Ecologène propose un système autonome de production d’électricité nomade, en alternative aux groupes électrogènes

Avec sa startup Ecologène, Vincent Theven a mis au point des générateurs autonomes de production d’énergie solaire, nomades ou fixes, en utilisant des panneaux solaires mais aussi des anciennes batteries de voitures électriques. Précurseur il y a quelques années, son système trouve aujourd’hui de possibles applications multiples.
Cécile Chaigneau
Ecologène développe des systèmes autonomes de production d'électricité solaire, notamment des systèmes mobiles sur remorque, avec des panneaux solaires qui se déplient et se replient.
Ecologène développe des systèmes autonomes de production d'électricité solaire, notamment des systèmes mobiles sur remorque, avec des panneaux solaires qui se déplient et se replient. (Crédits : Ecologène)

« J'ai très tôt pris conscience de la nécessité de faire ma part de colibri en contribuant à protéger les ressources naturelles de la Terre, raconte Vincent Theven, ancien électrotechnicien de l'aéronautique, aujourd'hui fondateur et dirigeant d'Ecologène, à Thuir, près de Perpignan. Je me suis lancé dans le photovoltaïque au moment du boom du solaire en toitures mais il y a eu le moratoire en 2009 et j'ai perdu mon emploi... J'avais identifié, dans les Pyrénées-Orientales et en Languedoc-Roussillon, des habitations non raccordées au réseau, soit parce qu'elles étaient isolées, soit par choix d'être autonomes, et j'avais eu l'idée de remplacer les groupes électrogènes par un système de panneaux solaires, batterie et convertisseurs. Mais ça n'a pas marché parce qu'à l'époque, l'aspect environnemental ne comptait pas autant qu'aujourd'hui et le carburant n'était pas cher. Puis le Covid est arrivé, suivi de la crise énergétique, et tout a changé. »

En 2023, Vincent Theven co-fonde Ecologène avec un objectif : proposer aux professionnels et aux particuliers de gagner en autonomie énergétique grâce à la production et au stockage d'électricité solaire produite sur site. Ecologène développe ainsi des systèmes autonomes de production d'électricité solaire que l'entreprise propose à la location, en alternative aux groupes électrogènes « polluants, énergivores et bruyants ».

Des batteries de Tesla

Ces installations photovoltaïques solaires sont dédiées à la production d'énergie (raccordée au 
réseau de distribution d'électricité ou destinées à l'autoconsommation) mais aussi au stockage : « J'ai poussé plus loin le principe du stockage avec des batteries de seconde vie de Tesla. Ces dernières possèdent en général encore 80% de leurs capacités mais c'est insuffisant pour rouler donc je les récupère, je les teste et je les reconditionne. L'Ecologène transforme le courant continu en courant monophasé ou triphasé d'une capacité de 0,5 à 180 kVa (kilovoltampères, NDLR), et on peut exploiter le soleil à l'instant T ou stocker l'énergie dans les batteries pour l'utiliser la nuit ».

Ces générateurs autonomes de production d'électricité solaire sont compacts, fixes (dans une armoire ou dans un container) ou mobiles (sur remorque, avec des panneaux solaires qui se déplient et se replient), et fonctionnent de manière silencieuse, ne rejetant aucune odeur ni dioxyde de carbone ou autres gaz à effet de serre.

Événements, chantiers BTP, sites industriels,...

Chez les particuliers, les systèmes proposés par Ecologène sont essentiellement destinés aux sites isolés pour fonctionner en autoconsommation, toujours en alternative à un groupe électrogène.

Dans le champ professionnel, les générateurs autonomes de production d'énergie solaire adressent un large éventail d'activités, que Vincent Theven énumère : « Sur des événements sportifs, des concerts ou des festival. Pour équiper un food-truck. Pour des chantiers de travaux publics, par exemple sur un terrain en cours de viabilisation où le réseau n'est pas encore installé.  Pour le secteur de la production audiovisuelle ou sur des plateaux de cinéma pour des tournages dans la nature où il n'y a pas de réseaux. Sur des sites industriels. Pour le traitement des eaux, par exemple pour dessaliniser l'eau ou la pomper dans des villages où il y a pénurie d'eau en alternative à un nouveau forage. Pour alimenter des data-centers en réduisant leur impact environnemental. Pour la sécurité civile en cas d'urgence ou de tempête pour réalimenter des hôpitaux ou un poste de commandement de sapeurs-pompiers. Pour venir en soutien à des bornes de charges de véhicules électriques aux heures de pointe. Pour réduire la facture d'électricité d'un commerce. Ou encore pour alimenter des monuments historiques, des sites souvent classés où les groupe électrogènes ne sont pas autorisés... ».

Lafarge, Enedis, Vinci Autoroutes

Aujourd'hui, le dirigeant affirme avoir des demandes qu'il n'avait pas imaginées : « Lafarge a une mine de plâtre, dans les Pyrénées-Orientales, qui va loin dans les profondeurs, où il est donc impossible d'utiliser des groupes électrogènes. Pourtant, ils ont besoin d'alimenter des appareils de chantier et de ventiler la mine. Un système Ecologène répond bien à ce besoin, c'est plus simple que tirer de gros câbles depuis la surface. Dans ce cas précis, les batteries sont rechargées la nuit sur le réseau et utilisées la journée... Autre exemple récent : le feu d'artifice du 14 juillet de la Cité de Carcassonne est très suivi par les automobilistes depuis une aire de repos, et cette année, Vinci Autoroutes louera un système Ecologène pour alimenter quatre food-trucks, un studio radio, une scène musicale et de l'animation ».

Selon lui, EUROVIA et la SNCF s'intéresseraient de près au dispositif. Et depuis un an, Ecologène expérimente en Occitanie, avec Enedis, la location de ses systèmes mobiles pour des chantiers d'entretien des lignes électriques qui requièrent de couper le courant, afin d'assurer la continuité de l'alimentation des clients en bout de ligne. Des discussions sont en cours avec le gestionnaire de réseaux pour l'achat de plusieurs systèmes mobiles afin de remplacer le parc de groupes électrogènes.

Levée de fonds en vue

L'entreprise a déjà perçu des aides de Bpifrance sous forme de bourse French Tech, ou encore de France Active et de Crealia Occitanie. Pour l'heure, son chiffre d'affaires est encore bas, environ 200.000 euros (à 90% chez des particuliers), pour sept salariés.

« C'est un marché qui est en train de sortir de sa niche et nous comptons multiplier le chiffre d'affaires par deux ou trois chaque année, ambitionne Vincent Theven. Dans les deux années qui viennent, nous devrions recruter cinq personnes et nous allons augmenter notre parc de location qui, aujourd'hui, compte quatre remorques... La prochaine étape, ce sera une levée de fonds auprès de business-angels, probablement d'ici fin 2024, pour au moins 500.000 euros.

Cécile Chaigneau

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