Selon l'Anact-Aract, "le management de qualité, cela s’apprend"

À l’occasion de la 14e Semaine pour la qualité de vie au travail, organisée par le réseau Anact-Aract, le débat est ouvert sur l’intégration de ce critère au sein de la formation initiale et continue des managers et ingénieurs, insuffisamment formés dans ce domaine. Des événements ont lieu partout en Occitanie.
Cécile Chaigneau
Frédéric Dumalin, directeur régional Aract Occitanie, et Nathan Poupelier, chargé de communication, le 9 octobre à Montpellier.

L'Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract)* en Occitanie et l'ensemble du réseau national Anact organisent tous les ans la « Semaine pour la qualité de vie au travail ». Cette 14e édition, qui se tient du 9 au 13 octobre partout en France, a pour thématique « Un management de qualité, ça s'apprend ? ».

Selon le Anact-Aract, la montée des risques psychosociaux dans la dernière décennies a mis en évidence une crise des modes de management dominants, laissant apparaître que « l'individu au travail n'est pas, bien souvent, la matière principale des managers ». D'où une interrogation fondamentale : les managers et dirigeants qui conçoivent des organisations et systèmes de travail et pilotent des équipes sont-ils suffisamment formés pour animer des collectifs de travail en favorisant l'engagement et la qualité de vie au travail, point-clef d'une démarche produisant des résultats durables pour l'entreprise ?

Le bouleversement du numérique

Entre 2015 et 2017, le réseau Anact-Aract a auditionné des dirigeants, managers, consultants, formateurs, responsables pédagogiques, enseignants-chercheurs ou étudiants dans l'objectif de comprendre les liens entre les besoins des entreprises et administrations et la manière dont les fonctions managériales sont enseignées. Les éléments révélés par cette enquête ont fait l'objet d'un Livre blanc.

« On ne peut pas regarder le management comme il y a quelques années, observe Frédéric Dumalin, le directeur de l'Aract Occitanie le 9 octobre, lors d'une conférence de presse. L'arrivée du numérique a modifié les dispositifs et les modalités organisationnelles, et les managers y sont plus ou moins bien préparés. Le monde du travail change et on n'y est pas forcément préparé... Le manager doit jouer un rôle actif mais tout le monde n'est pas acquis à cette idée et il y a encore des managers qui ne se remettent pas en question. Quant aux étudiants futurs managers ou concepteurs d'espaces de travail, ils se sentent concernés par cette question et comprennent qu'il n'y a pas de résultats possibles si on ne s'intéresse pas à la qualité de vie au travail. Mais ils ne s'estiment pas formés à le faire au vu des contenus des enseignements et considèrent que c'est préoccupant. »

Lacunes des formations en management

Un sondage Anact-Aract/Kantar TNS/Conférence des grandes écoles, réalisé au début de l'été 2017, a ciblé les top managers et les étudiants futurs managers et ingénieurs.

« 92 % des top managers et 97 % des étudiants sont convaincus qu'il va falloir évoluer du point de vue des pratiques managériales, restitue Frédéric Dumalin. Mais la conviction que le management doit s'apprendre pourrait être plus affirmée : 35 % des top managers estiment que le management doit s'apprendre, 26 % considèrent que ce n'est pas nécessaire et que c'est avant tout une question de personnalité et d'expérience. Mais cette proportion tombe à 13 % chez les étudiants. »

Le sondage révèle également un décalage entre les attentes des managers et les contenus des enseignements : seuls 52 % des top managers et 36 % des étudiants estiment que les managers sont suffisamment formés au management. Pourtant, sur le marché du travail, cette compétence est l'une des premières recherchées lors d'un recrutement.

L'intérêt d'un management de qualité fait cependant l'unanimité : 77 % des top managers et 85 % des futurs managers estiment qu'il peut bénéficier autant aux salariés qu'aux entreprises.

Tables rondes et ateliers

Plusieurs recommandations issues du Livre blanc sont plébiscitées dans le sondage.

« Il est nécessaire de réintroduire l'idée que les conditions de travail, le sens donné au travail, la qualité des relations sociales, vont créer des conditions qui vont générer des résultats, commente Frédéric Dumalin. Or tout ça n'est pas enseigné dans les écoles. Il faut donc faire bouger les contenus des formations. Par exemple, en formation initiale, ouvrir le débat sur le métier d'ingénieur, et souligner que la compétence technique seule ne suffit pas. Apprendre à manager à partir de retour d'expériences des stages ou alternances. »

Dans le cadre de la 14e Semaine de la qualité de vie au travail, plusieurs événements sont organisés, en lien avec la problématique soulevée : le 10 octobre après-midi, une table ronde « Regards croisés entre enseignement et entreprise » à la Maison des étudiants du Campus Richter à Montpellier, et le 13 octobre à 9h30, à la Maison de la recherche et de la valorisation à Toulouse, des ateliers ainsi qu'une table ronde « Quelle formation continue pour une meilleure qualité de vie au travail dans nos organisations ? » qui intéressera plus spécifiquement les TPE-PME.

Par ailleurs, divers événements auront lieu toute la semaine sur le territoire.

* Structure associative sous tutelle du ministère du Travail, pilotée par un conseil d'administration paritaire de représentations salariales et patronale.

Cécile Chaigneau

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