Licensify veut endiguer "le pillage de l'open source"

Par Anthony Rey  |   |  480  mots
Deux semaines après son lancement en bêta test, Licensify compte déjà une cinquantaine d'utilisateurs (Crédits : Licensify)
Licensify, nouvelle start-up montpelliéraine fondée en mai par les créateurs de Nectop (1er ordinateur éco-conçu), vise à sécuriser les produits des codeurs open source. Le lancement intervient dans un contexte tendu, où de nombreux développeurs dénoncent la main mise grandissante des GAFAM sur le secteur.

La start-up héraultaise développant Nectop, le premier ordinateur éco-conçu, vient de subir, malgré elle, un accident industriel : elle se heurte à la décision de Google, prise en 2018, de restreindre l'utilisation d'une technologie open source (Widewine) dont elle est propriétaire à son navigateur (Chrome) ou aux navigateurs dotés de drivers (pilotes) Widewine en natif. Or le principal usage de Nectop est le streaming vidéo, et la majorité des sociétés de streaming, selon le fondateur de la start-up Adrien Thierry, utilisaient cette technologie.

Colère dans le monde de l'open source

Dès le mois de janvier 2019, Nectop a commencé à recevoir des notifications de conflit d'usage, et face à la multiplication des cas, a décidé de stopper tout développement du produit depuis la fin mars. Cette décision intervient dans un contexte très tendu, où la communauté des développeurs open source accusent les GAFAM de phagocyter ces technologies en théorie libres d'accès, comme l'analyse notamment le site spécialisé ZDNet.

"Certains de ces groupes s'accaparent le produit open source en y rajoutant le plus de contributions possibles, qui finissent par excéder les contributions de l'équipe de développement originelle. Dés lors ils récupèrent l'avantage technologique du produit et peuvent le "forker" (cloner, ndlr) en créant une copie dont ils deviennent propriétaires", décrit Adrien Thierry qui parle de pillage de l'open source, voire de mort annoncée de l'open source.

Une plate-forme sécurisée

Face à ce constat, Adrien Thierry annonce le lancement de Licensify, une nouvelle plate-forme destinée à sécuriser le travail et la rémunération des développeurs open source. Elle leur permet de proposer une version open source de leur produit, mais aussi une version premium dont une partie du code reste cachée sur la plate-forme pour endiguer le phénomène de rétro-engénierie (reverse engineering) que décrit Adrien Thierry.

"La plate-forme permet de gérer la partie business des projets de développeurs classiques, et surtout des développeurs open source, décrit-il. Une fois inscrits, ils peuvent créer le produit et les plans de paiement, et notre outil sécurise le process, en gérant notamment la facturation et la récurrence pour garantir le paiement."

Deux semaines après son lancement en bêta test, Licensify compte déjà une cinquantaine d'utilisateurs dont plusieurs clients. "Nous avons déjà un gros client américain et de nombreux contacts en Inde, où se trouvent des millions de codeurs potentiellement concernés par ces sujets", rajoute Adrien Thierry.

En cours de constitution juridique, Licensify prévoit de réaliser une levée de fonds de 300 000 à 400 000 € d'ici la fin 2019, afin de financer le recrutement de son équipe. De deux cofondateurs à ce jour, la start-up compterait de sept à neuf salariés dans cette perspective.