Ligne de fret Perpignan-Rungis menacée : Carole Delga monte au front

Par Cécile Chaigneau  |   |  670  mots
La possible fermeture, fin juin, de la liaison ferroviaire de fret entre la plate-forme de fruits et légumes Saint-Charles à Perpignan et le marché d’intérêt national de Rungis a déclenché une vive polémique. Le 15 mai, la Présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, redit son indignation. Elle rencontrera la ministre Elisabeth Borne le 17 mai.

En marge du mécontentement qu'elle a exprimé en conférence de presse, le 15 mai, sur le bilan de la convention annuelle entre la Région Occitanie et la SNCF sur le transport de passagers, la présidente Carole Delga a enfoncé le clou sur la polémique du moment : la fermeture imminente de la ligne de fret entre la gare du marché Saint-Charles de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, et le marché d'intérêt national de Rungis (MIN), dans le Val-de-Marne.

La ligne de fret achemine chaque année quelque 400 000 tonnes des fruits et légumes en provenance de France, d'Espagne ou du Maroc, via les 800 km de rails entre les deux points.

Or la SNCF et les sociétés de transport Roca et Rey n'ont pas trouvé d'accord sur les conditions de renouvellement du contrat d'exploitation qui les lie depuis une dizaine d'années. A défaut, la ligne pourrait donc fermer fin juin avec la fin du contrat.

Un geste financier de Rungis

Le service fret de la SNCF rapporte que le trafic utilise des wagons frigorifiques « en fin de vie, vieux de plus de 40 ans », qu'il faut retirer du circuit. Une alternative a été évoquée : leur remplacement par de nouveaux containers réfrigérés, mais qui feraient augmenter le coût de la prestation de transport.

Le président du MIN, Stéphane Layani, a fait savoir que Rungis était prêt à verser 300 000 € aux deux exploitants de la ligne pour les aider « à louer temporairement » des wagons frigorifiques plus modernes.

Les transporteurs locaux, eux, ont réaffirmé leur préférence pour le rail plutôt que la route et se sont engagés à garantir les volumes de marchandises pour remplir les trains.

24 000 camions supplémentaires sur les routes

Dénonçant « un non-sens économique et écologique », la présidente de la Région Occitanie avait déjà écrit à Guillaume Pépy, le président de la SNCF, fin mars. Car la situation jetterait quelque 24 000 camions sur les routes chaque année... Et la plate-forme de fruits et légumes pourrait alors être déplacée à Barcelone, de l'autre côté de la frontière espagnole, entraînant des pertes d'emplois sur le territoire perpignanais.

Le 15 mai, Carole Delga a réitéré son indignation, rappelant la volonté de la collectivité « de développer les transports collectifs, et particulièrement le train, car il y a urgence climatique et qu'il s'agit d'une demande sociale et territoriale ».

« Je me rendrai à une réunion vendredi avec le cabinet de la ministre des Transport Elisabeth Borne, annonce-t-elle. Le fret a été libéralisé, on voit où on en arrive ! J'ai appelé P-dg de Rungis Stéphane Layani, qui m'avait déjà alerté sur cette ligne et qui a joint à son soutien un geste financier... Cette décison de la SNCF déclenche l'indignation générale. Les volumes sont là, et les wagons frigorifiques ne seront pas hors d'usage en fin de d'année mais pas avant deux ou trois ans, ce qui nous laisse du temps pour proposer des solutions. Le gouvernement ne peut pas vouloir s'inscrire dans une logique du transport par le rail et accepter 24 000 camions de plus sur les routes ! »

« C'est un choix du gouvernement »

Comment la Région s'engage-t-elle dans ce dossier ?

« La Région ne se défaussera pas et est ouverte pour investir dans une solution durable sur plusieurs années, répond Carole Delga. Mais nous souhaitons évidemment que l'Etat soit aussi dans le tour de table. Cette décision de la SNCF est une décision politique et non justifiée par des raisons techniques ! C'est un choix du gouvernement, qui fixe la feuille de route de la SNCF, et de la SNCF. »

La ministre des Transports, quant à elle, a annoncé le 10 mai dernier qu'elle allait réunir « la semaine prochaine » les acteurs concernés par la possible fermeture de la liaison ferroviaire, et dit vouloir « trouver une solution » pour maintenir le transport « par le rail ».