Les biologistes médicaux annoncent 490 emplois menacés en région

  Selon la Plateforme d'Exercice Professionnel, dont Bruno Rostain est porte-parole, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale entraînera la perte de 490 emplois dans le secteur de la biologie médicale en Languedoc-Roussillon.

Ils sont discrets, rarement sur le devant de la scène, car peu nombreux : les 4 000 biologistes médicaux libéraux de France (dont 250 en Languedoc-Roussillon) se sont rassemblés, pour la première fois, au sein d'une Plateforme d'Exercice Professionnel (PEP) et tirent la sonnette d'alarme sur les conséquences à court terme du projet de Loi de financement de la sécurité sociale.

« Si le gouvernement ne revient pas sur la baisse de tarifs des analyses médicales ou ne trouve pas un aménagement à ce projet de loi, notre seule marge de manœuvre pour réaliser les économies demandées sera de fermer des sites et donc de supprimer des emplois », déclare Bruno Rostain, biologiste à Mèze et porte-parole de la PEP en Languedoc-Roussillon.

Soit quelque 490 emplois menacés (8 000 en France) sur les 3 000 que génère le secteur de la biologie médicale en Languedoc-Roussillon.

La profession s'apprête à mener des actions pour alerter le grand public sur les dégâts collatéraux qui découleraient de cette situation pour les territoires, en matière de santé publique et « de nouvelles désertifications des soins et du diagnostic ».

« Notre secteur est en pleine restructuration, explique Bruno Rostain. Une ordonnance de 2010 impose aux laboratoires d'analyses médicales une traçabilité complète de toutes nos analyses, ce qui se fait déjà dans la pratique mais implique une accréditation très coûteuse. Nous avons donc été obligés de nous regrouper pour faire face aux contraintes financières. »

Résultat sur le terrain : les structures se sont regroupées en plateaux techniques où sont réalisées les analyses.

Le nombre de laboratoires en Languedoc-Roussillon a chuté de 250 en 2009 à 56 aujourd'hui, tandis que 210 sites, devenus des sites de prélèvement et d'urgence, étaient maintenus sur le territoire.

Pour les biologistes, la coupe est pleine : baisses de tarifs, accréditations obligatoires et coûteuses, diminution des volumes d'actes (- 1,6 %), auxquels vient s'ajouter le projet de Loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui demande aux biologistes médicaux de participer à l'effort d'économie à hauteur de 155 M€ (partagés avec les radiologues).

« Ça dure depuis sept ans et ça met en péril nos structures, ajoute Bruno Rostain. Plus de 70 % des diagnostics reposent sur la biologie médicale et sur le maillage territorial que représentent les 3 800 structures implantées en France. Le PLFSS tel qu'il est conçu actuellement ne tient absolument pas compte de cette nécessaire proximité. Et va à l'encontre de la volonté du gouvernement en matière de lutte contre la désertification médicale. »

La Plateforme d'Exercice Professionnel a décidé de mener deux actions phares : un arrêt de la télétransmission des feuilles de soins vers les Caisses primaires d'assurance maladie du 29 octobre au 4 novembre, et une fermeture de l'ensemble des sites de biologie médicale en France tous les après-midi du 5 au 9 novembre.

Les dépenses de biologie médicale ont représenté 4,4 Mds € en France en 2011, dont environ 270 M€ pour le Languedoc-Roussillon.

Cécile Chaigneau

Légende : Bruno Rostain, biologiste médical à Mèze, et porte-parole de la plateforme PEP (Plateforme d'exercice professionnel).

Crédit photo : Bruno Rostain

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