Immobilier : pourquoi Icade a racheté Ad Vitam à Montpellier

Icade, opérateur immobilier de la Caisse des Dépôts, vient d’acquérir la structure montpelliéraine de promotion immobilière Ad Vitam. Une opération de croissance externe qui lui permet de renforcer sa place en Occitanie, mais aussi de se développer sur le segment de l’immobilier d’entreprise mixte. Emmanuel Desmaizières, le directeur général d’Icade Promotion, et Béatrice Mortier, la fondatrice d’Ad Vitam, évoquent la nouvelle stratégie du groupe.
Cécile Chaigneau
Béatrice Mortier, nouvelle directrice régionale d'Icade Promotion à Montpellier, et Emmanuel Desmaizières, directeur général d'Icade Promotion.
Béatrice Mortier, nouvelle directrice régionale d'Icade Promotion à Montpellier, et Emmanuel Desmaizières, directeur général d'Icade Promotion. (Crédits : Icade)

L'opération d'acquisition a eu lieu au 30 décembre 2020 : Icade, l'opérateur immobilier de la Caisse des Dépôts, a racheté la société montpelliéraine de promotion immobilière Ad Vitam (logements et bureaux), fondée par Béatrice Mortier.

Sur la place montpelliéraine, la structure est surtout connue pour sa dernière opération, l'aménagement du Parc Industries Or Méditerranée (PIOM) à Mauguio, en périphérie de la capitale languedocienne et à proximité de l'aéroport. Cette zone d'activités (7 ha) de l'Agglomération du Pays de l'Or, dédiée à l'industrie légère (santé, énergies renouvelables, informatique, high tech...), accueillera notamment MG Développement (solutions d'entretien pour les aides auditives) et Zimmer Biomet Robotics (robots médicaux) à compter de l'été prochain, mais aussi un bâtiment de services avec une crèche, des lieux de restauration, des activités autour du bien-être ou un service de conciergerie.

La niche de la "soft industrie"

« Nous souhaitions renforcer notre présence en Occitanie, une région porteuse de croissance, déclare Emmanuel Desmaizières, le DG d'Icade Promotion, confirmant que le portefeuille d'opérations ainsi acquis en promotion résidentielle, bureaux et activités représente un potentiel de chiffre d'affaires de l'ordre de 70 millions d'euros HT. Nous partageons, avec Béatrice Mortier, des valeurs autour de la ville durable bas carbone et du bien-être. Avec le PIOM, elle a développé un produit qui correspond aux besoins de la "soft industrie", c'est à dire de l'immobilier mixte, entre tertiaire et laboratoires, une niche sur laquelle nous ne sommes pas aussi affirmés aujourd'hui. Elle apporte quelque chose de très marqué. Ce sont des opérations clé en main qui intéressent les élus et les aménageurs. »

Icade ambitionne ainsi de développer la marque Ad Vitam by Icade, qui sera centrée sur la réalisation de campus d'entreprises dédiés à la "soft industrie" partout où des opportunités se présenteront en sur le territoire français.

Des fonds très importants

Béatrice Mortier a dans le même temps pris les fonctions de directrice régionale d'Icade Promotion sur le territoire de l'ex-Languedoc-Roussillon (elle succède à Emmanuel Aubertin) et sera en charge de développer de la marque Ad Vitam by Icade.

Après avoir débuté sa carrière dans une filiale de promotion immobilière du Crédit Lyonnais, Béatrice Mortier a poursuivi chez Bouygues Immobilier à Paris avant de monter la filiale du groupe au Portugal (immobilier d'entreprise et parcs commerciaux). Elle est ensuite restée huit ans chez le promoteur immobilier Kaufman & Broad à Montpellier avant de créer Ad Vitam en 2016.

« Développer des projets comme le PIOM demande des fonds très importants, que peut apporter un groupe comme Icade, déclare Béatrice Mortier. Ma méthode, c'est de travailler sur les attentes des entreprises et des salariés afin de proposer du sur-mesure clé en main aux entreprises et aux collectivités. Or Icade est le partenaire des collectivités depuis toujours...

Les cinq emplois d'Ad Vitam intègrent Icade Promotion.

« Être maire-constructeur n'est pas facile »

En 2020, sur le segment résidentiel, Icade Promotion annonce avoir enregistré 5.338 réservations (soit une hausse de + 5,4% par rapport à 2019) et 5.208 ventes notariées (+ 15%).

« La demande est toujours là mais le problème, c'est un marché en sous-offre de - 40%, avec des permis de construire difficiles à obtenir car être maire-constructeur n'est pas facile aujourd'hui, observe Emmanuel Desmaizières. En tant que promoteur, nous avons un travail à faire pour montrer qu'on embellit la ville. »

Alors que l'époque met en garde contre l'hypermétropolisation et que la crise sanitaire rebat les cartes des préférences immobilières des Français, les villes moyennes peuvent-elles être des alternatives aux grandes métropoles de plus en plus séduisantes ?

« Nous sommes est présents dans des villes moyennes comme Nîmes, Briançon, Cahors, ou Morlaix, qui peuvent répondre à ce type d'envies, répond le promoteur. C'est une tendance que l'on suit. »

A Montpellier, Icade Promotion conçoit et bâtit l'Ynov Campus sur le quartier Cambacérès, un programme mixte de près de 20.000 m² avec un campus (5.025m²), du cowroking (1.620m²), des bureaux (8.717m²) et un hôtel-restaurant (4.293m²), livrable fin 2024. Le groupe est également co-promoteur, avec Kalelithos et REI Habitat, du programme So Wood sur la ZAC République (Port Marianne), un programme mixte de 10.320 m² avec des logements, des bureaux et des commerces, livrable fin 2023.

Intégrer les envies de nature, les besoins de télétravail

La crise sanitaire va-t-elle changer quelque chose à la production de logements et de bureaux ?

« Nous intégrons les évolutions liées aux nouvelles attentes, notamment en matière d'espaces extérieurs plus confortables et plus végétalisés, souligne Emmanuel Desmaizières. Nous intégrons également les enjeux de télétravail avec de la flexibilité et des pièces qui peuvent être modulaires, des parties communes avec plus d'usage et de partage, et nous faisons aussi plus de place au vélo avec des espaces plus sécurisés et plus accessibles. »

« Dans l'immobilier d'entreprise, nous écoutons l'entreprise avec l'objectif de répondre à ses besoins, mais il faut que le bâtiment soit évolutif, ajoute Béatrice Mortier. Par exemple, pour Zimmer Biomet, post-covid, le mode de fonctionnement a été revu et heureusement que le bâtiment est évolutif... D'une manière générale, il va falloir faire preuve de créativité, travailler les évolutions des usages et des modes habités, car on se prend de plein fouet la crise et ses conséquences. Sur le logement, il faut aujourd'hui travailler davantage sur le social et la mixité des usages. »

Cécile Chaigneau

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