55 sites industriels « clés en main » : à Béziers, le parc de Mazeran dans les starting-blocks pour accueillir la gigafactory Genvia

Un pas de plus vers la création d’une gigafactory à Béziers, dédiée à la fabrication d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène décarboné ? Le parc d’activités économiques de Mazeran, où elle ambitionne de s'implanter, est l’un des 55 « sites clés en main » retenus par le gouvernement dans son plan de réindustrialisation, et parmi les cinq plus matures. Joël Daures, directeur général de Viaterra, la SEM d’aménagement de l’agglomération biterroise, fait un point d’étape.
Cécile Chaigneau
A Béziers, le parc d'activités économiques de Mazeran se prépare à accueillir la gigafactory Genvia pour l'industrialisation à grande échelle d'une technologie innovante d'électrolyseurs permettant la production d'hydrogène vert décarboné.
A Béziers, le parc d'activités économiques de Mazeran se prépare à accueillir la gigafactory Genvia pour l'industrialisation à grande échelle d'une technologie innovante d'électrolyseurs permettant la production d'hydrogène vert décarboné. (Crédits : Viaterra)

L'Etat mise sur le territoire biterrois pour contribuer à la réindustrialisation du pays, notamment avec le projet de la gigafactory Genvia, née d'un partenariat public-privé (Cameron-SLB, le CEA Grenoble, Vinci Construction, Vicat et la Région Occitanie) et portant sur l'industrialisation à grande échelle d'une technologie innovante d'électrolyseurs pour produire de l'hydrogène vert décarboné. En septembre 2022, le gouvernement avait sélectionné, dans le cadre d'un PIIEC (Projet important d'intérêt européen commun, avec une enveloppe de 2,1 milliards d'euros), dix sites qui accueilleront des gigafactories dédiées à l'hydrogène bas carbone en France. Parmi eux figurait le projet Genvia à Béziers.

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Nouveau geste de soutien de l'Etat : le 16 avril dernier, dans l'objectif de convaincre les investisseurs industriels de s'implanter ou de rester en France, les ministres Roland Lescure (Industrie et Energie) et Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) ont dévoilé la liste de 55 « sites clés en main » du programme « sites France 2030 ». Soit 3.342 hectares disponibles au total. Le parc d'activités économiques de Mazeran (111 hectares) à Béziers est l'un d'eux, et fait même partie des cinq les plus matures et déjà opérationnels. C'est là que devrait s'ériger le site industriel de Genvia.

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Exclu de l'application de la loi ZAN

Car évidemment, la question du foncier est centrale dans ce type de projet industriel, dont l'implantation est par ailleurs très encadrée du point de vue réglementaire, s'apparentant parfois à un véritable parcours du combattant. Or ces 55 « sites clés en main » ont justement vocation à faciliter leur installation.

Depuis janvier 2021 et l'approbation, par la Commission européenne, de la création d'une société conjointe de technologie, le projet Genvia se déploie progressivement depuis le site industriel historique de l'entreprise biterroise Cameron (spécialisée dans les équipements pour les filières gazière et pétrolière et rachetée par le groupe Schlumberger en 2015, devenu SLB). La première ligne pilote y a été lancée en septembre 2022, préfiguration du futur site industriel à venir qui nécessitera, dans une première phase en tout cas, pas loin de 30 hectares.

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Là encore, pour faciliter l'implantation industrielle, l'Etat vient de faire un geste : sur les 167 grands projets « d'envergure nationale et européenne » figurant sur la liste des premiers projets exclus de l'application de la loi ZAN (zéro artificialisation nette) publiée le 11 avril dernier par le ministère de la Transition écologique, 22 sont basés en Occitanie, et parmi les sites industriels, figure celui de l'écosystème EDEN à hauteur de 150 hectares, incluant le projet Genvia. Une requête qui avait été largement portée par la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, et relayée par le préfet de région de l'époque, Etienne Guyot.

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49 + 62 hectares

EDEN (Ecosystème Durable et Energies Naturelles), c'est le nom de ce comité, lancé en septembre 2022, avec pour ambition d'embarquer tout l'écosystème biterrois associé à la dynamique industrielle de la future gigafactory (entreprises, sous-traitants, centres de formation, startups ou organismes de recherche) afin de préparer le terrain et d'accompagner la montée en puissance de l'écosystème régional autour du projet industriel.

« L'alignement des acteurs fera la différence et peut permettre de dérisquer une industrie stratégique qui va prendre du temps, soulignait alors Florence Lambert, la présidente de Genvia. La création du comité EDEN doit permettre de synchroniser et d'adresser des sujets comme le foncier, les compétences, les infrastructures, l'innovation et l'attractivité. »

Joël Daures, directeur général de Viaterra, la SEM d'aménagement de l'Ouest Hérault, se réjouit de ce nouveau label accordé au parc d'activités : « La zone de Mazeran, qui se situe à hauteur de l'échangeur entre l'A75 et l'A9 à l'est de Béziers, est un secteur qui se prête à ce type de projet industriel car elle ne souffre pas de contraintes particulières. Elle compte deux parties : le secteur Nord, déjà en grande partie aménagé et en phase de commercialisation auprès d'entreprises technologiques, tertiaires et médicales, et le secteur Sud qui a été retenu par le gouvernement comme "site clés en main". Il s'étend sur 49 hectares, avec une extension possible de 62 hectares, et était destiné au départ à être plutôt orienté sur des activités de production de petites industries. Quand le projet Genvia est arrivé, et alors que nous étions sur le point de lancer les travaux d'aménagement, nous avons tout bloqué pour le réserver à Genvia... Ce label de "site clés en main" est la suite logique d'une stratégie de développement économique autour de l'industrie et des énergies renouvelables (le Biterrois compte déjà sur son territoires EDF-EN, Total Energies ou Qair, NDLR) ».

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« Un label qui nous rend visible de l'extérieur »

Joël Daures confirme que le 29 janvier 2024, à l'occasion du 3e comité de coordination d'EDEN, la présidente de Genvia a signé un protocole d'étude avec Robert Ménard, le président de l'agglomération Béziers Méditerranée, actant la volonté politique de faire de Mazeran le site préférentiel d'implantation industrielle de Genvia et de son écosystème. Dans le cadre d'une convention entre l'agglomération biterroise et l'EPF (établissement public foncier) Occitanie, engageant ce dernier sur le portage du foncier pour une durée de cinq ans, le dirigeant de Viaterra ajoute que l'achat des terrains a bien été opéré par l'EPF pour 8 millions d'euros.

« Nous devrions connaître, d'ici la fin de l'année voire même d'ici cet été, l'emprise foncière dont aura précisément besoin Genvia - ça pourrait être moins de 30 hectares - et ensuite, nous nous préoccuperons d'accueillir des petites industries locales, indique Joël Daures. Le dépôt de permis de construire de Genvia devrait se faire en 2025 pour un démarrage des travaux en 2026. Mais dès que nous aurons connaissance du projet de plan de masse de Genvia, nous pourrons démarrer les travaux d'aménagement de la zone, dans une démarche très soucieuse de l'environnement. »

Dans cette première phase du programme « sites France 2030 », l'Etat s'engage à apporter aux collectivités territoriales concernées près de 450 millions d'euros de dépenses d'investissement, soit sous forme de capital soit sous forme de prêts. Autre atout : les fonciers retenus seront valorisés par l'agence d'attractivité Business France, les agences régionales de développement économique et les préfectures.

« C'est avant tout une intention pour l'implantation des entreprises, un label qui nous identifie clairement, qui nous rend visibles de l'extérieur, souligne Joël Daures. Ça nous permet de faire avancer les dossiers grâce à un vrai travail de partenariat avec l'Etat pour la réindustrialisation du territoire. L'argent on verra après... Ça nous permet aussi d'enclencher une vraie dynamique de territoire en termes d'infrastructures, de services publics, d'habitat à proximité, etc. L'économie est un moteur du territoire important pour l'avenir de Béziers. Retrouver notre souveraineté industrielle devient incontournable. »

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Cécile Chaigneau

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