À Montpellier, Macron défend de nouvelles "sécurités individuelles"

Par Anthony Rey  |   |  796  mots
Le meeting d'Emmanuel Macron au Zénith de Montpellier a réuni plus de 1 500 personnes
Emmanuel Macron a choisi Montpellier pour livrer, le 18 octobre, la 3e phase de son diagnostic du pays. Le fondateur d'En Marche a déroulé une vision très étatiste, défendant une reprise en mains de la protection sociale et refusant de laisser la Nation se diviser sur la religion.

Après une étape à Strasbourg centrée sur la société politique ("La France qui subit"), puis une 2e étape au Mans autour de la libération des initiatives publiques et privées ("La France qui choisit"), Emmanuel Macron a voulu consacrer le 3e temps de son diagnostic, à Montpellier, à la vie ensemble ("La France qui unit"). Face aux 1 500 personnes réunies au Zénith, et sur un ton se voulant ferme, il a posé ce constat : "La France n'est pas une idée, mais une volonté".

Une refonte de la protection sociale

L'un des premiers éléments qui ressort de la consultation menée sur le terrain étant la peur du changement, "qui ne signifie plus le progrès pour tous", Emmanuel Macron a insisté sur le rôle de l'État, incarnant "une Nation bienveillante et exigeante", et "garant d'un progrès qui profite à tous, d'une nouvelle prospérité que nous voulons construire et sans laquelle il n'existe pas de cohésion sociale". L'ex-ministre de l'Économie a fait de la protection sociale un des socles de sa définition de l'État.

"Il faut réformer la Sécurité sociale pour créer les nouvelles sécurités individuelles dont le pays a besoin, affirme-t-il. Il y a de plus en plus de chômeurs, de plus en plus de jeunes n'arrivant pas à entrer sur le marché du travail, il y a une révolution numérique qui va bouleverser tous les métiers : le système mis en place au sortir de la 2e guerre mondiale n'est plus adapté. Nous devons refonder sur l'individu ces sécurités, de sorte que le travailleur soit non pas protégé en fonction de son statut, mais que chacun d'entre nous, quel qu'il soit, bénéficie des mêmes droits. L'État, plus que les partenaires sociaux, doit en être le garant afin que personne ne soit laissé de côté. Les pouvoirs publics doivent reprendre à leur charge la stratégie et les décisions relatives à l'Unedic, au lieu d'attendre des compromis de la dernière chance d'un système en péril."

Emmanuel Macron a précisé dans la foulée quel mode de financement il entrevoit pour installer ce modèle : "Le système de protection sociale doit être moins financé par des cotisations sociales assises sur le travail, et plus par l'impôt". Lequel ? "L'impôt qui repose sur la consommation, sur la pollution, ce qui permet aussi de faire face aux concurrences déloyales".

La place de l'Islam

Le deuxième grand axe du discours d'Emmanuel Macron a concerné la laïcité. Tout en affirmant qu'en France, "la religion n'est jamais un problème en soi", le fondateur d'En Marche a admis que le seul débat valable est l'Islam, et qu'il faut l'aborder "de façon dépassionnée, de sorte à gagner le combat pour un Islam éclairé".

"J'ai entendu l'appel des 41 personnalités musulmanes lancé cet été, et je pense comme elles : il faut revoir l'organisation de l'Islam en France pour aider les musulmans à être engagés, il faut soutenir les prédicateurs respectueux de règles de la République, et couper les ponts avec les organisations occultes et les modes de financement inacceptables. Nous avons déjà les lois pour ça, il suffit de les appliquer, pour démanteler les associations prêchant la haine de la République."

Emmanuel Macron a lié ce passage sur la religion à la question des quartiers, "qu'il faut soutenir massivement". Mais l'ex-ministre s'est démarqué des politiques de quartier menées jusqu'ici, "qui reviennent à assigner les habitants à ces territoires, alors que l'accès aux écoles de centre ville, aux lieux de culture, à l'université, aux stages, leur est refusé".

"Nous devons réinvestir nos quartiers pour redonner des opportunités et de la mobilité aux habitants, propose-t-il. Il faut soutenir le travail des maires pour remettre de la culture, des services publics et de la sécurité. Nous devons nous appuyer sur le formidable réseau des associations pour retisser les liens du quotidien."

Programme connu mi-novembre

Enfin, Emmanuel Macron a conclu sur la nécessité de transmettre notre culture commune, soutenant que "la France c'est un bloc, on ne peut pas être Français et faire table rase du passé". Fustigeant ceux qui ne voudraient "réserver la culture qu'à quelques-uns", il estime qu'il faut rapprocher l'école et l'éducation culturelle, "nos armes face aux défis du temps".

Achevant donc son diagnostic national à Montpellier, Emmanuel Macron a fixé à la mi-novembre l'annonce de ses premières propositions. "Il s'agira non pas d'un programme avec des dizaines de propositions, mais 12 à 15 grandes réformes fondatrices, sur lesquelles le candidat élu devra rendre des comptes après son élection", précise son entourage.