LNMP : des réactions contrastées après le rapport Duron

Par Anthony Rey  |   |  1055  mots
La ministre des Transports Elisabeth Borne, entourée de Philippe Duron et des membres du COI, pour la remise de son rapport le 1er février (Crédits : Ministère des Transports)
Au lendemain de la publication du rapport du Conseil d'orientation des infrastructures présidé par l'ex-député Philippe Duron, le 1er février, les élus d'Occitanie réagissent en masse aux propositions de déclasser la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), jugée non prioritaire, et de lancer la section Montpellier-Béziers, au plus tôt, en 2023.

Carole Delga, présidente, et un groupe d'élu(e)s du Conseil régional Occitanie : "Alors qu'un certain nombre de projets sont reportés sine die, le rapport confirme l'utilité et la nécessité des infrastructures structurantes que sont les lignes LGV Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Béziers-Perpignan. La mobilisation de l'ensemble des forces vives de l'Occitanie a payé. À présent, l'enjeu est leur temporalité et leur réalisation dans des délais qui répondent aux besoins et à l'attente de nos concitoyens. Les pistes de financements nouveaux portées par les collectivités concernées auprès du gouvernement sont en grande partie reprises dans les préconisations du COI. Elles nous donnent raison sur le fait que ces deux projets sont parfaitement soutenables dans les années à venir, tout en maitrisant la dépense publique. L'équation n'est plus technique ou financière mais bien politique, ce qui renvoie aux choix que devront faire dans les prochaines semaines le gouvernement et les parlementaires dans la cadre de la future loi d'orientation des mobilités. La ligne LGV Bordeaux-Toulouse comme la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan doivent s'inscrire dans le scénario n°3, le plus volontariste, du rapport."

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole : "Nous accueillons avec satisfaction le fait que la réalisation du segment ferroviaire Montpellier-Béziers ait été considérée comme prioritaire. Ce segment est en effet une priorité pour la réalisation de la ligne LGV Montpellier-Perpignan-Barcelone. Nous tenons à insister à nouveau sur l'importance de cette ligne voyageurs et fret qui est indispensable pour le segment transfrontalier entre la France et l'Espagne mais aussi pour désengorger le Sud de la France. L'Europe l'appelle de ses vœux. Nous réaffirmons notre volonté de voir ce projet sortir de terre avec une déclaration d'utilité publique courant 2019. Une première tranche de travaux en 2023, comme indiqué dans le rapport Duron, serait la bienvenue. Cette ligne libérerait des sillons pour les trains quotidiens et régionaux. Tout cela va également dans le sens de la réduction de l'impact carbone. Nous attendons désormais avec impatience le rapport Spinetta ainsi que les décisions du gouvernement."

Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan et président de Perpignan Méditerranée (interrogé par France 3) : "Je savais que la décision serait avant tout économique. Ce pays a 2 000 milliards de dettes, et la SNCF 56 milliards. Je m'attendais à ce qu'une fois de plus, on nous amuse, et qu'on reporte la décision, car c'est bien de cela dont il est question. Considérer comme non prioritaire une ligne qui fait la jonction avec le réseau ferré espagnol et l'Europe du nord : je ne comprends pas."

Frédéric Lacas, président de Béziers Méditerranée : "Un coup dur pour la LGV mais pas un coup d'arrêt. La mobilisation doit se renforcer pour que ce projet vieux de 25 ans voit le jour. Il ne peut en être autrement. Groupés et unis, parlant d'une même voix, nous serons plus forts pour défendre les intérêts de nos concitoyens."

Kléber Mesquida, président du Conseil départemental de l'Hérault : "Kléber Mesquida qui avait annoncé en début d'année l'engagement du Département de l'Hérault aux côtés de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée pour financer les études de la ligne LGV, constate que la mobilisation autour de la présidente Carole Delga a été entendue. Il appartient maintenant au gouvernement et aux parlementaires issus de sa majorité de faire les choix qui s'imposent pour réaliser le chaînon manquant de la ligne grande vitesse entre la France et l'Espagne. Après la réalisation du contournement ferroviaire de Nîmes-Montpellier et la construction de la nouvelle gare de la Mogère, il serait incompréhensible de ne pas engager la ligne nouvelle Montpellier-Béziers-Perpignan. Aussi, Kléber Mesquida souscrit à la démarche de Carole Delga d'être reçus en délégation par le Président de la République avant la présentation au Parlement de la future loi d'orientation des mobilités en France."

Pascale Bories, sénatrice du Gard : "La LGV entre Montpellier et Perpignan, qui va permettre d'intégrer la gare de Nîmes-Pont du Gard avec l'ensemble du réseau européen (Séville, Barcelone, Bruxelles, Londres et Amsterdam), n'apparait pas dans les voies prioritaires. Le scénario le plus optimiste envisage l'ouverture d'un premier tronçon entre Montpellier et Béziers seulement dans 10 ans ! C'est pourtant un chantier vital pour désengorger l'A9 et stratégique pour l'Europe, avec financement de l'Union européenne à l'appui. La LEO, liaison est-ouest pour le contournement sud d'Avignon n'est pas plus jugé prioritaire. Pourtant, cette voie rapide doit permettre de fluidifier les transports de l'agglomération avignonnaise notamment avec le département du Gard et le canton. Le raccordement de la RN 106 avec l'A9, qui doit enfin désenclaver Alès, n'est même pas évoqué. Ce rapport n'est qu'une première étape. La ministre doit consulter avant d'établir son projet de loi qui devra être présenté et débattu à l'Assemblée Nationale et au Sénat."

Emmanuelle Ménard, députée de l'Hérault : "Dans le rapport qu'il a remis, ce jeudi 1er février, à la ministre des Transports, Philippe Duron, le président du Conseil d'orientation des infrastructures, propose de renvoyer aux calendes grecques la réalisation de la ligne LGV entre Béziers et Perpignan, tout en proposant de réaliser plus rapidement la partie entre Montpellier et Béziers. Encore met-il beaucoup de conditions à la construction de ce tronçon, dont les travaux pourraient commencer, selon un des scénarios avancés, en 2023. Une bien mauvaise nouvelle si elle devait se confirmer : cela signifierait que le « chaînon manquant » entre le pourtour méditerranéen et l'Espagne serait, dans les faits, tout simplement abandonné pour les vingt ans à venir. Un choix assassin pour notre région. Un choix anti-européen alors même que Bruxelles est prêt à participer à son financement ! Seule bonne nouvelle de ce rapport, la liaison entre Montpellier et Béziers ne serait pas abandonnée. Une porte est entrebâillée. Il faut tout faire pour l'ouvrir totalement !"