Vià, premier réseau national de télévisions locales et d’outre-mer, est né

Bouleversement dans le PAF : le 4 juillet, le premier réseau national de télévisions locales Réseau Vià est officiellement lancé par son président Christophe Musset et son associé, l’homme d’affaires Bruno Ledoux. Il compte à ce jour 22 chaînes locales. Dans le même temps, Sabine Torres est nommée P-dg du groupe Médias du Sud/Vià Occitanie, à Montpellier.
Cécile Chaigneau
Bruno Ledoux (investisseur), Christophe Musset (président du Réseau Vià) et Sabine Torres (P-dg du groupe Médias du Sud/Vià Occitanie).
Bruno Ledoux (investisseur), Christophe Musset (président du Réseau Vià) et Sabine Torres (P-dg du groupe Médias du Sud/Vià Occitanie). (Crédits : DR)

Le 28 septembre 2017, la télévision régionale languedocienne TVSud changeait officiellement d'identité et devenait ViàOccitanie. Un changement préfigurant le réseau national de télévisions locales Vià qu'ambitionnaient alors de créer Christophe Musset, le P-dg du groupe Médias du Sud, et l'homme d'affaires Bruno Ledoux. Leur projet : regrouper à terme la quasi totalité des chaînes TV locales de France sur « le principe du maintien de l'indépendance capitalistique et éditoriale de chacune, regroupées au sein d'un réseau d'affiliées émanant des territoires ».

Le 4 juillet 2018, ce sera chose faite : lors d'une soirée de lancement à Paris, les deux hommes officialiseront la naissance du Réseau Vià, premier réseau national de télévisions locales. Réunies sous une marque commune, elles partagent des programmes et des outils communs : habillages antennes, émissions, système de diffusion, site internet, mesure Médiamat, régie publicitaire, etc.

30 millions d'habitants couverts

En septembre 2017, aux trois antennes existantes (Montpellier, Nîmes et Perpignan) étaient venues s'ajouter celle de Toulouse, le groupe ayant repris la fréquence de TLT, et celle de ViàGrandParis (ex-Telif).

Le 4 juillet, d'autres chaînes françaises de métropole et d'Outre-Mer ont officiellement rejoint le Réseau Vià, soit 22 chaînes au total, couvrant plus de 30 millions d'habitants : Wéo Lille, Wéo Picardie, Tébéo (Bretagne ouest), Tébésud (Morbihan), Télé Paese (Corse), LCN (La Chaîne Normande), Télénantes, LMTV (Le Mans Télévision), MaTélé (Saint-Quentin), TLC (Télévision locale du Choletais), Angers Télé, Mirabelle TV (Lorraine), Vosges Télévision, Demain TV (chaîne parisienne thématique sur l'emploi, la formation, l'entrepreneuriat et les diversités), viàGrandParis, viàOccitanie Toulouse, viàOccitanie Pays gardois, viàOccitanie Pays catalan, viàOccitanie Montpellier, ATV Martinique, ATV Guadeloupe, ATV Guyane.

Le réseau compte à ce jour quelque 200 journalistes.

Des conditions idéales

Président du Réseau Vià, Christophe Musset réalise une ambition née il y a dix ans, quand il avait repris sa première télévision locale, TVSud à Montpellier, et créé le groupe Médias du Sud. Une ambition qu'il avait aussi portée lorsqu'il était président du syndicat Télévisions locales de France (TLF), s'inspirant de l'expérience concluante du GIE des Indés Radio.

Prérequis de son projet : « la conviction qu'en se mutualisant, en agrégeant leur audience et en accédant aux standards nationaux, les chaînes de télévision locale indépendantes vont gagner en notoriété et faire rayonner davantage les territoires qu'elles couvrent ».

« Le groupe Hersant avait déjà tenté l'expérience de la mutualisation, à mon avis dans un contexte qui n'était pas encore adapté et en négligeant l'indépendance capitalistique des chaînes, précise-t-il. Il n'y avait alors que 7 chaînes, ce qui n'était pas suffisant pour accéder à Médiamat (mesure d'audience de la télévision en France, NDLR). Il n'y avait pas d'interconnexion les unes avec les autres, et pas de marque commune. Le travail était à moitié fait... Les progrès technologiques, facilitant notamment le partage des vidéos, le soutien du Conseil supérieur de l'audiovisuel, l'appétence du public pour le "près de chez vous" réunissent les conditions idéales aujourd'hui pour réussir le premier réseau de télévisions locales en France. »

Conquérir 1 % de part d'audience

 « Je pense que nous assistons à la dernière grande aventure audiovisuelle, celle qui permettra l'essor et la réussite des télévisions locales, ajoute Bruno Ledoux, qui était entré au capital de Médias du Sud en mars 2017. Je suis heureux de participer à la création du Réseau Vià, un projet décentralisé qui donne une part belle à nos territoires. »

Le réseau liste les bénéfices immédiats pour une chaîne adhérant au réseau : « revenus additionnels (publicités et achat de contenus), programmes à forte valeur ajoutée, Mediamat, force marketing d'une marque ombrelle, habillages personnalisés, régie publicitaire, baisse des charges et moyens techniques innovants ».

À l'horizon 2020, le Réseau Vià ambitionne de couvrir les principales métropoles françaises avec près de 30 chaînes locales, et de toucher plus de 40 millions d'habitants. Et avec cette marque forte conquérir 1 % de part d'audience nationale.

« Aujourd'hui, il manque par exemple Marseille, Nice, Bordeaux, Lyon ou Rennes, souligne Christophe Musset. Nous allons faire notre possible pour les convaincre d'adhérer. Sinon, on ouvrira des chaînes. »

Une femme à la tête de Médias du Sud

Alors que Christophe Musset a pris les rênes du Réseau Vià, Sabine Torres, arrivée en 2014 et directrice générale du groupe Médias du Sud/viàOccitanie depuis deux ans, a été désignée pour lui succéder au poste de P-dg lors de l'assemblée générale du 28 juin. À 38 ans, elle devient la première femme aux commandes. d'un groupe de télévisions locales privées.

« Je serai aussi actionnaire du groupe Médias du Sud et DG du Réseau Vià, déclare-t-elle. Christophe Musset et moi travaillons en binôme, nous fonctionnons en cogestion. »

Le périmètre du groupe Médias du Sud/viàOccitanie, fondé par Christophe Musset, comprend les quatre antennes Via Occitanie (Toulouse, Montpellier, Pays Gardois et Pays Catalan), les trois antennes ATV de Martinique, Guadeloupe et Guyane, Le Journal des Plages (hebdomadaire papier comptant 5 éditions sur le littoral méditerranéen, co-édité avec Midi Libre/Les Journaux du Midi à 90 000 exemplaires par semaine), et MyVideoPlace (concept d'hébergement de vidéos, de partage et monétisation des contenus, à destination des médias).

10 M€ sur l'Occitanie

 « Aujourd'hui, 50 médias de la France entière, télévisions ou journaux de la PQR, utilisent la plate-forme MyVideoPlace, sur laquelle sont agrégés les productions de 400 journalistes, indique Sabine Torres. Notre ambition est d'agréger toutes les chaînes de télévision qui rejoignent Vià et de dépasser les 10 millions de vues par mois, alors que nous comptons 8 à 9 millions de vues par mois aujourd'hui... Le groupe Médias du Sud a atteint les 10 M€ de chiffre d'affaires, en incluant les chaînes ATV, mais mon ambition est réaliser ces 10 M€ sur la seule région Occitanie. Nous allons nous diversifier, sur le secteur privé notamment. »

Les effectifs du groupe sont passés de 40 à 65 sur le périmètre de l'Occitanie, soit 90 salariés en tout avec les chaînes Outre-Mer, « dont la moitié sont des journalistes », précise Sabine Torres.

Cécile Chaigneau

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