Le Canal du Midi veut sauver son inscription au Patrimoine mondial

Les premières Assises du Canal du Midi se déroulaient le 6 janvier à Carcassonne (11), en présence de 250 personnes. L’enjeu est de taille : doter l’ouvrage d’une gouvernance et d’un plan de gestion, afin de maintenir son inscription, potentiellement menacée, sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.
Cécile Chaigneau

Le 6 janvier, les membres du Comité de Bien du Canal du Midi se sont réuni pour les premières Assises du Canal du Midi à Carcassonne (11) à l'invitation de Pascal Mailhos, préfet de Région Occitanie, et de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée. Objectif : apporter une réponse conjointe avec l'ensemble des acteurs concernés par les enjeux de préservation et de valorisation du bien.

Derrière cette démarche urgente, figure la question du maintien de l'inscription du Canal du Midi* sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Une inscription potentiellement menacée à horizon 2019.

« 2019 est l'année du rapport d'évaluation (tous les six ans, NDLR), explique Marie-Thérèse Delaunay, sous-préfète et directrice projet du Canal du Midi. L'UNESCO a fait des observations sur les Biens classés qui  n'ont pas répondu à certaines exigences. Elles sont au nombre de quatre pour le Canal du Midi : nous avons un gestionnaire de la voie d'eau (Voies Navigables de France, NDLR) mais pas de gouvernance ; pour la protection du site, il faut engager une procédure de classement au titre des paysages afin de protéger les abords du Canal ; il n'y a pas de plan de gestion ; enfin, comment protéger les ouvrages et autres monuments sur une zone tampon autour du canal. »

23 000 ha à classer autour du Canal

Au printemps 2016, le préfet de Région a demandé la mise en place d'un Comité de Bien du Canal du Midi, qui traverse quatre départements et 92 communes. C'était la première mission de Marie-Thérèse Delaunay. Ce comité compte aujourd'hui quelque 200 membres.

« Aujourd'hui, il faut aller plus loin en matière de gouvernance, et nous commençons une réflexion sur une instance dédiée qui veillera à la réalisation et à la mise en en œuvre du plan de gestion », précise la sous-préfète.

Tous les acteurs du territoire concernés doivent partager la responsabilité de la préservation et de la mise en valeur du Bien. Dans cet objectif, l'ambition des Assises, où étaient présentes 250 personnes, est de lancer la démarche qui permettra de doter l'ouvrage d'un outil de gestion durable, fixant de manière pluriannuelle de grandes orientations pour le futur du Canal du Midi.

« Concernant la procédure de classement au titre des paysages demandée par la ministre de l'Environnement, l'enquête publique a débouché en juillet 2015 sur un avis défavorable, explique Marie-Thérèse Delaunay. En février 2016, elle a demandé de poursuivre la procédure... On entend que nous allons classer sur 500 m de chaque côté du canal, mais c'est faux : 53 % du périmètre classé sera à moins de 250 m du canal, et 83 % à moins de 500 m. Au départ, il était question de 40 000 ha de surfaces de classement, on est maintenant à 23 000 ha. »

« La clef, c'est la co-construction »

Ces rencontres à Carcassonne marquent le lancement d'un dispositif de co-construction du plan de gestion associant l'ensemble des membres du Comité de Bien au travers d'ateliers thématiques (du 22 au 24 février 2017 sur plusieurs sites le long du canal), puis de commissions locales qui se réuniront à partir du printemps, à raison d'une par arrondissement à Toulouse (31), Narbonne (11), Carcassonne (11) et Béziers (34).

« Il s'agira alors de travailler au fond sur les thématiques identifiées et chaque commission devra sortir des actions analysées, des diagnostics, annonce la sous-préfète. Nous pensons pouvoir sortir un avant-projet pour l'été, et un plan de gestion début 2018... Il n'est pas envisageable de ne pas réussir. La clef, c'est la co-construction. »

Outre Carole Delga, Pascal Mailhos et Marie-Thérèse Delaunay, plusieurs intervenants devaient intervenir au cours de ces premières Assises : André Viola, président du Conseil départemental de l'Aude, Marc Papinutti, directeur général de Voies Navigables de France (VNF), Philippe Mercier, chargé de mission UNESCO à la Direction régionale aux affaires culturelles (DRAC), et Katia Bonningue, chargée de mission UNESCO à la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL).

* Conçu par Pierre-Paul Riquet et réalisé entre 1667 et 1694, le Canal du Midi compte 360 km navigables et 328 ouvrages.

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 23/02/2017 à 14:41
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c'est très bien de vouloir conserver le classement du canal au patrimoine mondial de l'UNESCO mais il ne faut pas non plus que cela entrave l’urbanisation locale le long du canal or c'est ce qui est entrain de se produire. Entendons nous bien il n...

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