Face à la crise, la FRTP liste 20 chantiers prioritaires en région

Les entrepreneurs de la filière des travaux publics ont à nouveau tiré la sonnette d’alarme, le 8 avril : après une baisse d’activité de 5 % en 2014, le secteur pourrait encore chuter de 8 % en 2015. Et perdre quelque 3 000 emplois.
Cécile Chaigneau
Le doublement de l'A9 actuellement en cours est l'un des deux grands chantiers en région qui apportent une bouffée d'oxygène au secteur.

Le ratio est désormais connu : le secteur d'activité des travaux publics en région dépend à 70 % de la commande publique, les collectivités territoriales représentant l'essentiel de cette part publique.

Le 8 avril, la Fédération régionale des travaux publics Languedoc-Roussillon (FRTP LR) a réuni la presse régionale pour dresser un bilan et des perspectives inquiétantes pour la filière régionale (1,8 Mds € de chiffre d'affaires, 800 établissements, 11 000 salariés, 4 000 emplois induits).

« Nos entreprises sont à bout de souffle, lance en préambule Olivier Giorgiucci, le président de la FRTP LR. Les prévisions de septembre 2014 se sont malheureusement réalisées : nous avons connu une baisse d'activité de 5 % et nous prévoyons un nouveau recul de 8 % en 2015, tous métiers confondus. »

Il souligne un effondrement brutal de la commande publique, avec une baisse de 25 % en 2014.

« Les données du 1er trimestre 2015 indiquent que la commande publique restera à ce même niveau cette année, ajoute Olivier Giorgiucci. Le département le plus touché est celui de la Lozère, et le moins impacté celui du Gard (- 40 % et - 12 %, NDLR). »

Le montant des appels d'offres émis par les communes est en recul de 45 % entre 2013 et 2014, et de 21 % pour ceux émis par les intercommunalités. La commande publique, elle, se stabilise grâce notamment à la démographie positive de la région et donc à des aménageurs qui continuent à être moteur.

Scénario noir

Avec une activité en recul de 5 %, la profession a perdu ¼ de son chiffre d'affaires en 7 ans, avec des répercussions sur l'emploi : en 2014, l'effectif est passé en dessous des 11 000 salariés.

« Nous avons perdu près de 1 500 emplois depuis 2008, précise Olivier Giorgiucci. Nos entreprises sont clairement en sur-effectifs par rapport au chiffre d'affaires, et n'ont plus les moyens de jouer sur l'intérim comme variable d'ajustement. »

Les professionnels évoquent alors deux hypothèses : mobiliser leurs réseaux pour envoyer les équipes dans d'autres départements, ou réduire le nombre des salariés en ne remplaçant pas les départs naturels.

« Nous observons quelques entreprises qui souffrent (2 ou 3 qui ont fermé), et des plans d'activité partielle ont été déposés dans tous les départements en 2014. »

Le secteur retient deux scenarii possibles pour 2015 : le maintien du rythme actuel générerait la perte de 1 000 emplois, ou une activité encore plus réduite qui détruirait quelque 3 000 salariés en deux ans, soit près d'1/5 des emplois du secteur.

« D'après l'association des maires, on sait que l'essentiel des économies dans le communes s'est faite par des réductions d'investissement, souligne le président de la FRTP-LR. Nous les alertons sur le fait que l'entretien qu'on ne fait pas aujourd'hui sera plus cher demain. »

20 chantiers prioritaires

Un cycle de réunion avec les maires de la région a démarré, pour informer les élus et tenter de pallier leur manque d'ingénierie. Le message : ne pas stopper complètement les dépenses d'entretien.

Par ailleurs, une liste de 400 chantiers et projets à accélérer ou à démarrer a été établie au niveau national, dont une vingtaine en Languedoc-Roussillon. Parmi eux : l'achèvement des travaux de la RN 116 à Joncet (66), le contournement ouest de Mende (48), la déviation de Baillargues-Saint-Brès (34), le contournement ouest de Nîmes (30) ou le prolongement de la ligne 1 de tramway jusqu'à la future gare TGV de Montpellier (34) qui sera livrée en 2017.

« Je lance un appel au préfet et président de Région en leur demandant de sécuriser les co-financements avec les collectivités concernées pour enfin lancer les opérations », conclut Olivier Giorgiucci.

REPÈRES

Routes

  • 50 500 km de routes en Languedoc-Roussillon : 62 % sont voies communales, 36 % des routes départementales. 1 % des routes nationales et des autoroutes.
  • Plus d'1/3 des routes nationales nécessitent des travaux importants. Plus de 40 % pour les routes départementales (source : Conseils départementaux).

Ponts

  • 13 000 ponts.
  • 81 % sur routes nationales ont besoin de travaux, 66 % sur routes départementales.

Réseaux d'eau et d'assainissement

  • 33 000 km de réseaux
  • Plus d'1/4 de l'eau distribuée (27 %) n'atteint pas l'abonné et part dans des fuites (moyenne nationale : 20 %). Soit l'équivalent de 105 piscines olympiques par jour (8 000 l/km/jour).

Stations d'épuration

  • 1 300 stations
  • La moitié a plus de 15 ans et 1 sur 5 a plus de 30 ans.

Eclairage public

  • Il représente 40 % des dépenses d'électricité des communes.
  • 4 luminaires sur 10 ont plus de 25 ans. Leur remplacement permettrait de réduire consommation d'au moins 40 %.
Cécile Chaigneau

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