Jusqu’à 80 % de ponts en mauvais état dans l’ex-LR

Par Anthony Rey  |   |  585  mots
L'ex-Languedoc-Roussillon compte 13 200 ponts routiers (Crédits : DR)
Après la catastrophe du pont de Gênes, l’État a lancé un audit et annoncé, le 22 août, un plan d’urgence pour l’entretien des ponts et ouvrages d’art routiers. Selon les derniers chiffres de la FRTP Occitanie pour l’ex-LR, jusqu’à 80 % d’entre eux sont en mauvais état, sauf dans le Gard et la Lozère (20 %).

Environ un mois avant l'effondrement, le 14 août, du pont Morandi à Gênes (Italie), le gouvernement d'Édouard Philippe a lancé un audit du réseau routier non concédé, et notamment des 12 000 ponts directement gérés par l'État. Selon le document, un tiers d'entre eux nécessitent de « petites réparations afin de prévenir l'apparition de dégradations structurelles », tandis que 7 % présentent des dommages plus sérieux, s'exposant à un risque d'effondrement et donc à la nécessité d'une fermeture préventive.

Qu'en est-il dans l'ex-Languedoc-Roussillon ? D'après les dernières données disponibles de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP Occitanie) à propos des ouvrages d'art routiers sous maîtrise d'ouvrage des Conseils départementaux, la situation est contrastée, selon le degré d'urgence des travaux à envisager.

  • L'Hérault (données 2016) compte 3 300 ponts, dont 20 % seulement sont en bon état sur les routes départementales : 60 % nécessitent des travaux d'entretien courant, et 20 % « des travaux d'entretien spécialisés au minimum, voire des travaux de réparation pour les ouvrages les plus affectés ».
  • L'Aude (données 2016) affiche 2 700 ponts, dont 20 % sont en bon état. 45 % ont besoin de travaux spécialisés ou de réparation, 35 % de travaux courants.
  • Dans les Pyrénées-Orientales (données 2017) se trouvent 3 000 ponts. 75 % doivent faire l'objet de travaux spécialisés ou de réparation, 25 % sont en bon état ou ne nécessitent que des travaux courants.
  • Dans le Gard (données 2017), on dénombre 3 200 ponts, dont 20 % seulement nécessitent des travaux (travaux spécialisés ou réparation sans caractère d'urgence). Moins de 1 % appellent des travaux d'urgence.
  • Enfin, en Lozère (données 2018), on compte 2 000 ponts, dont 27 % sont en bon ou très bon état. Une même proportion (27 %) de ponts sont en mauvais ou très mauvais état.

« Ce patrimoine de réseaux et d'infrastructures irrigue nos territoires, son entretien et son développement font partie des principaux enjeux des décisions publiques, dans les communes, les intercommunalités, les départements, les régions et l'Etat. S'il n'est pas correctement entretenu, il se dégrade et génère des nuisances et des coûts considérables pour les budgets publics et pour l'ensemble de l'activité économique. Nous formons le vœu que cette publication incite les collectivités, et tous les maîtres d'ouvrages concernés, à développer des politiques de travaux actives et raisonnées pour maintenir et renouveler ce patrimoine », analyse Olivier Giorgiucci, président de la FRTP Occitanie, dans la dernière édition de ce baromètre.

100 M€ de plus débloqués en 2018

À l'issue du conseil des ministres tenu le 22 août, le gouvernement a indiqué, face à l'urgence de la situation, que, sans attendre les recommandations du Conseil d'orientation des infrastructures créé en 2017, qu'il va augmenter les crédits d'entretien des réseaux routiers de 700 à 800 M€ dès cette année. Une nouvelle programmation d'investissements sur ces réseaux sera dévoilée dans la prochaine loi d'orientation des mobilités, qui sera présentée au Parlement cet automne.

« L'accident de Gênes apporte une nouvelle preuve de la nécessité, prise en compte dès le début du quinquennat, de donner la priorité à l'entretien des infrastructures. Cela conforte la démarche mise en place par le gouvernement dès son arrivée afin d'objectiver les besoins et d'inverser les priorités, pour optimiser ce qui existe avant de lancer de multiples nouveaux grands projets », peut-on lire dans le compte-rendu du conseil des ministres.