Sondage municipales 2020 : à Montpellier, les écologistes créent la surprise

SONDAGE EXCLUSIF. Notre sondage BVA-La Tribune-Public Sénat pour les élections municipales de 2020 à Montpellier annonce un possible coup de tonnerre à six mois de l'échéance, avec un coude-à-coude inattendu entre la liste EELV et celle que conduirait le maire sortant, Philippe Saurel.
Montpellier, place de la Comédie.
Montpellier, place de la Comédie. (Crédits : Wolfgang Staudt via Wikipedia (CC 2.0))

C'est une bombe politique : selon notre sondage BVA-La Tribune-Public Sénat, EELV confirme et améliore son excellent score des européennes à Montpellier en vue des municipales. Le parti écologiste fait jeu égal avec le maire sortant, Philippe Saurel, pourtant l'un des premiers maires élus en 2014 après avoir anticipé la faillite des partis traditionnels.

Notre sondage BVA-La Tribune-Public Sénat pour les élections municipales de 2020 à Montpellier annonce un possible coup de tonnerre à six mois de l'échéance, avec un coude-à-coude inattendu entre la liste EELV et celle que conduirait le maire sortant, Philippe Saurel (qui entend maintenir le suspense sur une nouvelle candidature jusqu'aux dernières semaines avant la date limite de dépôt des listes). Sur les brisées d'une excellente campagne pour les élections européennes de mai dernier, où le parti écologiste avait obtenu un score de 19,5 % des voix à Montpellier (contre 13,4 % en moyenne en France), une liste EELV autonome pour les municipales pourrait faire encore mieux, en étant créditée de 21 % à 23 % d'intentions de vote au 1er tour. Dans l'hypothèse où LREM alignerait un candidat officiellement investi, EELV réalise même un meilleur score (21 %) que le maire sortant (20 %). Dans le cas où Philippe Saurel obtiendrait le soutien du parti présidentiel, les deux listes font jeu égal, à 23 %.

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« Dans toutes les villes où EELV a fait un bon score aux européennes, les intentions de vote en faveur du parti sont plus fortes en vue des municipales. Sur le plan national, il est évident que les préoccupations autour de l'environnement progressent : à Montpellier, c'est le troisième sujet prioritaire (33 %) des personnes sondées, derrière la sécurité (44 %) et la propreté (35 %). On a longtemps cru que c'était d'abord une valeur plébiscitée par les CSP +, mais en réalité elle progresse dans toutes les catégories, y compris chez les ouvriers. Elle bondit fortement chez les moins de trente ans, même si les jeunes ne sont pas la population qui vote le plus », observe Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de BVA Opinion. Le constat est-il suffisant pour prédire une énorme surprise à Montpellier, comme cela s'était produit à Grenoble en 2014 ? « Il faudra affiner quand la tête de liste EELV et le programme seront connus. L'aspiration environnementale est forte, mais un sujet comme les transports et le stationnement reste la quatrième priorité des Montpelliérains. La désignation d'un candidat aux propositions jugées radicales pourrait en pousser certains à changer d'avis », complète BVA. Pour l'heure, Manu Reynaud et Jean-Louis Roumégas se disputent l'investiture EELV. Ils pourraient être rejoints par la maire de Murles (Hérault), Clothilde Ollier.

Saurel : un élan à retrouver

Philippe Saurel bénéficie d'une image a priori positive. Son taux de notoriété est le plus élevé : 93 % des sondés le connaissent. Une majorité de Montpelliérains (54 %) se disent satisfaits de son action. Il obtient un satisfecit plus élevé dans la tranche des 18-34 ans (62 %), mais fait moins bien chez les 50-64 ans, avec 50 % de pas satisfaits, et 46 % de satisfaits. Ce sont les sympathisants LREM (78 %) et socialistes (67 %) qui expriment la meilleure opinion de son action. BVA nuance néanmoins cette perception, car la proportion des sondés très satisfaits du bilan du maire est faible (6 %), tandis que celle des pas satisfaits s'affiche à 39 %. « Les gens n'expriment pas de mécontentement à l'égard de Philippe Saurel, mais on ne perçoit pas non plus d'enthousiasme. Avec 54 % d'opinions positives, il se situe dans un étiage bas, comparativement à des maires élus dans des villes similaires à Montpellier et dont le bilan est perçu comme bon : ceux-ci évoluent plutôt dans les 60 à 65 % d'opinions favorables », note Christelle Craplet, directrice de clientèle à BVA Opinion.

Élu maire de Montpellier en 2014 après son exclusion du Parti socialiste et avec un positionnement hors partis, Philippe Saurel pourrait bénéficier d'un climat qui a plutôt validé son analyse : les partis traditionnels n'attirent plus, et le paysage politique est en totale recomposition. Ainsi, le maire sortant, qui répète qu'il ne sollicite pas le soutien du parti macroniste, est d'ailleurs crédité des plus fortes intentions de vote (24 %), devant la liste EELV (22 %), dans l'hypothèse où il se présenterait à nouveau sans étiquette. Mais, par rapport à 2014, la situation ne semble pas figée non plus. « Les partis politiques ont été atomisés au profit de courants idéologiques plus pragmatiques comme LREM. Or nous nous situons encore dans une situation mouvante, avec des mouvements d'opinion qu'on ne voit pas forcément arriver, comme le montre la très forte émergence du sujet environnemental. Si Philippe Saurel a été un de ces maires précurseurs qui ont su tirer profit de la désaffection touchant la classe politique, il ne peut toujours pas s'appuyer sur un socle électoral stable », rajoute Adélaïde Zulfikarpasic.

LREM : une équation complexe

En outre, comme partout ailleurs en France, les prochaines élections à Montpellier vont permettre de mesurer l'ancrage de LREM et l'impact de cette étiquette, pour la première fois, à l'échelon municipal. Patrick Vignal, député LREM de la 9e circonscription de l'Hérault, brigue l'investiture de son parti. Notre sondage de notoriété montre qu'il bénéficie d'une assez bonne opinion (40 %) parmi ceux qui le connaissent déjà. Testé seulement dans l'hypothèse où il serait investi par LREM, il n'obtient toutefois que 9 % des intentions de vote. « Patrick Vignal a déclaré qu'il pourrait se présenter en dissident s'il n'obtient pas le feu vert de LREM, mais le sondage montre que, même investi, il reste en dessous de la barre des 10 %. Celle-ci ne lui est pas acquise, car il ne semble pas avoir la notoriété suffisante pour capitaliser auprès du grand public [63 % des sondés disent ne pas le connaître, ndlr] », explique Christelle Craplet.

Les hypothèses alternatives privilégiées par BVA portent sur un autre calcul que ferait LREM : au nom de la proximité supposée entre Emmanuel Macron et Philippe Saurel, le parti présidentiel pourrait choisir de soutenir le maire sortant, ou bien de ne présenter aucun candidat face à lui. Notre sondage montre que, quelle que soit l'option choisie, le maire sortant ne bénéficierait pas tellement d'un « effet LREM ». Philippe Saurel obtient 23 % des intentions de vote avec l'appui des macronistes, et guère plus (24 %) sans leur soutien. Plus inquiétant pour LREM : quand le maire est soutenu par le parti présidentiel, la gauche hors EELV progresse un peu, passant de 23 à 25 % au global dans ce scénario.

Mohed Altrad dans l'inconnu

Nouveau venu dans l'arène politique, l'entrepreneur Mohed Altrad obtient un score très modeste dans ce premier sondage publié après sa déclaration de candidature, le 16 septembre : il est crédité de 7 ou 8 % des intentions de vote selon les hypothèses, bien loin des 25 % que lui accordait, s'il était soutenu par un parti, une enquête publiée par Midi libre en mai 2018. « Il ne semble pas très attendu sur le terrain politique par ceux qui le connaissaient au titre de son entreprise », relève Adélaïde Zulfikarpasic. Un point positif : il bénéficie d'un des meilleurs taux de notoriété (53 % au global) et affiche 60 % de bonnes opinions chez ceux qui le connaissent.

À gauche, le PS, au diapason de sa situation nationale, semble en difficulté. Son candidat, Michaël Delafosse, obtient de 9 % à 11 % des intentions de vote selon les cas. Il serait dépassé par une liste La France insoumise qui, elle, évolue entre 11 et 12 % : l'écart pourrait être plus grand car le parti mélenchoniste est en pourparlers avancés avec le collectif citoyen Nous sommes, dont la liste est créditée de 2 % à elle seule dans tous les cas. Chez les centristes, la conseillère municipale d'opposition Anne Brissaud (Nouveau Centre) stagne à 1 %, voire 2 %. Par ailleurs, les scores d'Alex Larue confirment les difficultés de la droite à Montpellier : le candidat LR-UDI n'obtient que 5 à 6 % des intentions de vote, soit une performance bien éloignée de celle de 2014, où le candidat Jacques Domergue avait obtenu 25,8 % des voix au premier tour. Enfin, le Rassemblement national, alors qu'il vient de désigner comme tête de liste Olaf Rokvam - un quasi inconnu à Montpellier -, évolue entre 11 et 12 %, ce qui lui permettrait d'envisager atteindre le second tour.

Infographie, notoriété, Sondage, Montpellier, H302 Infographie La Tribune

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Commentaires 2
à écrit le 20/09/2019 à 15:55
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Philippe Saurel...LREM ,est-ce si compliqué de le mettre dès le départ de l'article . En janvier 2017, il apporte son soutien à la candidature d'Emmanuel Macron pour l'élection présidentielle de 2017, et intègre ainsi son équipe de campagne.En mai...

à écrit le 20/09/2019 à 8:57
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Jadot à la tête de l'écologie c'est comme mélenchon à la tête de la gauche, la certitude que ces deux mouvements seront discrédités et condamnés à régresser. Ils sont là pour ça !

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