Diversification agricole : La grenade a le vent en poupe

Boostée par une demande sociétale très soutenue, une filière de production de grenades est en train d’émerger sur l’ex-Languedoc-Roussillon. Facile à cultiver, ce fruit recherché pour ses propriétés anti-oxydantes, semble promis à un bel avenir.
(Crédits : DR)

La grenade est une production d'avenir dans l'ex-Languedoc-Roussillon. Pierre Colin, président de la Fédération régionale des producteurs de grenade (FRPG) en est persuadé.

« Il y a une très forte demande sociétale pour le jus de grenade, un fruit dont les propriétés anti-oxydantes son très recherchées, affirme-t-il. Il s'en produit en Turquie et en Espagne mais la grenade de France est très demandée. Nous n'arrivons pas à fournir. »

Arbre méditerranéen, le grenadier s'acclimate bien en Languedoc-Roussillon. On le trouve d'ailleurs isolément dans de nombreux jardins ou exploitations agricoles. Mais depuis quatre à cinq ans, sa culture gagne du terrain, ce qui a conduit en 2014 à la création de la FRPG, structure qui vise à accompagner les producteurs dans leurs projets de création de vergers.

À ce jour, la FRPG compte une cinquantaine d'adhérents, pour une surface de 120 à 130 ha de grenadiers.

« C'est une culture qui s'intègre bien dans une exploitation viticole et oléicole. Les grenades se ramassent après les vendanges et avant la récolte des olives, assure Pierre Colin, lui-même viticulteur en AOC Picpoul de Pinet. C'est une diversification intéressante, qui assure un revenu complémentaire. Le jus de grenade se vend 8 € le litre, en vente directe au consommateur. »

Peu d'intrants mais beaucoup d'eau

Encore cultivée à petite échelle, la grenade nécessite peu d'intrant, elle peut facilement être produite en agriculture biologique. Mais c'est une culture qui a besoin d'eau et l'irrigation nécessite une bonne technicité car le fruit est sensible à l'éclatement, si les apports en eau sont mal raisonnés.

Pour accompagner le développement de cette filière, les producteurs ont obtenus un programme FEADER et un programme FEDER, tous deux co-financés par l'Europe et la Région Occitanie.

Le premier, prévu de 2017 à 2020, porte sur l'amélioration de la productivité des vergers et de la qualité gustative des fruits, la maîtrise de l'irrigation et les procédés de transformation des sous-produits. Il est porté par SudExpé, centre expérimental basé à Marsillargues (34) en partenariat avec la Chambre régionale d'agriculture.

Le programme FEDER, mené en partenariat avec l'Ensiacet (Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques) à Toulouse, vise à évaluer les teneurs en molécules anti-oxydantes en fonction des variétés. Cette évaluation  porte également  sur les sous-produits qui sont aussi riches en anti-oxydants et intéressent l'industrie de la cosmétique et du médical. Les graines sèches de grenade peuvent être transformées en huile de grenade, un produit très recherché en cosmétologie.

Engouement

Aujourd'hui, les vergers languedociens de grenadiers sont encore très jeunes. L'entrée en production va être progressive sur trois à quatre ans. Et de plus en plus d'exploitants agricoles s'intéressent à cette production.

« Les pépiniéristes sont débordés par les demandes et n'arrivent pas à fournir. Cette production encore confidentielle va progressivement monter en puissance », prédit Pierre Colin.

Xavier Crété, en charge du programme Feader à SudExpé, tempère : « Il y a un engouement pour cette production, mais il faut rester prudent. Nous connaissons mal le marché, on ne sait pas où se situe le seuil de saturation ».

L'horizon pour cette production  devrait s'éclaircir à l'issue des programmes Feder et Feader.

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