L’IGP Pays d’Oc active ses outils de régulation du marché (diversement appréciés...)

Les vins de Pays d’Oc mettent en place deux outils de régulation du marché. Le négoce s’en félicite, les producteurs sont moins convaincus. Ils craignent notamment que la réserve génère des invendus pour des vins qui ne sont pas des vins de garde.
Le syndicat des vins de Pays d'Oc active des outils pour éviter des récoltes en dents de scie qui lui font perdre des parts de marché les années de faible production, et font chuter les prix les années plus généreuses.
Le syndicat des vins de Pays d'Oc active des outils pour éviter des récoltes en dents de scie qui lui font perdre des parts de marché les années de faible production, et font chuter les prix les années plus généreuses. (Crédits : Pays d'Oc IGP)

Chose promise, chose due : le dispositif de régulation du marché, baptisé le BIC pour Besoin Individuel de Commercialisation, et la réserve assurance climatique qui avaient été annoncés lors de l'assemblée générale 2022 du syndicat des vins de Pays d'Oc, sont désormais en place. Deux arrêtés ministériels du 9 janvier 2023 avalisent ces deux outils qui visent à réguler l'offre et la demande en IGP Oc et à constituer une réserve en prévision des aléas climatiques.

Désormais, entre le 15 août et le 15 septembre, tous les producteurs d'IGP Pays d'Oc seront informés par InterOc (l'interprofession de Pays d'Oc IGP) de leur plafond de volumes commercialisables par couleur de vin.

Un plafond de volume commercialisable chez les producteurs

Ce BIC correspond à la moyenne annuelle des volumes sortis des chais des trois meilleures campagnes sur une période de cinq ans. Les volumes produits au-delà de ce plafond alimentent la réserve Assurance climatique, à hauteur d'un volume maximal de 15% du BIC, ce pourcentage étant déterminé chaque année au plus tard le 10 décembre. Pour cette campagne, il est de 10% en rouge et blanc, et de 5% en rosé.

Les volumes mis en réserve sont bloqués jusqu'au 15 septembre, date à laquelle ils sont automatiquement libérés pour être remplacés par la réserve du millésime suivant. Ils pourront être libérés par anticipation à partir du 30 avril, suite à des demandes individuelles d'opérateurs ayant des marchés à fournir ou à titre collectif par décision d'InterOc en cas d'aléas climatique ou de croissance du marché.

« Cette réserve est à la fois un outil de régulation du marché pour écrêter les fluctuations de production et une assurance-récolte pour les producteurs, défend Jacques Gravegeal, le président du syndicat. Il faut à tout prix éviter ces récoltes en dents de scie qui nous font perdre les parts de marché les années de faible production, et font chuter les prix les années plus généreuses. »

Tracasserie administrative

Sur le terrain, ces nouvelles mesures sont accueillies sans grand enthousiasme par les directeurs et présidents de caves coopératives.

« Ce sont des mesures purement administratives, car dans l'absolu, il n'y aura pas de blocage puisqu'on peut demander des dérogations pour libérer les vins, observe Olivier Plut, le directeur de la coopérative de Puilacher. Par contre, cela va alourdir nos tâches administratives. On s'en serait bien passé. Cette réserve a un sens dans des régions comme Cognac ou la Champagne, sur des vins qui se conservent. Mais les IGP Oc sont des vins à rotation rapide. En blanc, en rosé et même en rouge, le négoce n'achète que les millésimes de l'année. En septembre, quand la réserve sera débloquée, ces vins seront invendables. »

Delphine Berruezzo, directrice de la cave de Bessan partage cette analyse : « On se bat pour vendre nos vins le plus rapidement possible et au meilleur prix. Cette mise en réserve nous complique la tâche. Je suis rassurée par le fait qu'on puisse demander des dérogations si on décroche des marchés au-delà de notre BIC, mais ce sera encore de la paperasserie supplémentaire. Heureusement, cette année je n'ai que 365 hectolitres de rosé qui seront bloqués dans cette réserve ».

Jean-Michel Sagnier, président de la coopérative de Saint Bauzille de la Sylve se demande comment il devra rémunérer les adhérents dont les vins sont mis en réserve : « Faudra-t-il avancer leur acompte ? Sur quelle base de prix ? On n'en sait rien puisque ces vins ne seront pas vendus ».

« Evitons de subir »

Côté négoce, en revanche, on se réjouit de ce dispositif, que soutien par exemple Gilles Gally, président du syndicat régional du négoce : « Le BIC et la réserve sont deux outils pour nous éviter de subir les aléas de production. On ne peut pas éternellement demander des aides suite au gel, et la distillation quand la récolte est excédentaire. En 2021, après le gel, on s'est arraché les blancs de l'ancien millésime. C'est bien la preuve qu'on peut faire durer un millésime au-delà de la campagne en cours. La réserve est un bon outil qui doit se mettre en place dans le cadre des contrats pluriannuels, après discussion entre les deux parties. Il faut évaluer ensemble les risques d'aléas climatiques ou sanitaires pour décider de cette mise en réserve qui permet au producteur de respecter ses engagements et au négociant d'alimenter ses marchés ».

Un sujet qui devrait animer les échanges production-négoce au cours de cette campagne.

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