Ce que dit le rapport de la Chaire Pégase sur les Français et le transport aérien post-Covid

A Montpellier, la Chaire Pégase, consacrée à l'économie et au management du transport aérien et de l'aérospatial, publie son second rapport mesurant l'impact du Covid-19 sur le comportement des Français en matière de transport aérien. Parmi ses observations : plus de 60% des Français souhaitent prendre l’avion dans les douze prochains mois, soit une demande quasi équivalente à la période précédant la crise du Covid-19. Mais la moitié attendront encore au moins six mois.
Cécile Chaigneau

Le 3 décembre, la Chaire Pégase publie son second rapport* mesurant l'impact du Covid-19 sur le comportement des Français en matière de transport aérien, l'un des secteurs les plus fortement impactés par cette crise, inédite par son ampleur (une réduction de 68% de l'offre aérienne au pire de la crise, avec une baisse du trafic aérien de plus de 90% au printemps 2020 en Europe).

Rattachée à Montpellier Business School et développée en collaboration avec plusieurs institutions scientifiques dont l'Université de Montpellier, la Chaire Pégase se dit seule chaire française consacrée à l'économie et management du transport aérien et de l'aérospatial.

Avec ce rapport, « l'objectif de la Chaire était de mettre en lumière les évolutions, mais aussi les éléments constants, dans le comportement des Français à la suite de cette épidémie », précise son fondateur le Pr Paul Chiambaretto.

Des compagnies aériennes fragilisées

En préambule, le rapport rappelle que « la majorité des compagnies aériennes présentaient déjà de faibles performances financières avant l'épidémie de Covid-19 [...] et avaient moins de trois mois de liquidités ».

Malgré la réduction de leurs coûts via la diminution de leur offre de vols, la sortie anticipée de certains avions de leur flotte ou la reconversion d'autres dans le transport de marchandises, de nombreuses compagnies aériennes ont cherché le soutien gouvernemental (prêts, prise de participation, aides, etc.), un soutien qui a généré de nouvelles dettes, rendant leur reprise encore plus difficile à long terme.

Au début de l'été 2020, l'offre aérienne s'est faite plus généreuse en termes de destinations et de fréquences, et le nombre de passagers aériens a significativement augmenté. Mais la situation s'est rapidement dégradée à partir de la mi-août lorsque plusieurs pays européens ont décidé unilatéralement de rétablir des restrictions à leurs frontières, replongeant le secteur aérien dans l'incertitude.

1.010 Français interrogés

« S'il est hasardeux de réaliser des prévisions ou des scenarios quant à l'avenir du secteur aérien européen, il apparaît clairement que la reprise du secteur sera impactée par des facteurs épidémiques, légaux, économiques et comportementaux », écrivent les auteurs du rapport, qui se sont donc penchés sur l'impact du Covid-19 sur le comportement aérien des Français.

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont constitué un échantillon représentatif de la population française âgée de 20 ans ou plus. Les 1.010 répondants de l'échantillon ont dû répondre à différentes questions sur leur consommation de transport aérien en 2019, leur consommation de transport aérien dans les cinq mois qui ont suivi le premier confinement, et leurs intentions en matière de transport aérien pour les douze prochains mois (d'octobre 2020 à octobre 2021). 


Portrait-robot avant Covid

En 2019, 63% des Français ont pris l'avion au moins une fois, et 31% deux fois ou plus. Les principales raisons évoquées par les 37% de Français qui n'ont pas pris l'avion sont l'absence d'envie ou de besoin de prendre l'avion, suivie du manque de moyens.

Si 80% des passagers aériens ont pris l'avion essentiellement pour des raisons personnelles, ceux qui prennent le plus l'avion, en termes de nombre de vols effectués dans l'année, sont aussi ceux qui voyagent le plus pour un motif professionnel.

L'étude révèle également que les Français ont principalement pris l'avion pour voyager en Europe (65%) et en France métropolitaine (56%). Les destinations lointaines, accessibles par des vols long- courriers, sont moins fréquentes (moins de 20% des répondants).

Enfin, 73% ont réservé leur billet plus de trois semaines avant leur vol et même 38% des répondants plus de deux mois avant le vol. Seuls 13% ont effectué leurs réservations de billets dans les dix jours précédant le vol.

Comportement post-confinement

« Conformément aux statistiques nationales et européennes, nous mettons en évidence qu'au cours des cinq mois qui ont suivi le premier confinement, de mai à octobre 2020, seuls 20% des Français déclarent avoir pris l'avion au moins une fois, observent les chercheurs. Parmi les 80% de Français qui n'ont pas pris l'avion, l'absence d'envie ou de besoin de prendre l'avion reste la raison principale (68%). Mais contrairement à 2019, des motifs spécifiques liés au risque épidémique ou aux contraintes légales - comme la fermeture des frontières - sont clairement mis en avant. »

Si les passagers aériens voyageant pour motif personnel restent majoritaires, la part des répondants qui ont déclaré voyager pour motif professionnel est de 19%, soit plus du double par rapport à la période d'avant-crise. Et contrairement à 2019, le rapport observe « que la destination principale des passagers aériens français à l'issue du confinement a été la France métropolitaine (70%), suivie de l'Europe (54%) ».

En revanche, la crise Covid-19 a entraîné un important raccourcissement des délais de réservation des billets : après le premier confinement, 36% des passagers aériens français déclarent avoir réservé en moyenne leur billet moins de 10 jours avant le vol, contre seulement 13% en 2019.

Une envie de voyager préservée

Si on en croit le rapport de la Chaire Pégase, il semblerait que les Français aient toujours envie de voyager par avion : dans les douze prochains mois, 61% comptent prendre l'avion au moins une fois, soit une part quasi-équivalente à 2019 (63%), « en revanche, le nombre de trajets effectués devrait baisser du fait d'une réduction du nombre des vols effectués par les voyageurs les plus fréquents ».

Les chercheurs rapportent toutefois une certaine forme d'attentisme de la part des futurs passagers aériens puisque 55% souhaitent attendre six mois ou plus avant de reprendre l'avion. Des vols qui seront majoritairement effectués pour des motifs personnels, « de sorte que l'on retrouve la répartition "classique" des motifs d'avant la crise du Covid-19 ».

Concernant les destinations envisagées, le rapport note le retour de l'Europe comme destination principale (71%), suivie de la France métropolitaine (61%).

Réduire l'incertitude

Qu'est-ce qui pourrait accroître l'intention de prendre l'avion ? De manière attendue, les personnes interrogées évoquent des mesures qui permettent de réduire l'incertitude (notamment la possibilité d'annuler ou d'échanger ses billets sans justification), des mesures sanitaires prises par les aéroports et compagnies aériennes, « d'autant plus quand elles sont accompagnées de garanties sur le maintien de l'ouverture des frontières ».

« En revanche, les quarantaines, tant à destination qu'au retour en France, sont très peu appréciées et sont plutôt vues comme un frein à des déplacements futurs », précise le rapport, là aussi sans surprise.

* Le rapport est signé de P. Chiambaretto, C. Bildstein., E. Mayenc, M. Bennouri, M. Grall, H. Chappert et A-S Fernandez.

Cécile Chaigneau

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