Boissons « sans alcool » : un marché d’avenir pour les producteurs de vin du Languedoc ?

Les boissons « no-low » (sans ou peu d'alcool), alternatives naturelles au vin et aux sodas, nécessitent des techniques encore coûteuses. Il est crucial de les "premiumiser" et de bien les marketer pour mieux les vendre. Dans le Languedoc, certains professionnels font partie des pionniers. Pour quel potentiel aujourd’hui ? Tour d’horizon.
L'entreprise Pierre Chavin, à Béziers (Hérault), a été pionnière dans la production de vins faiblement alcoolisés et sans alcool, dont elle a fait sa spécialité.
L'entreprise Pierre Chavin, à Béziers (Hérault), a été pionnière dans la production de vins faiblement alcoolisés et sans alcool, dont elle a fait sa spécialité. (Crédits : Pierre Chavin)

À déguster sans modération ? Partout dans le monde, la catégorie des boissons « no-low », c'est à dire sans alcool ou avec peu d'alcool, a le vent en poupe. Un phénomène qui grandit et qui a incité Vinseo, cluster de fournisseurs de biens et services pour les producteurs de vins en Occitanie, à proposer une rencontre professionnelle sur ce marché à potentiel le 4 juillet dernier à Montpellier.

En Languedoc, certains professionnels font partie des pionniers en la matière, à l'instar de Mathilde Boulachin, cofondatrice et dirigeante de l'entreprise Pierre Chavin, à Béziers (Hérault), qui a fait des vins faiblement alcoolisés et sans alcool sa spécialité.

« Nous n'avons pas vocation à prendre des parts du vin mais à offrir une alternative naturelle », martèle-t-elle.

Une alternative recherchée par les consommateurs, confirme Jean-Philippe Braud, fondateur du site internet spécialisés dans les boissons sans-alcool "Gueule de joie" : « Le vin sans alcool n'est plus du vin, c'est une autre proposition de valeur. Il ne faut pas chercher le même plaisir. Ces boissons sans alcool peuvent aussi être présentées comme étant une bonne alternative au soft traditionnel, moins sucré ». Ou à la bière qui a déjà investi le segment du sans alcool depuis de longues années, ajoute Mathilde Boulachin.

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Vers une « premiumisation »

Une boisson qu'il convient toutefois de « premiumiser », poursuit-elle, en passant par des réseaux de distribution comme les cavistes et les magasins spécialisés, et non par la grande distribution.

« Il faut arriver à assumer que ce n'est pas une boisson "sans" alcool mais "avec" du plaisir et du goût », argumente Jean-Philippe Braud.

Sébastien Thomas, producteur du vin désalcoolisé Moderato, a quant à lui fait le choix de ne se concentrer que sur le 0% d'alcool. Plus facile pour aborder cette nouvelle clientèle ? Pas forcément estime Mathilde Boulachin pour qui « il faut une habitude de vin, et on pourrait penser que les pays du Moyen-Orient sont une destination de prédilection mais en réalité, non, ce n'est pas aussi évident ».

L'acceptation devra aussi être financière, analysent les observateurs de ce marché émergeant. Xavier-Luc Linglin, des domaines François Lurton (en Gironde), propose un vin blanc à 8° entre 10 et 12 euros et vient de relancer un 0% d'alcool : « Les consommateurs ne comprennent pas pourquoi le sans alcool est plus cher que le vin. Il faut expliquer que l'on commence par du vin et pas n'importe lequel - il faut le meilleur - auquel on ajoute une étape, la désalcoolisation ».

« Élaborer des vins sans alcool est extrêmement coûteux », confirme Mathilde Boulachin dont les vins tournent autour de 14 euros.

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Une technologie à développer

« Cela demande une technologie de pointe si on veut atteindre des profils de qualité, donc c'est cher, tout comme le sont les matières sèches (bouteilles et étiquettes, NDLR) qui sont les mêmes que pour le vin », ajoute la dirigeante.

Jusqu'à présent, l'étape de désalcoolisation ne se faisait pas en France, mais plutôt en Belgique. Une opération technique dont les fournisseurs français de la filière sont invités à se saisir, à l'image du centre dédié à la désalcoolisation en France qui doit voir le jour dans le Gers à l'automne, à l'initiative du groupe Vivadour.

À la technique, s'ajoute également un travail de marketing « conséquent », prévient Mathilde Boulachin. A commencer par une manière plus positive de dénommer cette nouvelle catégorie en sortant des « sans » alcool ou « moins » d'alcool...

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