A 1.567 mètres d'altitude, une page se tourne et un nouveau chapitre s'ouvre pour l'Observatoire du Mont Aigoual qui domine les Cévennes gardoises... Observatoire du reboisement des forêts des Monts de l'Aigoual en 1894, le site a accueilli une station météorologique de Météo France en 1943, la plus haute d'Europe et la dernière station de montagne à être habitée en France, pour observer les aléas et tendances de fonds liés aux évolutions de températures. Mais modernisation oblige, la station a peu à peu été automatisée et Météo France (et ses quatre salariés sur place) s'est progressivement désengagée
La Communauté de communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires, propriétaire du météo-site, a alors présenté un projet de restauration du bâtiment, avec la volonté de mettre en avant, de façon scientifique et pédagogique, le sujet majeur du changement climatique. Cinq années d'études et 3,4 millions d'euros d'investissement plus tard, c'est donc la 3e vie du site qui a démarré le 1er juin 2023 : le désormais Centre d'interprétation et de sensibilisation au changement climatique du Mont Aigoual, ouvert au public le 3 juillet, sera officiellement inauguré ce 7 juillet.
Projet lauréat du programme Avenir montagne, les travaux de rénovation et de réaménagement du Centre d'interprétation et de sensibilisation au changement climatique du Mont Aigoual ont été financés par la Communauté de communes, soutenue à 80% par des aides de l'Etat, du fonds Feder, de la Région Occitanie, du Conseil départemental du Gard et de la Fondation du patrimoine.
Un centre d'essais climatiques pour les entreprises
« Le centre a été baptisé "le Climatographe" et il a désormais une vocation pédagogique en direction du grand public mais il a aussi une mission économique, avec le Centre d'essais climatiques de l'Aigoual, et scientifique », résume Laurent Bonnard, son directeur.
Les visiteurs grand public - locaux, scolaires ou touristes - pourront y découvrir une exposition permanente avec un outil d'information pour comprendre les phénomènes liés au changement climatique, ainsi qu'une salle baptisée AGIR leur permettant « de se sentir acteurs en faisant des propositions, en enrichissant la fresque de la renaissance écologique », précise le directeur. Un comité scientifique, présidé par Valérie Masson-Delmotte, paléo-climatologue au CEA et membre du GIEC, chapeaute ce volet grand public, aux côtés notamment de David Salas Y Melias, responsable de département de recherche de Météo-France.
Du fait de sa situation géographique, le site est défini comme doté d'un climat continental froid ou subarctique, ce qui en fait un site représentatif des climats des Alpes, des Pyrénées et du Massif Central.
« Le site dispose, depuis 1993, d'un centre d'essais climatiques où les entreprises viennent tester des matériaux ou des process en conditions extrêmes ou sévères, c'est à dire des températures très basses - elles sont déjà descendues à -23° -, du givre rapide, du vent, explique Laurent Bonnard. Par exemple, le groupe Lafarge vient tester ses bétons, ou l'entreprise gardoise SEVAR des revêtements. L'association nationale des artisans bâtisseurs en pierres sèches projette de déployer ici un essai de mur en conditions extrêmes. »
Ces études de vieillissement et de durabilité des matériaux et matériels sont rendues possibles grâce aux capteurs de la station Météo France, régulièrement étalonnés, qui font du centre d'essais climatiques du Mont Aigoual une référence.
Former à la transition climatique
Enfin, le site a une mission scientifique, dont Laurent Bonnard décrit les contours : « Nous avons vocation à accueillir des chercheurs en résidence, à organiser des cycles de conférences et de séminaires scientifiques, et à faire en sorte que la recherche s'installe au Mont-Aigoual. Nous avons probablement déjà une thèse qui va démarrer et travailler avec le SDIS et l'Ecole des mines d'Alès sur le réchauffement climatique et le risque incendie... Nous voulons également développer des projets de sciences participatives autour de la météo participative, c'est à dire utiliser le réseau des gens qui font des relevés dans leur jardin, avec des chercheurs en météorologie ».
Un autre sujet sera mis sur la table, celui de la représentation sociale du changement climatique « qui a été peu étudiée en France », souligne Laurent Bonnard qui envisage ainsi d'accueillir une thèse avec l'Université Montpellier 3, « en utilisant comme matériau d'étude les éléments déposés par les visiteurs sur la fresque de la renaissance écologique ».
« Nous allons également créer, en partenariat avec le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (CEREMA, ndlr) et l'ADEME, une plateforme de contenus de formation pour que les acteurs de la transition climatique puissent venir se former sur site, ajoute le directeur du site. Ça pourra être des élus, des techniciens d'Etat, des cadres des collectivités territoriales, etc. L'objectif serait d'avoir un premier groupe de formation test à la fin de l'année. »
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