FFB 34 : « Enfin pouvoir dire : ça va mieux ! »

Le 8 septembre, Thierry Ducros, le nouveau président de la FFB 34 inaugurait sa 1e assemblée annuelle par un discours teinté d’optimisme. Un changement de ton notable après plusieurs années de vaches maigres pour ce secteur qui pèse lourd dans l’économie régionale.
Cécile Chaigneau

Les professionnels du bâtiment retrouvent le sourire. Après des années de baisse d'activité, de destruction d'emplois et de défaillance d'entreprises, les frémissements annoncés début 2016 semblent se confirmer.

Le 8 septembre, Thierry Ducros, le nouveau président de la Fédération du bâtiment de l'Hérault (FFB 34) depuis décembre 2015, ouvrait sa première assemblée annuelle sur un discours optimiste. Lors d'un point presse précédant cette assemblée, il a fait le point sur la reprise et les signaux encourageants dans le secteur du bâtiment, un poids lourd de l'économie régionale, aux côtés de Bertrand Sablier, délégué général de la FFB.

« On a touché le fond et atteint un creux historique, rappelle-t-il. Mais on ressent quelques frémissements. Dans l'Hérault, le secteur a perdu 4 500 emplois depuis 2008 (13 000 sur l'ex-Languedoc-Roussillon, NDLR), mais si on ne parle pas encore de créations d'emplois, on parle de stabilité. Au moins, on n'en détruit plus ! Je vais enfin pouvoir dire "ça va mieux !". »

De la même manière, « les défaillances d'entreprise sont en repli, nationalement mais aussi sur le département de l'Hérault », assure le président.

470 M€ et 800 M€

En effet, les récents chiffres publiés par la Cellule économique régionale BTP Languedoc-Roussillon font état d'indicateurs encourageants, émanant essentiellement de l'immobilier de logement : les mises en chantier enregistrent une progression annuelle à deux chiffres, les autorisations se redressent, et le chantier de rénovation énergétique sort peu à peu de sa léthargie. Autant d'éléments qui devraient impacter favorablement les plans de charge des entreprises du bâtiment dans les prochains mois.

« Nous comptons sur les collectivités locales, souligne Thierry Ducros. A la Métropole, Philippe Saurel a promis d'investir 470 M€ d'ici fin de son mandat dans des projets de bâtiments. Il y a bien sûr les 800 M€ du plan Marshall de la présidente de Région Carole Delga, dont on n'a encore rien vu. Quant au Département de l'Hérault, je le mets en garde : il serait préférable, dans l'extension de collèges, que l'on privilégie la construction en dur plutôt que des bungalows venus d'autres cieux. Et on compte aussi sur la promotion immobilière qui a connu embellie en 2015. »

La guerre des « travailleurs détachés »

Le sujet qui continue de fâcher ces professionnels de la construction, ce sont bien sûr les « travailleurs détachés ». La fin de l'été a été marquée, dans l'Hérault, par l'interruption de cinq chantiers à Pignan, Castries et Castelnau-le-Lez sur lesquels étaient employés 130 salariés portugais comme travailleurs détachés. La préfecture a épinglé deux entreprises.

« Nous avons la chance d'avoir dans l'Hérault une commission de vigilance qui fonctionne bien et, exception en France, des inspecteurs du travail qui travaillent le week-end, se réjouit Thierry Ducros. La fermeture de ces cinq chantiers est une victoire. La guerre n'est pas encore gagnée, mais petit à petit nous sommes entendus... Avec cette conjonction et l'efficacité de la lutte contre les fraudeurs, nos entreprises peuvent avoir de l'espoir. »

Bertrand Sablier rappelle alors que la profession a obtenu un certain nombre de choses des pouvoirs publics sur cette problématique, notamment la carte d'identité professionnelle qui sera déployée d'ici la fin de l'année et permettra d'avoir un outil de contrôle sur les chantiers.

« Chaque salarié, intérimaires compris, devra porter ce badge, délivré par les caisses de congés payés du bâtiment, et sera susceptible d'être contrôlé à tout moment », explique-t-il.

Thierry Ducros souligne qu'il est aussi temps que les professionnels relèvent leurs prix.

 « Les 2/3 des entreprises en France ont eu un bilan négatif ou proche de zéro sur l'année écoulée. J'avertis les donneurs d'ordres que les prix vont monter et qu'ils se préparent à payer le prix justes ! Il faut qu'ils deviennent socio-responsables. »

Au cours de l'assemblée, la FFB signait une convention globale avec la Ville et la Métropole de Montpellier, incluant pour la première fois une clause liée à la formation.

« Nos CFA se désertifient, nous ressentons une réelle reprise et les entreprises vont être à la recherche de salariés. Cela concerne aussi la formation continue car nos métiers évoluent et il faut former les salariés. »

Une visibilité encore incertaine

Bertrand Sablier se félicite d'un ensemble de paramètres favorables ayant permis un regain d'activité : le prêt à taux zéro, le CITE (d'impôt transition énergétique), le dispositif Pinel, les taux d'intérêt historiquement bas. Mais les trésoreries des entreprises sont au plus bas et il risque néanmoins un petit bémol à l'optimisme ambiant.

« L'année 2017 sera sûrement marquée par la croissance, mais notre inquiétude, c'est qu'il y ait une croissance sans emploi, note néanmoins Bertrand Sablier. L'ambiance n'est pas encore sereine. Huit ans de crise, ça ne s'efface pas d'un coup de baguette magique. »

Thierry Ducros évoque des carnets de commande dans un état très variable selon les entreprises : « Ce qui est sûr, c'est que plus personne ne dit "j'ai un an devant moi". Les plus mal en point ont 15 jours devant eux, la moyenne un trimestre ».

En lice à la CCI et à la Chambre de métiers

En marge de ce point presse, Thierry Ducros confirmait son engagement dans les prochaines campagnes des élections consulaires départementales. Il sera candidat sur deux listes, une pour la CCI de l'Hérault, l'autre pour la Chambre de métiers (CMA) de l'Hérault.

« Nous avons décidé de partir aux élections de la CMA avec la liste "Fiers d'être artisans", qui rassemblera, selon des accords nationaux, la CGPME, la FFB, l'UMIH (union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie, NDLR), le CNPA (Conseil national des professions de l'automobile, NDLR), une partie des taxiteurs, les poissonniers et les sociétés de nettoyage. La tête de liste sera Bertrand Couronne, un artisan métallier de Béziers. Nous allons mener une campagne pour gagner car la CMA est présidée depuis des années par la CAPEB. »

Au total, quatre listes sont attendues.

« Nous n'oublions pas notre implication à la CCI de Montpellier, ajoute Thierry Ducros. Nous sommes toujours engagés aux côtés d'André Deljarry, et je serai aussi sur sa liste... A terme, je souhaite être celui qui rapprochera CCI et CMA en une seule chambre consulaire. »

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.