Ligne très haute tension : pourquoi les viticulteurs et arboriculteurs gardois sont inquiets

Près de 400 personnes, principalement des agriculteurs et élus, se sont mobilisées ce dimanche 28 avril à Beaucaire, dans le Gard, contre le projet de ligne très haute tension dont un des tracés envisagés traverse l’aire d’appellation des Costières de Nîmes.
Le 28 avril, 400 personnes, notamment des Jeunes Agriculteurs et des élus, ont manifesté à Beaucaire, dans le Gard, contre le projet de ligne très haute tension dont un des tracés envisagés traverse l’aire d’appellation des Costières de Nîmes.
Le 28 avril, 400 personnes, notamment des Jeunes Agriculteurs et des élus, ont manifesté à Beaucaire, dans le Gard, contre le projet de ligne très haute tension dont un des tracés envisagés traverse l’aire d’appellation des Costières de Nîmes. (Crédits : Michèle Trévoux)

La mobilisation contre le projet de ligne électrique à très haute tension reliant Jonquières-Saint-Vincent, dans le Gard, à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, ne faiblit pas. Après la manifestation qui a rassemblé 500 personnes à Arles le 7 avril dernier, ce sont les Gardois qui ont manifesté leur opposition à cette ligne aérienne de 63 km, visant à décarboner la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. A l'initiative de l'Association de Sauvegarde de la Terre d'Argence (ASTA), ce rassemblement, au Mas des Mourgues du Grès, à Beaucaire, a réuni près de 400 personnes, selon le décompte des organisateurs, dont de nombreux élus de tout le territoire concerné.

« Nous ne sommes pas opposés à l'objectif de décarbonation de la zone industrielle de Fos-sur-Mer, mais nous contestons la méthode employée par RTE, explique Luc Perrin, un des porte-paroles de l'ASTA. Tout est fait dans la précipitation, sans réelle concertation. On nous laisse le choix entre deux tracés, mais nous, nous réclamons une réflexion en amont. Ne serait-il pas plus pertinent d'implanter les industries consommatrices d'énergie à proximité des zones de production d'électricité plutôt que de défigurer nos paysages ? Nous réclamons aussi l'étude de solutions alternatives, comme l'enfouissement des lignes ou le renforcement de celles existantes pour éviter la construction de nouveaux pylônes. RTE annonce un coût de 300 millions d'euros pour réaliser cette ligne, mais nous, combien allons-nous perdre en termes d'activité sur notre territoire ? »

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« Décarboner, ce n'est pas massacrer »

Cette ligne très haute tension de 400.000 volts nécessite l'installation de 125 pylônes de 60 mètres de haut, porteurs de 24 câbles aériens. Dans le Gard, le tracé traverse l'aire d'appellation des Costières de Nîmes.

Cyril Marès, président des Costières de Nîmes, s'insurge : « Cette ligne défigurerait un point majeur de notre appellation alors que depuis des années, nous mettons en avant la qualité de nos paysages. Nous sommes la première appellation française à avoir mis en œuvre, dès 2007, une charte paysagère et environnementale. Nous avons développé l'œnotourisme. Ce projet est parfaitement inacceptable ».

« Décarboner, ce n'est pas massacrer, renchérit Paul Collard, jeune agriculteur installé cette année sur un domaine familial de 100 hectares en arboriculture et viticulture. Ceux qui portent ce projet n'ont aucune connaissance de notre territoire. Nous sommes dans une région où pour vendre nos produits, nous avons besoin de nos paysages. Cette ligne met en danger toute une filière agricole alors que nous avons la chance d'avoir une bonne dynamique avec beaucoup d'installations de jeunes agriculteurs. RTE doit revoir sa copie. »

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Relancer la concertation

Les professionnels du tourisme ne sont pas moins inquiets. Sandrine Ausset gère avec son mari l'hôtel du Domaine des Clos, un ancien domaine viticole qu'ils ont rénové et transformé en hôtel de charme.

« Nous avons misé sur cet environnement préservé, confie-t-elle. Nos clients viennent pour se ressourcer, nous organisons des stages de yoga, des séjours bien-être. Cette ligne haute tension serait une catastrophe pour notre activité. Nos enfants avaient le projet de reprendre, mais dans ce contexte, c'est compromis. »

Renforcée par la présence de nombreux élus ce dimanche, l'ASTA compte maintenant sur leur engagement pour faire remonter leurs revendications auprès des ministères et de la Présidence de la République. Déterminée à poursuivre le combat, l'association gardoise annonce d'ores et déjà d'autres manifestations à venir et souhaite porter le débat devant la Commission nationale du débat public (CNDP) pour relancer une concertation qu'elle espère plus impartiale.

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