Industries culturelles et créatives : la guerre des talents est ouverte

Avec une candidature pour être Capitale européenne de la culture 2028 et un écosystème dynamique des industries créatives et culturelles (ICC), Montpellier mise sur la culture pour rayonner et booster son développement économique. Former des talents grâce à plusieurs écoles renommées, dont l’ESMA, est l’un de ses atouts. La tournée « Transformons la France », dont l’étape montpelliéraine se déroulait le 14 novembre, a interrogé les ressorts de cette dynamique.
Deux étudiants de l'ESMA étaient aux côtés de Francis Ingrand (Plug in Digital) et de Karim Khenissi (ESMA) pour évoquer la guerre des talents dans le secteur des industries culturelles et créatives, le 14 novembre 2023 sur l'événement Transformons la France à Montpellier.
Deux étudiants de l'ESMA étaient aux côtés de Francis Ingrand (Plug in Digital) et de Karim Khenissi (ESMA) pour évoquer la guerre des talents dans le secteur des industries culturelles et créatives, le 14 novembre 2023 sur l'événement Transformons la France à Montpellier. (Crédits : Mourad Cherifi)

Impossible de parler de culture à Montpellier sans évoquer la candidature de la ville en tant que Capitale européenne de la culture en 2028. En réalité, c'est tout un territoire de 154 communes entre Montpellier et Sète qui est concerné, ainsi que huit intercommunalités. Trois autres villes (Bourges, Clermont-Ferrand et Rouen) sont également en lice, à un mois de l'annonce de la ville lauréate prévue le 13 décembre prochain.

Afin de souligner l'ambition de mettre la culture au coeur de la transformation économique de Montpellier, Agnès Robin, adjointe au maire de Montpellier déléguée à la culture, rappelle l'importance d'impliquer pleinement les entreprises dans ce projet, notamment à travers la création d'un club d'entreprises mécènes, alors que les retombées économiques peuvent atteindre « des millions d'euros ».

« Notre candidature présente un budget de 67 millions d'euros, dont 90% sont issus de financements publics, nous avons donc besoin de convaincre les mécènes de nous accompagner, détaille Agnès Robin. C'est un territoire déjà très attractif, très touristique, il s'agit d'aller plus en profondeur sur son développement économique et accompagner de façon plus pérenne les entreprises qui viennent s'y installer. C'est un projet pour les quinze ans à venir. »

Lire aussiMontpellier finaliste au titre de Capitale européenne de la culture 2028 : « La culture est précurseur d'un espace de projection politique »

ICC : la guerre des talents

Montpellier n'a pas attendue cette candidature pour rayonner et investir dans la culture. Les chiffres reflètent une véritable attractivité de la ville dans le domaine des industries culturelles et créatives (ICC) à l'échelle nationale comme internationale. En première ligne : la filière du jeu vidéo, soit 125 entreprises implantées en Occitanie, principalement à proximité de Montpellier. Parmi elles, des studios de référence comme le géant Ubisoft. Autre preuve de cette dynamique : huit lauréats de l'appel à projet national "La Grande fabrique de l'Image" se trouvent sur l'aire montpelliéraine.

La ville est également terre d'accueil de plusieurs écoles renommées dans les domaines du cinéma, des effets spéciaux, de l'animation et du jeu vidéo, dont ArtFx et l'ESMA. Car dans un secteur extrêmement concurrentiel, la question des talents est centrale : les former et les garder. On peut clairement parler aujourd'hui de « guerre des talents ».

Lire aussiJeux vidéo : pourquoi Plug In Digital rachète le studio Celsius Online

Selon Francis Ingrand, fondateur et président de Plug In Digital (130 salariés, 30 millions d'euros de chiffre d'affaire), groupe spécialisé dans la distribution et l'édition de jeux vidéo dont le siège est basé à Montpellier, c'est problématique : « En termes d'animation 3D,  nous cherchons un peu les mêmes profils que les studios d'animation, des postes parfois difficiles à pourvoir même si les écoles en forment beaucoup ». Ainsi, « plus de la moitié » des salariés recrutés « viennent d'ailleurs en France ou de l'international ».

« Une difficulté nouvelle est liée à l'essor du télétravail : on se fait piquer des talents par des sociétés étrangères qui proposent des salaires qui n'ont rien à voir avec ce qui se fait en France, regrette Francis Ingrand. Nous devons faire en sorte que les gens se sentent bien où ils sont pour les motiver et les conserver. »

Lire aussiICC : comment la Grande Fabrique de l'image consacre Montpellier

L'écosystème montpelliérain ne s'autosuffit pas

Karim Khenissi, directeur général de l'ESMA (École Supérieure des Métiers Artistiques), est à la tête d'un réseau de sept campus (Montpellier, Toulouse, Nantes, Lyon, Rennes, Bordeaux et Montréal au Canada) qui forme « 5.000 étudiants par an » et assure « un taux de placement de nos étudiants de 93% à six mois pour le cinéma d'animation ».

« Nous sommes la plus grosse école en France, notre filière animation compte à elle seule 220 à 230 diplômés par an, détaille Karim Khenissi. Cela fait beaucoup de monde même si ce n'est pas suffisant car les besoins sont très importants et que l'écosystème ne s'autosuffit pas. »

Une section internationale existe à Lyon et une autre est à l'étude à Montpellier pour attirer des talents étrangers, tandis que des contacts privilégiés sont noués avec les studios français et étrangers depuis de très nombreuses années. D'après Karim Khenissi, « le lien entre le monde de l'entreprise et l'école est vital ».

Quant aux étudiants de l'ESMA, ils sont plutôt confiants dans leur avenir, comme le confie Naïké Kanon, en 4e année animation 3D, qui songe à « rester en France avec le nouveau pôle qui commence à devenir très intéressant à Montpellier. Ou Lucas Coulombel, en 3e année jeux vidéo, déjà déterminé à « monter un studio » dans quelques années.

Lire aussiAnimation 3D et talents : comment l'ESMA attire les plus grands studios du monde à Montpellier

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 16/11/2023 à 8:35
Signaler
La créativité ne s'apprend pas et bute sur cette exigence du diplôme et du retour à investissement tandis que les deux meilleurs artistes dont j'ai croisé la route, une de 16 ans et un de 60 me tenaient le même discours sans se connaitre à savoir que...

le 16/11/2023 à 8:37
Signaler
"eux seuls " Et leur armée de larbins aussi on se doute bien. "Oh oui vous êtes trop génial, vous avez trop goût ô not' bon maître !" ^^

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.