Thierry Ducros passe le relais à Patrick Maillard à la présidence de l’Union nationale des métiers du bois

Evolution des modes constructifs en bois, formation, RE2020,… Les enjeux de la filière de la construction bois ne manquent pas pour le nouveau président de l’Union nationale des métiers du bois, Patrick Maillard. Il succède au Montpelliérain Thierry Ducros, qui l’a présidée pendant sept ans.
Cécile Chaigneau
Thierry Ducros (à gauche) passe le relais à Patrick Maillard à la présidence de l’Union nationale des métiers du bois.
Thierry Ducros (à gauche) passe le relais à Patrick Maillard à la présidence de l’Union nationale des métiers du bois. (Crédits : Cécile Chaigneau)

« Les carnets de commandes des métiers du bois affichent une grande disparité selon les régions : en Bretagne, les professionnels ont entre 12 et 18 mois de commandes devant eux, en Occitanie, une des régions les moins favorisées, les carnets de commandes vont au maximum jusqu'à la fin 2024, décrypte Thierry Ducros, le président sortant de l'Union nationale des métiers du bois de la FFB (UMB-FFB). Autre région qui souffre beaucoup : l'Alsace en raison d'une concurrence jugée déloyale de l'Allemagne où il n'existe pas de politique bas salaires et où sévit une chute d'activité du bâtiment, incitant les entreprises à venir prendre des marchés en France. »

L'Union des métiers du bois (UMB) rassemble l'ensemble des métiers de la construction liés au bois au sein de la Fédération française du bâtiment (FFB) : menuiseries intérieures et extérieures, agencement, charpente, construction bois. Soit 8.500 entreprises adhérentes et près de 100.000 salariés, représentant 70% des effectifs de la profession. En France, on dénombre 80.000 entreprises du bois dans la construction, « soit une augmentation de 56% en dix ans », souligne Thierry Ducros, au moment de passer le flambeau de la présidence nationale de l'UMB qu'il tient depuis 2017.

Le 27 et 28 juin dernier, se tenait à Montpellier sa dernière assemblée générale, celle où a été élu son successeur, Patrick Maillard, dirigeant de BRARD Menuiserie Agencement, président de l'Union départementale Val-de-Marne de la FFB Grand Paris Ile-de-France et jusqu'alors vice-président.

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Vigilance sur la réglementation incendie

Dans cette période compliquée pour le secteur de l'acte de construire, en raison d'une crise sévère dans le logement, « c'est la rénovation, qui intègre volontiers le bois, qui est l'activité la plus positive dans les entreprises », souligne le nouveau président de l'UMB. Toutefois, l'évolution vers des modes constructifs plus vertueux et les nouvelles normes environnementales, comme la RE2020 qui met le bois en avant, font le jeu des acteurs du secteur.

« La RE2020 pousse les maîtres d'ouvrage à aller sur les matériaux biosourcés, et de notre côté, nous prônons volontiers la mixité des matériaux, déclare Patrick Maillard. On voit maintenant apparaître les premiers immeubles en bois, par exemple le Campus Arboretum à Nanterre (125.000 m² de bureaux sur l'ancienne friche industrielle de l'usine des Papeteries de la Seine, fermée en 2011, NDLR), aujourd'hui quasiment terminé et qui compte notamment des immeubles en bois de grande hauteur... Mais depuis trois ans, nous sommes confrontés à des problèmes de réglementations incendie : la construction bois se développe de plus en plus et le gouvernement a décidé de la réviser. Or certaines nouvelles règles ne nous conviennent pas : si on devait respecter la réglementation qu'ils ont commencé à écrire sous la tutelle des sapeurs-pompiers de Paris, on ne pourrait plus construire ce qu'on a construit, notamment pour les JO... Quand le maître d'ouvrage devra choisir comment décarboner la construction et qu'il verra que ça coûte plus cher avec du bois, il va réfléchir à le faire autrement. »

Thierry Ducros renchérit : « Quand la RE2020 est sortie, des contre-vérités sont sorties avec elle : que la ressource bois n'était pas là, ce qui est faux puisqu'on n'utilise que 55% de la croissance de la forêt française, qu'il n'y aurait pas assez d'architectes et de bureaux d'études spécialisés dans la construction bois alors qu'il existe au moins 200 bureaux d'études spécialisés en France, et enfin qu'il n'y aurait pas suffisamment d'entreprises de construction bois alors qu'on en compte 2.000 en France, et 10.000 entreprises de charpente et construction bois qui sont prêtes à prendre le relais. La fédération a mis en place une task-force, vantant la mixité des matériaux et on a vu une adaptation progressive des entreprises aux nouveaux modes constructifs ».

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« L'effet Notre-Dame »

Un point positif est également évoqué par les deux dirigeants : le volet formation et renouvellement des compétences. Il semblerait que les métiers de la construction bois, nouvellement auréolés de vertus environnementales, aient à nouveau les faveurs des jeunes.

« La baisse d'activité dans les entreprises fait qu'elles recrutent moins et ont donc moins de problèmes, mais il faut souligner que ces recrutements sont aujourd'hui d'excellente qualité, ajoute Thierry Ducros. Avec l'émergence des bâtiments biosourcés, les jeunes s'orientent plus volontiers vers la construction bois. C'est la première année où on entend autant d'échos positifs sur le fait que les apprentis viennent vers nos métiers ! Les entreprises qui recevaient entre deux et trois sollicitations pour prendre des apprentis en reçoivent aujourd'hui quinze ! Et on voit également des profils intéressants qui se présentent dans le cadre de reconversions. Il y a indéniablement eu une revalorisation de ces métiers. L'effet "Notre-dame" (charpente reconstruite à l'identique après l'incendie d'avril 2019, NDLR) y a fait beaucoup mais pas que... Et nos métiers commencent aussi à davantage se féminiser, y compris dans la production et dans la conduite de travaux ».

Patrick Maillard souligne toutefois que « hier, on manquait d'entreprises qui voulaient former, aujourd'hui, il y en a énormément mais il y a des territoires où on n'a pas assez de candidats à former, en particulier à Paris ».

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Cécile Chaigneau

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