Clap de fin pour la députée LREM Coralie Dubost

Par Cécile Chaigneau  |   |  654  mots
Coralie Dubost avait été élue députée LREM de l'Hérault en 2017. (Crédits : DR)
Deux jours après le début de la tempête - des révélations par Médiapart pointant la mauvaise gestion de ses frais de mandats et de ses équipes parlementaires -, la députée héraultaise LREM Coralie Dubost jette l’éponge : le dimanche 1e mai, dans un communiqué publié sur Twitter, elle annonce qu’elle se met en retrait de la vie politique. Le parti présidentiel va devoir trouver un autre candidat sur la 3e circonscription de l’Hérault pour les prochaines élections législatives.

Il y a encore quelques jours, la question de sa candidature à sa succession pour les élections législatives de juin prochain ne se posait pas. C'est une enquête de Médiapart, publiée le 29 avril dernier, qui a mis le feu aux poudres et poussé la députée héraultaise Coralie Dubost, également vice-présidente déléguée du groupe La République en marche (LREM) à l'Assemblée nationale, à signifier qu'elle se retirait de la vie politique et ne se représenterait pas aux prochaines échéances législatives.

Coralie Dubost avait été élue en 2017 avec 60,4% des voix au second tour sur la 3e circonscription de l'Hérault. Issue de la société civile (juriste de formation, elle a été chargée de mission entreprise et RSE auprès de la Fondation Agir contre l'exclusion de l'Hérault puis responsable des projets à Montpellier Business School), la Montpelliéraine de 39 ans était l'une des étoiles montantes du parti d'Emmanuel Macron, volontiers présente sur les plateaux où elle se montrait très à l'aise pour porter la parole de son parti.

Durant son mandat, elle s'est notamment illustrée en tant que rapporteure de deux chapitres du projet de loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises). Elle s'est aussi beaucoup investie sur les questions de RSE, participant notamment à une mission relative aux labels RSE.

Des avances de frais pour usage personnel

L'"affaire" dénoncée par l'enquête de Médiapart porte sur l'usage de fonds publics pour ses dépenses personnelles. La jeune femme a ainsi été épinglée dans le rapport d'un cabinet de ressources humaines transmis au printemps 2021 au déontologue de l'Assemblée nationale : cinq de ses anciens collaborateurs lui reprochent sa gestion humaine (via « des demandes inappropriées », des propos et des comportements « dévalorisants » ou en leur imposant « des tâches relevant de la sphère personnelle »), mais aussi un « conflit de valeurs » ou « éthique », en particulier sur l'utilisation de ses avances de frais de mandat (5.373 euros mensuels qui s'ajoutent à la rémunération des élus parlementaires).

Il est notamment question, dans le rapport, de « dépenses vestimentaires mensuelles selon une fourchette allant de 1.500 à 2.000 euros ». Selon Médiapart, l'élue a par exemple dépensé jusqu'à 3.300 euros, en octobre 2018 sur des sites de vente en ligne, en habillement et accessoires. Ou encore « plus de 500 euros d'argent public dans des enseignes de lingerie ». Coralie Dubost a indiqué avoir procédé à des remboursements de frais jugés non-liés à l'exercice du mandat de député pour les années 2018 et 2019. La députée s'est aussi défendue en accusant son collaborateur de l'époque de l'avoir « mal conseillée, j'ai été stupide (...), je ne suis pas une tricheuse »...

« Lynchage fantasmagorique »

Pour couper court à la tempête médiatique qui enflait depuis vendredi, l'élue montpelliéraine a donc tranché via un communiqué publié sur Twitter dimanche 30 avril et dénonçant « des attaques injustes ».

« Je refuse d'être l'instrument d'une cabale antiparlementaire, de la même façon que je refuse de me prêter à un ping-pong de justifications, qui confinent à un lynchage fantasmagorique sur les réseaux sociaux, écrit-elle. (...) Rester fidèle à mes valeurs, c'est aujourd'hui protéger l'enfant que je porte de toutes les vicissitudes de l'exposition et de la vie politique. Aussi est venu pour  moi le temps de me mettre en retrait de la vie politique et de me consacrer à ma famille. Je ne serai pas candidate à ma réélection. (...) »

Sur Twitter, le communiqué de la députée a généré plus de 7.300 commentaires, acerbes pour beaucoup, ironiques ou porteurs de colère...

A moins de trois semaines de la date limite pour les dépôts des candidatures aux élections législatives, les équipes montpelliéraines de LREM doivent désormais trouver un candidat remplaçant dans la 3e circonscription, si possible une femme.