Au MIPIM, Montpellier dévoile (en images) les quatre premières futures Folies architecturales

Avec ses Folies architecturales, Montpellier réaffirme son caractère de terre d'hospitalité pour l'architecture contemporaine. Une façon pour la ville de rayonner au national comme à l’international. La ville compte ainsi accueillir treize Folies architecturales dans les prochaines années. Les quatre premières (et non cinq comme prévu) ont été dévoilées par le maire Michaël Delafosse lors du MIPIM à Cannes, le 14 mars.
Cécile Chaigneau
La Sentinelle, l'une des futures Folies architecturales du XXIe siècle de Montpellier, conçue par l'architecte et urbaniste française Odile Decq.
La Sentinelle, l'une des futures Folies architecturales du XXIe siècle de Montpellier, conçue par l'architecte et urbaniste française Odile Decq. (Crédits : Odile Decq)

Des bâtiments totems que l'on voit de loin. Des gestes architecturaux inédits pour des immeubles qui interpellent et ravissent l'œil. Réaffirmant son goût pour l'architecture en général et l'architecture hors normes en particulier, la Ville de Montpellier s'est résolument réengagée dans une démarche au service du rayonnement de la capitale languedocienne en relançant les Folies architecturales.

Au XVIIIe siècle, les Folies montpelliéraines, maisons de villégiature au cœur de parcs paysagers en bordure de la cité, étaient l'expression d'une créativité architecturale bourgeoise. En écho, les Folies architecturales du XXIe siècle ont, quant à elles, été lancées en 2012, lors du mandat du maire Hélène Mandroux (PS), proposant d'ériger 12 Folies architecturales dans la ville. Seules deux ont été construites : la Folie divine (signée de l'architecte Farshid Moussavi) et l'Arbre blanc (signé des architectes Sou Fujimoto, Nicolas Laisné, Dimitri Roussel et Manal Rachdi), avant que l'initiative soit stoppée en 2014 par le maire Philippe Saurel. Jusqu'à ce que le maire élu en 2020, Michaël Delafosse, relance ce programme et promette 13 nouvelles Folies architecturales dans la ville.

Nourrir la candidature "Capitale européenne de la culture"

« Relancer les Folies, c'est inviter tous les architectes et promoteurs à venir s'exprimer à Montpellier, à fabriquer le patrimoine du XXIe siècle en dessinant des œuvres qui auront rendez-vous avec le temps, des œuvres d'art qui seront visibles de tous dans l'espace public, l'espace du commun, martèle Michaël Delafosse. Des œuvres qui cohabiteront avec celles de Ricardo Bofill, Paul Chemetov, Sou Fujimoto, Edouard Francois, Massimiliano Fuksas, Xavier Gonzales, Zaha Hadid, Farshid Moussavi, Jean Nouvel, Rudy Ricciotti, Carmen Santana, Philippe Starck et tant d'autres.... Relancer les Folies c'est renouer avec l'histoire de la ville tout en participant à l'invention de la ville de demain. Une ville qui doit rompre avec le modèle de l'étalement urbain et inventer une nouvelle forme de densité acceptable par tous. C'est laisser la place à une architecture débridée, libre, audacieuse : un enjeu en termes culturel, touristique et donc économique. »

Rappelons que Montpellier figure parmi les quatre finalistes au titre de Capitale européenne de la culture 2028 et que cette démarche en faveur d'une architecture « audacieuse » viendra enrichir sa candidature et ses chances de l'emporter...

« Ma conviction est que, à l'heure où nous sommes en phase finale pour être Capitale européenne de la culture, notre ville doit être indéfectiblement ouverte aux créateurs contemporains qu'ils soient artistes, architectes », confirme le maire de la ville.

Un jury présidé par Sou Fujimoto

Treize nouveaux sites, répartis dans toute la ville avec l'objectif de la rééquilibrer, ont ainsi été identifiés le long des lignes de tramway et de bustram, et un premier appel à candidatures pour cinq premières Folies avait été lancé en juillet 2022 sur cinq lieux. Sur ces cinq sites, 18 candidats ont présenté un projet.

En déplacement au MIPIM (Marché international des professionnels de l'immobilier) à Cannes, le maire de Montpellier a dévoilé, le 14 mars, les quatre premières Folies architecturales retenues par un jury présidé par Sou Fujimoto.

Parmi elles, La Sentinelle, conçue par le promoteur immobilier AEKO et l'architecte et urbaniste française Odile Decq (ODBC, Paris), qui avait été dévoilée en avant-première sur le salon de l'immobilier de Montpellier le 11 mars. Ce programme, dédié aux métiers des arts et artisans d'art, sera érigé sur l'îlot Vernière, en plein cœur de ville. Sorte de « mini-Folie » en raison de sa surface de seulement de 236 m² pour une hauteur maximum de 18 mètres (du R+2 au R+5), elle présentera des formes arrondies épousant la courbure du terrain. La Sentinelle comprendra un restaurant avec mezzanine, une galerie d'art, un magasin/atelier d'art, deux niveaux de coworking, et un rooftop de détente, avec bassin d'eau et végétation.

La Sentinelle, conçue par l'architecte et urbaniste française Odile Decq

La Sentinelle, conçue par l'architecte et urbaniste française Odile Decq.

Le projet Alma Terra est la 2nde Folies retenue sur l'emplacement Manuguerra (architectes : Manuelle Gautrand, Estebe/Cathala ; promoteurs : Pitch Immo et Promeo). Ses caractéristiques : un bouquet de cinq bâtiments articulés entre eux par des passerelles sociales et végétalisées reliant les logements à des espaces de vie partagés, des formes rondes pour éviter les vis-à-vis, des terrasses protégées du vent, de la pluie et du soleil. L'ensemble comprendra des potagers collaboratifs, une crèche, une école d'art pour les enfants, un atelier bricolage, une orangeraie, mais aussi un restaurant en rez-de-chaussée et un bar à cocktail 10e étage.

Le projet Alma Terra, dessinée par l'architecte Manuelle Gautrand

Le projet Alma Terra, dessinée par l'architecte Manuelle Gautrand.

En entrée du quartier Ovalie, le programme Oasis (architectes : Thomas Coldéfy et Isabelle Van Haute ; promoteur : Sogeprom-Pragma) inspiré des formes ondulantes du pin parasol, contrastera volontairement avec les formes cubiques du quartier. Son architecture organique tissera des liens aériens entre deux bâtiments, avec un jeu de corolles changeant de forme à chaque niveau, perceptibles depuis l'extérieur et l'intérieur.
Elle sera ouverte sur la vie du quartier grâce à trois guinguettes gourmandes dans le parc et un bar en rooftop (le Perchoir, du rugbyman François Trinh-Duc). Son rez-de-chaussée sera dédié aux industries culturelles et créatives (ICC) avec notamment des espaces de coworking.


L'immeuble Oasis, conçu par les architectes Thomas Coldéfy et Isabelle Van Haute

L'immeuble Oasis, conçu par les architectes Thomas Coldéfy et Isabelle Van Haute.

La Folie République (architecte : Ellen Van Loon ; promoteurs : Vinci - SOGEPROM-PRAGMA) a été baptisée Les Galets, donnant à voir une architecture ronde et verticalisée, une triple volumétrie aux gabarits inédits, une couleur unitaire, sur un socle ondulant. La façade sera habillée d'une maille gérant les apports solaires, avec création d'un jardin vertical, lien direct avec le parc et le quartier. La commande prévoyait un programme en majorité tertiaire hybride, pouvant inclure de l'hébergement nouvelle génération, de l'événementiel et des activités de services en rez-de-chaussée. Il comprendra des espaces facilement réversibles, un rooftop aux usages multiples, un restaurant ouvert au public en rooftop et un second rooftop dédié au sport pour les usagers du bâtiment.

La Folies Les Galets, conçue par l'architecte Ellen Van Loon

La Folies Les Galets, conçue par l'architecte Ellen Van Loon.

Mixité sociale

Enfin, concernant la 5e Folie qui était attendu ce 14 mars, « il a été décidé de relancer la consultation pour cette folie, les projets n'ayant pas été considérés comme suffisamment insérés dans le quartier », annonce la Ville de Montpellier, précisant que « cette folie s'inscrit à proximité de l'Ecusson et de la gare Saint-Roch qui est l'une des plus anciennes gares de France. Le dialogue entre cette Folie et le reste de la ville sera l'un des critères fondamentaux pour [sa] sélection ».

Alors qu'aujourd'hui, le logement est de plus en plus cher, ces nouvelles tours prestigieuses envoient-elles le bon signal ? Dans le cahier des charges de certaines Folies, Alma Terra et Oasis, la Ville impose une mixité sociale et donc du logement social.

Et en matière écologique et énergétique, « la période commande résolument qu'ils soient au rendez-vous du nouveau paradigme écologique : matériaux bio-sourcés, sobriété énergétique,... », a recommandé le maire de Montpellier.

Reste huit autres Folies : le concours d'architectes pourrait se terminer en mars 2024.

Les répercussions (mondiales) du phénomène « Arbre Blanc »

L'Arbre blanc, 17 étages et 113 appartements (vendus à des prix allant de 4.500 à 5.500 euros/m² à l'époque), a été inauguré en juin 2019. Depuis que la première esquisse de cet immeuble aux blanches ramifications, posé sur les rives du Lez à Montpellier, a fait sa première apparition dans la presse, cet atypique programme résidentiel est devenu un "véritable phénomène". Les échos se sont multipliés au niveau national mais aussi international, projetant la ville de Montpellier sous les feux de la rampe médiatiques.

En mars 2020, alors que le site spécialisé en architecture ArchDaily consacrait l'Arbre blanc dans la catégorie du plus bel immeuble résidentiel de son concours récompensant des œuvres architecturales du monde entier, le promoteur immobilier sétois Promeo (qui a porté le programme en co-promotion avec Evolis, Opalia et Crédit Agricole Languedoc Immobilier) avait comptabilisé les retombées presse générées par ce projet immobilier hors normes : un bon millier d'articles et reportages presse écrite, web ou télévision, en France mais aussi dans la presse internationale, comme le New York Times ou des journaux et magazines en Allemagne, Japon, Espagne, Russie, Italie, Angleterre...

Cécile Chaigneau

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