Emballages alimentaires : une alternative écoresponsable et "intelligente" au plastique ?

Le projet de recherche européen Glopack, coordonné par une équipe de chercheurs à Montpellier, se donne trois ans pour trouver une alternative aux barquettes alimentaires en plastique, transposable industriellement. La piste explorée : des emballages biosourcés mais aussi intelligents et actifs grâce à des étiquettes RFID couplées à des biocapteurs.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Améliorer les packagings des denrées alimentaires pour réduire leur impact environnemental et limiter le gaspillage alimentaire. C'est l'objectif du projet de recherche européen Glopack, coordonné depuis Montpellier par le laboratoire IATE (Ingénierie des agropolymères et technologies émergentes).

Les équipes de chercheurs planchent depuis juin 2018 et pour une durée de trois ans sur une alternative écoresponsable aux emballages alimentaires en matière plastique.

La finalité du projet est double : proposer à l'échelle pré-industrielle des matériaux d'emballages alimentaires biodégradables issus de sous-produits agricoles ou agroalimentaires, mais aussi des emballages actifs pour améliorer la conservation des aliments sans ajout d'additifs et suivre l'état de fraîcheur et de maturité du produit.

Le projet Glopack représente un budget de 6,6 M€, dont  5 M€ de subventions de l'Europe et 80 000 € de la Région Occitanie à l'Université de Montpellier. Les partenariats industriels participent pour 1,6 M€.

A base de bio-polymères

« C'est un projet de R&D avec une volonté de transfert industriel à l'issue, insiste Valérie Guillard, enseignante-chercheur à l'IATE et coordinatrice scientifique. Glopack implique 16 laboratoires (dont l'IES ou le LIRMM à Montpellier, NDLR) et partenaires industriels, dans sept pays différents... Nous sommes partis de travaux précédents menés dans le cadre du projet Ecobiocap (ecoefficient biodegradable composite advanced packaging, NDLR) et portant sur la faisabilité de produire des polymères à partir de déchets agroalimentaires afin de fabriquer des barquettes biosourcées. Glopack a pour objet de poursuivre la R&D sur la matière pour améliorer le produit final et de passer à la fabrication des emballages à l'échelle industrielle. »

Glopack prévoit ensuite de tester les emballages produits en conditions réelles auprès d'industriels de l'agroalimentaire de la filière viande (Vlevico en Belgique), fromage (centre de recherche Soredab de Savencia, ex-Bongrain) ou vegan (La Vie est Belle en Belgique).

Des attentes industrielles et sociétales

L'entreprise gardoise Furst Plast (groupe allemand Furst Group) est la cheville ouvrière du projet Glopack sur le volet industrialisation. Ce transformateur de matière plastique par injection fabrique des barquettes essentiellement destinées à l'industrie agroalimentaire.

« Dans le projet, nous apportons nos connaissances dans le process industriel par injection, explique Jean Hreblay, son dirigeant. L'horizon est plutôt sombre pour les barquettes alimentaires car il existe une chape de plomb européenne sur les emballages à usage unique. Mais à ce jour, elles ne sont pas interdites. Des engagements ont été pris par la profession sur l'introduction de matériaux recyclables dans la fabrication des barquettes et en matière de recyclage des emballages. »

Valérie Guillard confirme que « la demande est très forte de la part des industriels de l'emballage agroalimentaire, qui veulent trouver des solutions alternatives, ainsi que de la part de la grande distribution car la demande sociétale est importante ».

La demande s'exprime aussi du côté des industriels de la vaisselle jetable, qui sera interdite à compter du 1e janvier 2020.

Traçabilité

L'autre volet du projet, c'est de rendre ces emballages alimentaires « intelligents » et actifs.

« Par exemple, on peut mettre des absorbeurs d'oxygène dans le matériau de la barquette afin de mieux protéger l'aliment, explique Valérie Guillard. L'innovation du projet, c'est aussi d'utiliser des outils qui permettent d'aller plus vite, comme un logiciel de calcul, afin de prédire la durée de vie des produits emballés et de choisir le bon matériau d'emballage par rapport à un produit donné. »

C'est l'entreprise montpelliéraine Tageos, fabriquant de puces RFID sur étiquettes papier, qui collabore à Glopack sur cet aspect, avec le laboratoire montpelliérain IES (Institut d'électronique et des systèmes). Ses étiquettes intelligentes, lues par ondes radio, améliorent la traçabilité des produits.

« Nous voulons ajouter des fonctionnalités à forte valeur ajoutée sur la traçabilité et le contrôle de l'environnement ou de stockage, précise Matthieu Picon, cofondateur de Tageos. Notre idée est de travailler sur un système de capteur passif apposé sur le produit lui-même. Il s'agirait d'un tag RFID passif capable de détecter par exemple si les valeurs requises de conservation d'un aliment sont bien respectées, afin que le packaging apporte des informations aux industriels et aux consommateurs. »

Indications de fraîcheur

L'étiquette RFID serait ainsi couplée avec un biocapteur à base de protéines végétales, déposé à sa surface et interagissant avec le produit pour donner des indications de fraîcheur.

« Le secteur agroalimentaire travaille sur l'utilisation du RFID, ajoute Matthieu Picon. Cette technologie permettra, tout comme sur des vêtements, d'avoir une meilleure gestion des stocks. Par ailleurs, les associations de consommateurs travaillent à renforcer le niveau d'information des consommateurs afin de mieux lutter contre le gaspillage alimentaire, et ces étiquettes dotées de biocapteurs pourront renseigner sur la fraîcheur d'un aliment et donc la possibilité de le consommer ou non. »

Si les emballages écoresponsables et intelligents issus du projet Glopack n'ont pas vocation à prédire l'état sanitaire des aliments dans l'objectif de se substituer aux dates limite de consommation, l'hypothèse n'est pas exclue dans un futur proche...

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.