Bruno Humbert (La Ruche) : "Mailler le territoire avec des acteurs locaux"

Le 24 novembre a été inauguré le 1er site de l’espace de coworking La Ruche, à Montpellier. Le concept est né à Paris en 2008 et se déploie aujourd’hui dans les métropoles françaises. Bruno Humbert, son fondateur, répond à Objectif Languedoc-Roussillon.
Cécile Chaigneau
Bruno Humbert, fondateur du concept d'espaces de coworking La Ruche.

En créant La Ruche à Paris en 2008, vous vous positionniez alors comme précurseur du coworking de l'entrepreneuriat social. Comment qualifier Les Ruches, qui proposent également de l'accompagnement de projets ?

L'idée, c'est que des gens qui viennent travailler chez nous paient un poste de travail dans  un espace de coworking et nous leur demandons de garder une partie de cerveau disponible pour aider les autres. Ce n'est pas un incubateur à proprement parler, mais c'est une forme d'incubation. Nous appelons ça une "communauté apprenante"... Cette dimension est primordiale, ce n'est pas du marketing ! En parallèle, nous étions les 1ers en coworking, et les seuls dédiés à l'innovation sociale. Très tôt, nous avons vu arriver des gens avec des idées mais qui n'avaient pas les moyens de se payer un poste de travail. Rapidement, j'ai imaginé aller chercher de l'argent pour pouvoir payer à ces gens les coûts inhérents à leur accompagnement. À l'époque, j'avais mon agence de conseil (Equitel, spécialisée dans la mise en place d'opérations solidaires entre des entreprises et des associations, NDLR). Et parmi mes clients, SFR que j'accompagnais sur son prix SFR Jeunes Talents... J'ai eu l'idée de lancer des appels à projets pour créer un filtre et sélectionner des idées. Aujourd'hui, nous en avons deux : "Les audacieuses" en septembre et le "Digital impact" en janvier, qui cette année va lui aussi être "genré" pour les femmes. Pour les financer, nous travaillons avec des partenaires, comme Orange, l'Inseec, la fondation Rexel, la Région Île-de-France, BNP Paribas, la Fondation Chanel, la Ville de Paris, la Fondation KPMG ou encore la Fondation Raja. Les formations collectives des lauréats se font à Paris, et les actions d'accompagnement dans les régions, avec des experts locaux qui s'engagent à accompagner les lauréats et que nous rémunérons pour ça.

Des Montpelliérains peuvent-ils concourir à ces appels à projets ?

"Les audacieuses" est un appel à projet national. Le "Digital impact" existe pour l'instant à Bordeaux, en Bretagne et à Paris, mais nous allons commencer à chercher des partenaires locaux pour intégrer Montpellier. Par ailleurs, la Ruche de Montpellier peut très bien imaginer d'autres appels à projets, par exemple "Jeunes décrocheurs", et en prendre l'initiative.

Sous quel modèle se créent les Ruches dans les métropoles françaises ? Est-ce une franchise classique ?

Le coworking est un secteur qui souffre car très concurrentiel, mais comme nous sommes positionnés sur l'innovation sociale, nous sommes un peu préservés... Aujourd'hui, nous avons trois Ruches, une à Bordeaux et deux à Paris. Les autres (Nice, Saint-Nazaire, Marseille, Bordeaux, Montpellier, et bientôt Saint-Germain-en-Laye, NDLR) sont des initiatives personnelles de gens qui sont venus nous trouver pour créer une Ruche. Ils paient une cotisation annuelle qui est totalement réinvestie dans la communication sur le réseau... Ce qui nous intéresse, c'est de mailler le territoire avec des acteurs locaux qui connaissent bien le territoire, qui ont envie de construire un mouvement collectif, animé par chaque Ruche. C'est une aventure entrepreneuriale, qui permet à des personnes de monter leur social business avec une franchise qui commence à être connue. Nous en ouvrirons trois autres en 2018.

La Ruche de Montpellier a ouvert le 1er octobre. Pourquoi Montpellier ?

Montpellier est une ville dynamique sur l'innovation sociale mais il n'y avait pas de lieu autour de ça. C'est intéressant d'intégrer un écosystème vivant. Le porteur de projet, Christelle Siddi, connait bien cet univers.

Comment La Ruche se positionne-t-elle par rapport à d'autres structures comme l'incubateur Alter'Incub ou le pôle Réalis (pépinière de l'ESS) à Montpellier ?

Les passerelles avec ces structures ne sont pas que possibles, elles sont nécessaires ! Notre fonctionnement, c'est de se connecter avec tout l'écosystème. Notre positionnement d'incubation est complémentaire avec ce qui se fait à Montpellier. Nous souhaitons partager les valeurs que l'on prône avec tous ceux qui le veulent bien.

Cécile Chaigneau

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