Emploi cadre en Occitanie : ce que la crise sanitaire a changé

Avec la crise sanitaire, le marché de l’emploi subit des secousses. En Occitanie, sur le marché de l’emploi cadre, le nombre d’offres est 32% en-dessous du niveau par rapport à la même période avant Covid, témoignage de l’attentisme qui règne dans les entreprises. Décryptage avec l’APEC Occitanie.
Cécile Chaigneau
De février 2020 à janvier 2021, 25.649 offres d'emploi cadre ont été diffusées sur le site de l'APEC dans la région Occitanie, soit 32% de moins que sur la même période un an auparavant.
De février 2020 à janvier 2021, 25.649 offres d'emploi cadre ont été diffusées sur le site de l'APEC dans la région Occitanie, soit 32% de moins que sur la même période un an auparavant. (Crédits : DR)

La crise sanitaire aura tout bouleversé : le fonctionnement des entreprises et mécaniquement, le marché de l'emploi. Un coup d'œil sur le segment de l'emploi cadre en Occitanie révèle un impact finalement peu surprenant, en tout cas cohérent avec la typologie du territoire, de son tissu économique et des secousses qu'il a subies.

« Sur le secteur privé, on compte 274.750 cadres salariés mais la particularité de l'Occitanie, c'est qu'on est sur une très grande région géographique, avec 70% des cadres qui sont sur Toulouse et son agglomération, et beaucoup dans le secteur de l'aéronautique, rappelle en préambule Jean-Sébastien Fiorenzo, délégué régional de l'APEC Occitanie (50 collaborateurs à Toulouse, Montpellier et Nîmes). Le 2e bassin est Montpellier, puis Nîmes et Perpignan. »

Sur le volet des offres d'emplois diffusées par les entreprises, la courbe a marqué un net infléchissement à partir de mars 2020 et a continué de descendre jusqu'en janvier 2021.

Les offres publiées par l'APEC Occitanie entre janvier 2020 et janvier 2021

Les offres d'emplois cadres publiées par l'APEC Occitanie.

« Un moindre mal »

Selon l'APEC Occitanie, de février 2020 à janvier 2021, 25.649 offres d'emploi cadre ont été diffusées sur le site de l'APEC dans la région Occitanie, soit 32% de moins que sur la même période un an auparavant.

« En une semaine, au moment du premier confinement, le nombre d'offres d'emplois cadres en Occitanie a chuté de 60%, se souvient aujourd'hui Jean-Sébastien Fiorenzo. En raison de l'incertitude liée à la pandémie de Covid-19, les recruteurs ont arrêté de diffuser des offres, les entreprises étaient un peu perdues... C'est une situation de marché inédite. Ça s'est stabilisé et aujourd'hui, on est 32% en-dessous du niveau d'offres de l'avant-Covid : on comptabilise près de 26.000 offres contre 35.000 environ en février 2020. On n'est pas revenu au niveau élevé de ce mois de février 2020 mais c'est un moindre mal. »

Sur l'année 2021, l'APEC Occitanie s'apprête à accompagner 12.500 cadres dont 2.000 à 2.500 jeunes diplômés, le délégué régional prenant la précaution de préciser que « si ce nombre augmente, ce n'est pas le signe de quelque chose mais notamment parce que l'APEC Occitanie a déployé plus de ressources, avec une augmentation des équipes du côté de l'ex-Languedoc-Roussillon ».

Il constate que pour l'heure, la crise sanitaire ne s'est pas traduite par une crise de l'emploi cadre dans la mesure où les dispositifs d'aide gouvernementaux ont préservé la santé des entreprises et donc de l'emploi.

« Le marché ne répond pas »

Sur les 25.649 offres d'emploi cadre, 5.811 sont ouvertes aux jeunes diplômés.

« En septembre 2020, l'APEC a été mobilisée sur le plan gouvernemental "un jeune une solution" pour accompagner plus de jeunes diplômés vers l'emploi, indique Jean-Sébastien Fiorenzo. Nous avons multiplié par quatre le nombre de rendez-vous par rapport à septembre 2019. Les jeunes diplômés s'inscrivent et viennent nous voir car le marché ne répond pas de suite... Quand le marché va bien, les jeunes diplômés sont vite recrutés, mais quand il se durcit, ce sont les jeunes diplômés et les séniors qui sont les plus en difficulté. »

Quelle est la nature des offres actuellement diffusées ? L'APEC annonce que près de la moitié est concentrée dans la zone d'emploi de Toulouse.

Dans le trio des fonctions recherchées : l'informatique (26%, contre 20% au national), le commercial-marketing (20%, contre 22% au national), et les études-R&D (14%, contre 12% au national) à égalité avec la gestion-finance-administration (14%, contre 16% au national), « alors que jusqu'à présent, les études-R&D étaient en 2e position, en raison de l'impact de l'activité aéronautique en région », souligne le délégué régional.

Les métiers du développement informatique et des infrastructures et systèmes informatiques sont parmi les profils les plus recherchés, avec respectivement 2.532 et 1.183 offres actuellement disponibles en Occitanie.

Les cadres attendus sur la digitalisation

« Pour avoir partagé avec des consultants d'entreprises, nous constatons aujourd'hui qu'après un flottement du marché de l'emploi cadre, les entreprises ont besoin des cadres sur la digitalisation de leurs activités, souligne Jean-Sébastien Fiorenzo. Les futurs cadres sont donc attendus pour gérer les évolutions technologiques, les questions de cybersécurité, les datas et l'usine du futur. Le Covid a été un accélérateur de ces sujets. »

Selon lui, la région de Montpellier offre « des perspectives autour de l'encadrement dans le sanitaire et le médico-social, dans la logistique, dans le bâtiment - conducteur de travaux - et sur les fonctions logicielles et systèmes embarqués », et à Toulouse, « dans tout ce qui touche à la cybersécurité, la data, l'ingénierie mécanique et électronique, mais aussi le sanitaire, le médico-social et la logistique ».

« Dans la data et la cybersécurité, les profils sont très recherchés mais il y a peu de candidatures », précise-t-il.

Pas de reprise nette des recrutements

Que dit le marché du côté des recrutements ? L'analyse ne peut être que partielle, car l'APEC, qui sort habituellement ses prévisions de recrutements fin février, a modifié son mode de calcul et décalé cette étude au mois d'avril. Toutefois, Jean-Sébastien Fiorenzo confirme la perturbation du marché par la crise sanitaire.

« En février 2020, l'APEC Occitanie annonçait + 7% de prévisions de recrutements cadres, mais aujourd'hui, on ne peut pas dire si ce chiffre a été réalisé, on est en train d'interroger les entreprises sur leurs perspectives 2021, déclare-t-il. Selon le baromètre du 1e trimestre 2021 sur les prévisions de recrutements, on observe une reprise relative des recrutements à des niveaux modérés, et non une reprise nette comme on aurait pu l'espérer. Les entreprises sont plutôt dans de l'attentisme. »

La crainte est bien sûr que dans les mois à venir, les entreprises devant faire face à des échéances financières et à une reprise d'activité peut-être pas au rendez-vous, elles soient contraintes de se séparer de certains salariés, dont leurs cadres.

Jean-Sébastien Fiorenzo rappelle alors que le gouvernement a lancé le dispositif « Transitions collectives », visant à accompagner les entreprises et les salariés qui font face à des mutations économiques durables dans leur secteur : « L'idée, c'est de permettre aux entreprises d'un bassin d'emploi, qui savent qu'elles vont devoir se séparer de certains salariés, de lever la main pour être accompagnées et réorienter les salariés vers d'autres entreprises ».

Cécile Chaigneau

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