de la construction. Les commerces et services à vitrine font également face à une baisse de fréquentation de la clientèle", commentent les services de la CCI Gard.

Dans les Pyrénées-Orientales, l'impact semble plus fort, selon les relevés de la chambre de commerce : 67 % des entreprises indiquent une perte de chiffre d'affaires (d'environ 34 %), tandis que la fréquentation fléchit chez 68 % d'entre elles, avec un pic à 91 % chez les commerçants du centre-ville de Perpignan.

"Certains secteurs d'activité sont plus fortement impactés. C'est le cas pour les professionnels du commerce de gros (impact négatif à hauteur de 94%), la restauration (89 %), les domaines viticoles (89 %), et le secteur des transports (85 %)", évalue la CCI 66.

"Un enlisement de l'économie"

Par ailleurs, dans l'Hérault, la CCI indique que 71 % des commerçants seraient touchés, avec une baisse de fréquentation (60 %) et de CA (55 %) là encore. "Centres villes et centres commerciaux, pôles urbains et centres bourgs, tous sont touchés", précise-t-elle.

"L'initiative des gilets jaunes devient très préjudiciable dans son enlisement pour l'économie régionale et je dirais particulièrement pour celle du département de l'Aude, à partir du moment où elle entrave, voire empêche, un grand nombre de commerces et d'entreprises d'exercer leurs activités. J'en appelle à la responsabilité de chacun, citoyens et élus. L'expression populaire et le droit de manifester sont certes légitimes ; néanmoins la situation économique départementale restant fragile, voire inquiétante selon les filières, avec un nombre d'établissements fortement sinistrés lors des dernières inondations, tout évènement perturbateur supplémentaire ne ferait qu'aggraver cette situation", déclare Bernard Ballester, président de la CCI de l'Aude.