Pas de réouverture des stations de ski : inquiétude au Mont-Aigoual et à Font-Romeu

C’est une fois de plus une déception pour les acteurs de la montagne : le gouvernement annoncera ce soir qu’à l’issue d’un Conseil de défense qui s’est tenu mercredi, les stations ne rouvriront pas ce jeudi 7 janvier comme espéré. Sur les domaines skiables d’Occitanie, l’inquiétude monte. Réactions au Mont-Aigoual et à Font-Romeu.
Cécile Chaigneau
La station de ski Alti Aigoual, en Lozère.
La station de ski Alti Aigoual, en Lozère. (Crédits : Alti Aigoual)

Privées des vacances de Noël, les stations de ski escomptaient au moins rouvrir leurs remontées mécaniques le 7 janvier. La nouvelle sera officialisée ce soir mais les gérants des stations le savent déjà : c'est non. La décision a été prise hier, mercredi 6 janvier, à l'issue du Conseil de défense.

Même s'ils s'y attendaient, c'est néanmoins un nouveau coup de massue pour ceux qui ont désormais dans le viseur la date du 6 février, démarrage des vacances de février...

En Lozère, les gérants de la station Alti Aigoual, qui culmine à 1.400 m d'altitude, sont plus que fébriles. Thomas Flavier et son associé Denis Boissière sont arrivés en 2019 dans le cadre d'une délégation de service public (DSP) avec la communauté de communes Causses Aigoual Cévennes pour gérer un domaine skiable de 15 pistes de ski alpin doté 12 remontée mécaniques et 95 canons à neige, de 60 km de ski de fond, 20 km de pistes de raquettes, et de deux chalets-restaurants.

La société, qui emploie cinq salariés à l'année et jusqu'à 20 saisonniers, a connu deux saisons d'été et l'hiver 2020-2021 était son deuxième...

« Avec le Covid, on n'a rouvert les restaurants que fin juin, nous avons accueilli le Tour de France en septembre mais l'accès à certaines routes a été fermé au dernier moment, et ensuite nous avons eu de fortes inondations (le 19 septembre, NDLR) entraînant la fermeture de routes, énumère Thomas Flavier. En 2020, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 400.000 euros pour un potentiel estimé à 800.000 euros. »

Alti Aigoual : 15.000 euros de frais fixes par mois

Tant et si bien que les deux associés en ont appelé à la générosité des habitués du massif et des habitants de la région en ouvrant une cagnotte au début de l'hiver. A ce jour, ils ont récolté quelque 8.000 euros, et viennent de décider de la relancer.

« Durant la première semaine des vacances de Noël, nous avons ouvert la location de VTT et un point de restauration rapide, précise Thomas Flavier. La deuxième semaine, nous avons rouvert la piste à luge, les pistes de ski de fond et une partie des pistes de raquettes car il y avait de la neige. Nous avons eu un peu de monde, mais évidemment ça ne compense pas le chiffre d'affaires réalisé normalement sur le ski alpin... Nous avons 15.000 euros de frais fixes tous les mois. Il y a certaines aides que nous n'avons pas eues car 2020 était notre première année et que la saison de l'an dernier avait été mauvaise... La décision de ne pas rouvrir aujourd'hui est une catastrophe ! Mais on s'en doutait... Toute l'économie du territoire est impactée, surtout quand il s'agit de territoires très ruraux comme le nôtre ! On a besoin d'aides financière pour passer ce cap. Et on redoute de ne pas rouvrir pour les vacances de février. »

« C'est le désert ! »

« Ce n'est pas une surprise, on l'a vu venir, mais c'est catastrophique », se désole lui aussi Hervé Mencacci, directeur de la station de ski Font-Romeu/Pyrénées 2000, dans les Pyrénées-Orientales.

D'autant que cette année, la neige est au rendez-vous, « une bonne neige qui tient bien, et de belles conditions pour skier », ajoute-t-il. Dans la station pyrénéenne règne un étrange silence : « Depuis lundi, c'est le désert ! », souligne le directeur, précisant qu'en temps normal, même si tout le monde est retourné à l'école et au travail, à cette époque-là de l'année, il y a quand même une petite fréquentation.

Pour la station, également en DSP, le manque à gagner est important.

« Durant les vacances de Noël, nous avons eu un peu de fréquentation, observe Hervé Mencacci. Nous avions deux fronts de neige ouverts et sécurisés où faire de la luge et du snow-tubing, un manège, un trampoline, et des cours pour les enfants. Sur le secteur de la Calme, un télésiège était ouvert avec accès au ski alpin et snow-park car les enfants licenciés de la fédération française de ski avaient le droit de s'entraîner. Mais évidemment, on était bien en dessous de la fréquentation normale, avec quasiment rien en recettes. »

Pour autant, il faut continuer à assurer la maintenance des équipements et à faire tourner régulièrement les installations, avec donc des dépenses courantes qui courent...

« Sinon, on sait que c'est foutu »

Les gérants de stations sont maintenant suspendus à la prochaine décision, vraisemblablement lors du prochain Conseil de défense sanitaire du 13 janvier. Leur crainte : ne pas pouvoir rouvrir pour les vacances de février, ou de ne pas rouvrir suffisamment tôt (en janvier donc) pour donner suffisamment de visibilité (et donc de temps pour réserver) à leur clientèle.

« On espère encore pouvoir ouvrir fin janvier pour sauver les vacances de février. Sinon on sait que c'est foutu, s'alarme Hervé Mencacci. Si on n'ouvre pas pour février, ce sera catastrophique pour les exploitants et pour tous ceux qui vivent de la montagne... On attend confirmation mais on nous a dit qu'on devrait avoir des aides à hauteur de 49% du chiffre d'affaires moyen des trois dernières années sur la période de fermeture. Ce serait insuffisant, mais mieux que rien si on ne veut pas que le modèle s'écroule. Pour le moment, on est dans une totale incertitude. »

Une incertitude renforcée par le spectre de la variante anglaise du virus qui est déjà sur le territoire français et par les plus de 25.000 nouveaux cas Covid-19 sur les dernières 24 heures à l'échelle nationale.

Cécile Chaigneau

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