LGV : démonstration de force à Bordeaux

Après l’avis défavorable au projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax rendu par la commission d'enquête publique, la Région Aquitaine organisait, le 7 mai à Bordeaux, une manifestation en faisant appel aux élus, CCI et chefs d'entreprise. Quelque 150 personnes étaient présentes.
Alain Rousset a appelé à se mobiliser avant la décision du gouvernement cet été

L'État tranchera cet été concernant le Grand Projet du Sud-Ouest. Alors, après l'avis défavorable rendu par la commission d'enquête publique qui met à mal le projet de lignes ferroviaires à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, le président PS du Conseil régional d'Aquitaine Alain Rousset a lancé un appel à la mobilisation des acteurs économiques et politiques. Quelque 150 personnes ont répondu à cet appel à mobilisation. Au programme de cette matinée baptisée "La LGV, j'y vais !", deux tables rondes sur "l'impact économique d'une LGV sur le territoire" et "la LGV vecteur d'aménagement du territoire et de mobilités".

En préambule à ces débats, Alain Rousset a réaffirmé son incompréhension :

"On est en France devant ce paradoxe : on attend des projets pour l'emploi, l'avenir, et, en même temps, on veut que rien ne bouge."

Le président a posé le débat en quatre questions :

"La LGV porte-t-elle le développement du territoire ? Le coût est-il rédhibitoire ? L'enjeu est-il suffisamment important ? Faut-il améliorer la mobilité de notre pays ?".

"Curieux et pour le moins baroque"

Martin Malvy a réaffirmé "l'intérêt majeur à ce que la LGV SEA (Sud Europe Atlantique) soit poursuivie et dans le calendrier selon lequel nous avons accepté de participer à l'opération". Le président du Conseil régional Midi-Pyrénées a rappelé que "de 2 à 3 millions de voyageurs et de 300 à 400 millions de recettes supplémentaires seraient amenées par Toulouse dans la liaison Bordeaux-Paris" et que, sans ce projet, "Toulouse serait la seule métropole française à plus de 4 heures de Paris".

"L'idée que Toulouse soit la seule ville française pas connectée au grand réseau européen à grande vitesse est une idée que nous ne pouvons accepter, a confirmé Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. La rentabilité socio-économique se trouve dans le projet d'ensemble pas dans les différents projets saucissonnés. Les différentes branches sont solidaires entre elles et concernent l'utilité globale du projet."

Après avoir qualifié l'avis de la commission de "curieux et pour la moins baroque", Jean-Luc Moudenc en a appelé au gouvernement pour "consolider financièrement la décision politique", récemment confirmée, de réaliser cette ligne :

"Nous avons lancé un projet urbain capital autour de Matabiau : nous prendrons les décisions qui s'imposent dans les semaines qui viennent sans se soucier du calendrier LGV pour que le scepticisme ne gagne pas."

30 à 40 % du PIB de la zone euro

Marian Elorza, secrétaire générale aux actions extérieures du gouvernement basque, a rappelé l'opportunité de créer un espace de mobilité durable au sein d'un Arc Atlantique qui représente plus 80 millions de personnes, 10 régions, 5 pays et 30 à 40 % du PIB de la zone euro.

Sur cet axe Atlantique, Laurent Courbu, président de la CCI Aquitaine, a rappelé lui que les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Euskadi avaient tout à gagner à se rapprocher et à travailler en synergie, citant notamment l'exemple du report modal :

"9.000 camions encombrent quotidiennement la rocade bordelaise et l'A63. Aujourd'hui le fret ferroviaire ne représente que 2,5 % du fret total, c'est pitoyable. Avec cette voie nouvelle de LGV, cela va délester la route de 2.000 à 3.000 camions pour aller vers 18 à 20 % de fret ferroviaire. Le bon sens finira par triompher : on ne peut pas condamner le territoire aquitain au tout-camion et à l'isolement."

Ce qu'a confirmé Michel Veunac, maire de Biarritz :

"La question de l'accessibilité est majeure à Biarritz, nous recevons des dizaines de dossiers d'opérateurs qui veulent organiser des congrès. Nous perdons une vingtaine de dossiers par an avec des opérateurs qui nous disent : "Votre avion est trop cher, votre train est trop lent". Biarritz a été retenue comme l'une des 20 marques internationales pour promouvoir le tourisme à l'international. Et là on ne peut imaginer une fracture de mobilité. La rupture du réseau européen en dessous de Bordeaux n'a aucun sens."

Luc Paboeuf, président du Conseil économique, social et environnemental régional, n'a pas dit l'inverse :

"Au moment où la région s'élargit vers le Nord, il serait dommage d'oublier la Communauté autonome du Pays basque et plus généralement la péninsule ibérique."

Président du Ceser de Midi-Pyrénées, Jean-Luc Chauzy a estimé quant à lui que le maillon faible de ce dossier est le montage financier, rappelant qu'il convient de conjuguer emprunts européens et investisseurs de long terme.

Alors qu'une délégation d'associations de la région hostiles au projet avaient également fait le déplacement à Bordeaux pour dénoncer l'obstination à soutenir ce projet, Alain Rousset a conclu cette matinée en appelant chacun à réagir :

"On ne s'est pas assez mobilisé. On s'est dit Rousset-Malvy, Juppé-Moudenc, ça suffit. Eh bien non ! Peut-être aurais-je dû organiser cette réunion plus tôt..."

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Commentaires 2
à écrit le 11/05/2015 à 9:25
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Il existe des priorités. Et la priorité aujourd'hui, c'est la prolongation de la ligne en direction de Perpignan (tronçon Montpellier-Perpignan). Comment en serait-il autrement d'ailleurs puisqu'il s'agit de relier l'Europe du Nord à celle du Sud. Il...

le 12/05/2015 à 12:47
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Sur le fond, vous avez entièrement raison... mais la fusion annoncée de MP et LR ne va pas aider à accélérer le mouvement. Je ne comprends même pas que l'on puisse se poser la question du niveau d'intérêt de ces 2 lignes ! Le Perpignan-Montpellier de...

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